Antisémitisme : un ancien militaire de l’ultradroite renvoyé en procès pour «entreprise individuelle terroriste»

L’homme, reconverti en agent de sécurité, diffusait des messages à caractère antisémite sur les réseaux sociaux.

Lors de perquisitions chez l'homme, trois armes à feu ont été retrouvées par les enquêteurs. (Illustration) AFP/Rick T. Wilking/Getty Images
Lors de perquisitions chez l'homme, trois armes à feu ont été retrouvées par les enquêteurs. (Illustration) AFP/Rick T. Wilking/Getty Images

    Ce solitaire introverti semblait prévoir des actes de violence antisémites. Un ancien militaire originaire de Haute-Vienne, soupçonné d’avoir diffusé des messages d’apologie du nazisme, acquis des armes et effectué des recherches sur des lieux de réunion de la communauté juive, est renvoyé en procès pour « entreprise individuelle terroriste », a appris mercredi l’AFP de source judiciaire.

    Aurélien C., 38 ans, reconverti comme agent de sécurité et amateur d’armes, avait été interpellé à Limoges en mai 2020 en raison du caractère de plus en plus violent de ses messages sur les réseaux sociaux. Il est depuis en détention provisoire.

    Le 26 novembre, trois juges d’instruction antiterroristes ont ordonné qu’il soit jugé devant le tribunal correctionnel de Paris, selon une source judiciaire.

    Selon l’accusation, Aurélien C., décrit comme solitaire et introverti par son employeur, a « progressivement nourri un projet criminel et s’est donné les moyens de parvenir à ses fins » à partir de mi-2018, notamment en s’entraînant au maniement des armes.

    Il croyait au « grand remplacement »

    Épousant les thèses d’ultradroite et antisémites, Aurélien C. promouvait le discours sur « le grand remplacement » et se présentait en adorateur de Brenton Tarrant, l’Australien suprémaciste blanc accusé d’avoir tué 51 personnes dans deux mosquées de Nouvelle-Zélande en mars 2019.

    Il avait effectué des recherches sur le Net sur des lieux de réunion de la communauté juive, à Limoges et ailleurs en France. Lors des perquisitions menées à son domicile, les enquêteurs ont notamment retrouvé trois armes à feu et des munitions.

    Il avait déjà été condamné, en mai 2019 à quatre mois de prison ferme pour des menaces à l’encontre de membres de l’association SOS Racisme Les potes en Limousin. Et quelques semaines plus tard, en appel, à quatre mois de prison avec sursis, cette fois pour acquisition et détention d’arme sans autorisation.

    Repéré pour ses messages sur Internet

    En 2018, il avait en effet acheté un pistolet automatique et un revolver et avait alors été repéré pour des messages sur Internet, appelant à en découdre dans le cadre des manifestations des Gilets jaunes à Paris. Sollicité par Le Parisien, son avocat, Me Pierre-François Feltesse, réagit : « Je conteste fermement tout projet d’action violente, a fortiori terroriste, de la part de mon client. »

    Un autre mis en cause, Joseph B., 68 ans, soupçonné de lui avoir vendu des armes, est renvoyé en procès pour des infractions à la législation sur les armes.



    Conseil de Joseph B., qui comparaîtra libre sous contrôle judiciaire, Me Alexandre Simon a indiqué à l’AFP que son client « n’avait pas conscience de la radicalité » d’Aurélien C., « ni de son éventuelle dangerosité ».

    Leur procès devrait se tenir à Paris, devant la 16e chambre correctionnelle, du 26 au 28 janvier. Le parquet national antiterroriste (PNAT) avait demandé début octobre un procès pour les deux hommes.