Niels Julien-Saint-Amand, fondateur des Boutiques de mon village.
©DR/Boutiques de mon village
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Circuits courts : des distributeurs de produits locaux dans les gares franciliennes

Si la demande pour les produits locaux continue d’augmenter en France, les moyens d’y accéder restent encore limités. ID a rencontré Niels Julien-Saint-Amand, fondateur des "Boutiques de mon village", qui a mis en place des distributeurs de produits frais dans des gares franciliennes.

Depuis la crise du Covid-19, la demande de produits issus de circuits courts ne cesse d’augmenter chez les Français. Toutefois, les moyens d’y accéder restent encore limités en termes de potentiel. Fondateur des Boutiques de mon village, Niels Julien-Saint-Amand a eu l'idée de proposer aux utilisateurs des gares des produits locaux et frais dans des distributeurs automatiques. Entretien.

En quoi consistent les "Boutiques de mon village" ?

L’objectif principal de notre démarche, c'est de resserrer les liens entre les ruralités et les territoires urbains. En pratique, cela prend la forme de distributeurs dans lesquels nous proposons des produits venant de producteurs locaux. Personnellement, je travaille avec des producteurs qui sont basés dans les Yvelines, ou dans la Beauce en Eure-et-Loire. Le principe ? Proposer aux clients des produits qualitatifs issus du circuit court pour lesquels ils vont savoir exactement où ils ont été produits, et par quel producteur.

En quoi vos produits sont-ils plus vertueux que dans un supermarché ?

La différence principale, c'est qu'il n'y a pas de pression sur la marge des producteurs. Le prix auquel les producteurs sont rémunérés est beaucoup plus juste, et cela s’explique par le fait qu'il y a beaucoup moins d'intermédiaires à rémunérer.

Cela permet aux producteurs de petites et moyennes exploitations - qui ont plus de difficultés à intégrer les circuits des grandes enseignes, de proposer leurs produits de manière plus simple, sans être obligés de faire de la vente directe. A titre d'exemple, je travaille avec un producteur bio dans la Beauce qui dispose d'une petite exploitation et qui ne travaille qu’en circuit-court. 

Concrètement, vous proposez de vendre leurs produits dans des distributeurs de gares ?

Tout à fait. Nous avons quatre distributeurs dans plusieurs gares de l'est parisien. Nous avons mis cela en place en collaboration avec la SNCF, qui est très mobilisée sur sur ce sujet. Actuellement, nous avons un distributeur à Ermont-Eaubonne dans le Val d’Oise, deux dans les Yvelines à Andrésy et Vernouillet-Verneuil, et le quatrième à Vaucresson dans les Hauts-de-Seine.

L'intérêt du distributeur, c'est qu’on peut y accéder en permanence."

Les clients peuvent venir se servir comme dans un distributeur classique. Si les produits leur plaisent, nous leur proposons également des assortiments en panier, qui sont généralement composés de fruits et légumes, mais également d'autres produits fermiers comme des œufs, ou parfois des rillettes ou des terrines.

Un distributeur à la gare de Ermont-Eaubonne.
©DR/Boutiques de mon village

Pourquoi vous êtes-vous dit que les gens voudraient acheter des produits fermiers dans vos distributeurs une fois arrivés en gare ?

Nous nous sommes questionnés sur l’accessibilité des produits locaux. Il y a de plus en plus d'initiatives qui se mettent en place, mais il manque régulièrement le côté pratique. Pour prendre l’exemple des AMAPs, il y a les contraintes horaires. L'intérêt du distributeur, c'est qu’on peut y accéder en permanence.

Une gare est aussi un lieu de vie très central, à la fois socialement et géographiquement pour la population francilienne. Ce sont des endroits auxquels on a facilement accès, que l’on utilise le train ou non.

Et est-ce que ça fonctionne ?

Les trois distributeurs les plus récents ont été installés en juillet, donc nous n’avons pas encore de recul, mais nous avons cependant constaté que depuis la rentrée il y a une croissance régulière, ce qui montre l’intérêt des consommateurs pour cette démarche.

Vous parliez également de paniers, comment fonctionnent-ils ?

Chaque distributeur dispose d’environ quarante casiers dans lesquels les produits sont placés. Généralement, les paniers font moins de 10 euros. Durant une semaine, il y aura des assortiments de fruits avec des pommes et des poires, et une autre semaine où les paniers auront des assortiments de légumes avec des carottes, des poireaux et des haricots verts. Le client a juste à regarder ce qui lui plait et repartir avec son panier constitué.

Comment est-ce que vous vous positionnez au niveau des prix ? Quels sont vos retours d’expérience à la fois chez les producteurs et les consommateurs ?

Nous sommes sur une gamme de prix assez raisonnable, qui va être proche de ce que vous pouvez trouver sur les marchés. Pour les producteurs, cela ouvre des débouchés supplémentaires pour vendre leurs produits. Nous travaillons avec de plus en plus de producteurs franciliens et de la Beauce. Du côté des consommateurs, les retours sont également très positifs dans leur majorité. Cela leur permet d’avoir un accès simplifié à tous ces produits.

Ce qui est intéressant, c’est que selon les profils de gare, les types de clients sont assez différents. Dans une gare comme Andrésy, qui est très intégrée dans la ville, une bonne moitié des gens viennent se servir au distributeur alors qu’ils ne sont pas des usagers du train. À l’inverse, dans celle d’Ermont-Eaubonne, qui est une gare de transit, la majorité de nos consommateurs sont des usagers du train. C’est tout l’intérêt de cette phase pilote que nous menons avec la SNCF, de pouvoir établir des profils de gares qui ont le plus besoin d’un accès à des produits locaux.

Qu’en est-il au niveau du gaspillage ? Est-ce que vous avez beaucoup de stocks qui s’accumulent ?

Étant donné que nous sommes dans une phase de lancement, il y a des distributeurs qui partent plus lentement que d’autres, et donc on peut se retrouver avec un certain nombre de produits sur les bras. Mais nous avons établi plusieurs réseaux anti-gaspillage sur ma commune pour y remédier, comme avec l’application Too Good to Go, qui permet de faire en sorte que les produits qui n'ont pas été vendus servent quand même. Je travaille également avec une association locale qui a mis en place une banque alimentaire. Une partie de nos invendus leur est remis.
 

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici

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