VIH : un traitement par injection tous les deux mois très bientôt disponible

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VIH : un traitement par injection tous les deux mois très bientôt disponible

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Bientôt une injection tous les deux mois pour une majorité de patients VIH éligibles au traitement
Bientôt une injection tous les deux mois pour une majorité de patients VIH éligibles au traitement
© Getty

Finis les comprimés chaque jour ! Dans les toutes prochaines semaines, les patients VIH éligibles et qui le souhaitent pourront bénéficier en France d'une injection intramusculaire tous les deux mois qui sera leur seul traitement. Une nouvelle avancée thérapeutique qui va considérablement alléger leur quotidien.

Ne plus penser à prendre ses comprimés chaque jour, et par là pouvoir oublier un peu qu'on est malade... C'est le rêve de tout patient chronique, et notamment des patients VIH, qui vivent avec le virus depuis des années et même parfois des dizaines d'années. Un rêve qu'ils peuvent désormais toucher du doigt puisqu'un traitement par injection tous les deux mois va donc être disponible dans les toutes prochaines semaines. Les études sont concluantes, le traitement a été autorisé par l'Union Européenne, et il n'attend plus en France que l'arbitrage financier de l'Assurance maladie pour être prescrit, et remboursé à 100% aux patients concernés.

De quoi s'agit-il ? Il s'agit en fait de la combinaison de deux antirétroviraux (cabotégravir, et rilpivirine). Au lieu de prendre des cachets quotidiens, ce sera une injection intramusculaire de chaque tous les deux mois. En gros, il s'agit donc d'une injection dans chaque fesse tous les deux mois (car on ne doit pas mélanger les deux produits). Les trois premières séances devront avoir lieu à l'hôpital, par la suite le patient ira chercher son traitement en officine et cela pourra se faire à domicile, avec une infirmière.

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Quelques conditions pour être éligible

Tout patient VIH n'y sera pas forcément éligible, il faut réunir quelques conditions que nous décrit le Professeur Jean-Michel Molina, chef du service d'infectiologie de l'hôpital Saint Louis à Paris: _"Le traitement ne s'adresse qu'aux patients qui sont bien contrôlés et depuis un certain temps, avec un traitement par voie orale, qui n'ont pas de mutation de résistance à ces médicaments__, pas de co-infection par le virus de l'hépatite B, et ça s'adresse aussi à certains sous-types de virus, donc il faut bien sélectionner les patients éligibles pour ne pas se retrouver en échec, mais ça va concerner beaucoup de malades car plus de 90% des patients VIH qui prennent bien leurs médicaments aujourd'hui sont bien contrôlés, c'est a dire avec une charge virale indétectable dans le plasma. Après, tous les patients n'ont voudront peut-être pas, mais on sait par exemple que des patients qui voyagent beaucoup par exemple vont être demandeurs car ça va grandement leur faciliter la vie, c'est une option en plus"._

Ca me simplifie la vie et ça me vide la tête des contraintes que je porte depuis 17 ans !"   
Martial, patient

En France, quelques centaines de patients ont pu déjà expérimenter cette révolution thérapeutique, dans le cadre d'essais cliniques. Des essais multiples qui ont montré l'efficacité de cette bithérapie injectable. Les résultats ont été publiés. Ils démontrent, avec un recul d'environ 2 ans, que le passage à cette solution injectable est tout aussi efficace que la prise de comprimés, avec un contrôle comparable sur la charge virale.

Ma vie de patient
2 min

Bientôt des injections tous les 6 mois, voire des implants ?

Martial, 61 ans, a été inclus dans les essais cliniques il y a un an, il est suivi à l'hôpital Lariboisière, à Paris. Il prend ces injections depuis près d'un an, et le vit très bien: "Au début, les premières injections ont été musculairement douloureuses, à tel point que je me suis demandé si j'allais continuer. Et puis, je n'y suis fait, ça ne me fait plus mal, et c'est vrai que ça me libère complètement. l'injection est rapide, et je n'ai pas d'effets secondaires particuliers"

En traitement depuis 2004, Martial a vécu la révolution de la prise en charge. Il y a 17 ans, il prenait plusieurs comprimés, à des heures bien précises, et sous des formes différentes, avec certains à dissoudre. _"__C'était parfois compliqué au travail, en famille, et ça prenait la tête, c'était contraignant,_ explique Martial. Après, on est passé à deux comprimés seulement, puis à un seul, ce qui était déjà formidable. Sauf qu'il fallait quand même être observant, chaque jour, ne jamais oublier ses pilules en voyage. Ce n'était pas une contrainte énorme, mais quand même, il fallait y penser chaque jour, 7 jours sur 7, 365 jours par an ! La, grâce à l'injection, je rentre chez moi le soir sans charge mentale, sans avoir à penser à ma pilule, ça simplifie la vie, tout simplement ! Même si la maladie est toujours là, ce que je n'oublie pas, ça vide la tête, je dois même dire qu'au départ ca m'a fait drôle de ne plus avoir mon cachet, ça me manquait presque !"

Et ce n'est qu'un début. "Sur le long terme, les patients ont du mal à être observants avec des cachets à prendre de façon quotidienne, et puis dans le VIH, ça peut être stigmatisant. Donc tout conduit, dans le VIH comme dans d'autres maladies chroniques, à développer ces traitements à longue durée d'action, qui permettent d'espacer les prises", explique le Professeur Molina. Des études sont en cours, d'ailleurs, pour évaluer cette fois l'efficacité d'une injection tous les six mois pour certains patients, et même d'implants, en prévention, d'abord, voire en traitement.

Références

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