Harcèlement dans les transports : «Tout le monde, dès le plus jeune âge, doit connaître les bons réflexes»

Bénédicte Guitard, déléguée régionale à la sûreté dans les transports à Île-de-France Mobilités (IDFM), rappelle les mesures existantes pour lutter contre le harcèlement sexuel sur le réseau. Elle sensibilise les usagers pour agir contre ce fléau.

Ile-de-France Mobilités, la RATP et la SNCF multiplient les campagnes de prévention contre le harcèlement dans les transports. LP/G.P.
Ile-de-France Mobilités, la RATP et la SNCF multiplient les campagnes de prévention contre le harcèlement dans les transports. LP/G.P.

    À l’occasion la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes, la RATP, la SNCF et Île-de-France Mobilités (IDFM) se mobilisent. En plus de renforcer leur arsenal de mesures pour lutter contre l’insécurité sur leurs réseaux, ces instances multiplient les actions de prévention et incitent les usagers des transports à agir, lorsque c’est possible, et en toute sécurité, pour mettre fin aux agissements des harceleurs. Bénédicte Guitard, déléguée régionale à la sûreté dans les transports à Île-de-France Mobilités, présente les dispositifs existants et évoque les progrès qui pourraient être faits.

    Comment lutter contre le harcèlement dans les transports en commun ?

    BÉNÉDICTE GUITARD. Ce qui est important, c’est qu’une femme qui a subi un harcèlement sexuel dans les transports se reconnaisse victime, et soit reconnue comme telle par la société. Que l’on insiste sur le fait que ce n’est pas normal. C’est pour cela que nous avons mis en place une procédure pour les prendre en charge, nous les encourageons à porter plainte. Les agents de station de la SNCF et de la RATP sont formés pour accueillir et orienter les victimes. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi que tout le monde, dès le plus jeune âge, connaisse les bons réflexes pour agir comme il peut, quand il est témoin.

    Quels sont les réflexes à avoir sur le réseau en présence d’un harceleur ?

    En plus de la méthode des 5 D (distraire, déléguer, documenter, diriger ou dialoguer pour faire cesser les agissements du harceleur), on peut aussi appeler le 31 17 ou 31 177 par SMS. C’est un numéro d’alerte pour les transports franciliens. Les agents sont formés pour recevoir tous types d’appels, ils peuvent envoyer des patrouilles de sécurité.



    Mais cette méthode des 5D, ne consiste-t-elle pas à faire peser, un peu, la responsabilité de ces violences sur les usagers ?

    Non, pas du tout. La méthode des 5D est une sensibilisation. Île-de-France Mobilités a déjà renforcé la présence humaine dans les transports, avec 1 000 agents de sécurité de la Suge (SNCF), du GPSR (RATP) mais également des agents de sécurité privée. En septembre, Valérie Pécresse (la présidente d’Île-de-France Mobilités) a acté un effectif supplémentaire de 1 000 agents qui seront déployés sur la durée du mandat. En parallèle, nous interpellons régulièrement l’État pour qu’il ramène le nombre de policiers de la sous-direction des transports à son niveau de 2012, soit 1 350. Le réseau compte également 80 000 caméras. Sans oublier les marches exploratoires, l’arrêt à la demande dans les bus, etc. Mais nous sommes aussi pragmatiques. Tout cela est complémentaire. Et les usagers sont un échelon supplémentaire même s’ils doivent bien faire attention à ne pas se mettre eux-mêmes en danger.

    Est-ce que les violences baissent sur votre réseau ?

    On observe que les faits de délinquance de toute catégorie ont baissé sur les premiers mois de 2021, par rapport à 2019. Mais je reste extrêmement prudente. L’année 2020 a été particulière et de toute façon, ce ne sont pas des chiffres qui vont résoudre la question du harcèlement des femmes dans les transports. Ça ne doit pas exister et le monde, homme et femme, doit être mobilisé pour cela.