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10 % d'heures de cours perdues pour les collégiens et les lycéens du fait des absences des enseignants

Dans un rapport publié ce jeudi, la Cour des comptes chiffre à 4 milliards d'euros le coût des absences des enseignants. Les deux tiers sont liées à une mauvaise organisation de l'Education nationale, selon les magistrats. Qui préconisent d'imposer aux professeurs un forfait annuel obligatoire d'heures de remplacement.

En 2018-2019, les élèves des lycées généraux et technologiques ont perdu 10,7 % d'heures de cours, selon les magistrats.
En 2018-2019, les élèves des lycées généraux et technologiques ont perdu 10,7 % d'heures de cours, selon les magistrats. (ANDBZ/ABACA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 2 déc. 2021 à 07:00Mis à jour le 2 déc. 2021 à 15:36

La multiplication des absences d'enseignants est « de moins en moins tolérée par les parents d'élèves, voire par les élèves eux-mêmes », affirme la Cour des comptes dans un rapport publié ce jeudi. Au cours de l'année scolaire 2018-2019 - dernière année normale avant la crise sanitaire -, elle a comptabilisé 10,7 % d'heures de cours perdues dans les lycées généraux et technologiques, 9,8 % dans les lycées professionnels et 8,3 % dans les collèges. Dans certains cas, cette rupture d'égalité entre élèves conduit des parents à saisir le juge administratif.

Le problème se pose surtout dans les collèges et lycées pour les absences dites « de courte durée » (moins de 15 jours), qui représentent, à elles seules, près de 2,5 millions d'heures. Un cinquième seulement sont remplacées.

Dépense en pure perte

La Cour a chiffré le coût global des absences à 4 milliards d'euros, premier et second degrés confondus. Un chiffre bien supérieur à celui établi par le ministère de l'Education nationale, qui ne prend en compte que le surcoût des remplacements (2,7 milliards).

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Derrière ces 4 milliards, la Cour a comptabilisé aussi le manque à gagner d'une prestation payée et non effectuée. Elle évoque une dépense en pure perte, car l'enseignant est payé alors qu'il n'a pas effectué son cours et l'élève n'a pas le service.

Mauvaise organisation

Les magistrats pointent aussi une dégradation de la situation, avec, pour l'année scolaire 2018-2019, une hausse de 24 % en un an du nombre d'heures perdues. Ils rapprochent cette problématique des carences dans les résultats scolaires, sans pour autant stigmatiser les enseignants. Car, derrière les 2,5 millions d'heures d'absences de courte durée, près des deux tiers s'expliqueraient par une mauvaise organisation de l'Education nationale. La Cour suggère à l'Education nationale de mieux s'organiser pour programmer les formations , les participations aux jurys d'examen ou aux voyages scolaires.

Pourquoi ne pas programmer la formation d'un enseignant le jour où il n'a pas cours ? Ou, lorsqu'une formation réunit dix professeurs, recourir à des outils informatiques pour choisir le jour qui occasionne le moins d'heures perdues pour les élèves, suggèrent les auteurs du rapport. Ils invitent ainsi l'Education nationale à « piloter » la gestion des absences en mettant à niveau ses systèmes d'information.

L'absence d'information des recteurs

Car, aujourd'hui, « les recteurs ne connaissent pas l'ampleur des absences de courte durée dans chaque établissement de leur circonscription », déplorent les magistrats. Si les collégiens et lycéens ont ces données, c'est grâce à des logiciels privés, mais elles « ne sont pas récupérées au sein des bases de gestion nationales », précise le rapport.

En attendant, pour que les élèves perdent moins d'heures, ne faudrait-il pas renforcer le nombre de remplaçants ? Sur des durées de moins de quinze jours, la faible attractivité du métier d'enseignant est telle qu'il est préférable de laisser les chefs d'établissement trouver des solutions, estime la Cour.

Mais, les jugeant dépourvus de moyens, elle recommande d'imposer aux professeurs, dans leurs obligations de service, un forfait annuel d'heures de remplacement, ainsi qu'un renforcement des prérogatives des chefs d'établissement. Est-il raisonnable, en ces temps de tension sur les recrutements et les remplacements, de ne pas considérer que les obligations de service couvrent les obligations du temps de face-à-face dans la classe, interrogent les magistrats, recommandant, au passage, une annualisation du temps de travail des enseignants. L'idée rappelle la loi Fillon qui, en 2006, avait suscité un tollé en contraignant les enseignants à une obligation de remplacement, sans produire de résultats tangibles.

Des solutions numériques

Dans sa réponse à la Cour, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, évoque les solutions numériques, des élèves pouvant être encadrés par un assistant d'éducation pour suivre des cours en ligne.

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Ou encore les journées de formation qui, depuis 2019, peuvent être dispensées pendant les vacances scolaires, évitant aux élèves de perdre des heures de cours. A raison de 120 euros par jour pendant cinq jours par an, la Cour y voit toutefois un levier à utiliser marginalement, pour ne pas accroître la dépense publique.

À noter

10.900 journées de formation ont été effectuées durant les vacances scolaires au cours de l'année scolaire 2020-2021.

Marie-Christine Corbier

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