La Loge de Renoir : focus sur un chef-d’oeuvre

La Loge de Renoir : focus sur un chef-d’oeuvre
Pierre-Auguste Renoir, La Loge (détail), 1874, huile sur toile, 80 x 63,5 cm, Galerie Courtauld, Londres ©The Samuel Courtauld Trust

Parmi les trésors de l'impressionnisme et du postimpressionnisme de la Collection Courtauld, il en est un qui séduit immédiatement le regard par le frémissement de sa matière : « La Loge », une huile toile exécutée par Pierre-Auguste Renoir en 1874.

C’est l’un des tableaux historiques de l’impressionnisme, présenté dans la célèbre exposition parisienne de 1874 qui donna son nom au mouvement. En novembre de la même année, la toile fut présentée au public londonien par Paul Durand-Ruel mais ne trouva pas preneur.

Élégance au balcon

Quel magnifique double-portrait, pourtant, qui représente une élégante (peut-être une cocotte ?) et un homme, tous deux installés dans une loge de théâtre. Ce divertissement était très à la mode dans la seconde moitié du XIXe siècle, et offrait une occasion au beau monde de se montrer et de se rencontrer. Pour réaliser cette scène, Renoir a fait poser son frère, Edmond, et Nini (parfois cruellement surnommée Gueule-de-Raie) : un modèle montmartrois que le peintre affectionnera. C’est la première fois qu’elle apparaît dans l’un de ses tableaux. Le point de vue adopté est purement fantaisiste car le spectateur se trouve comme de plain-pied avec la loge, pourtant en hauteur puisqu’il s’agit d’un balcon (le bord de la balustrade est bien visible au premier plan).

Pierre-Auguste Renoir, La Loge, 1874, huile sur toile, 80 x 63,5 cm, Galerie Courtauld, Londres ©The Samuel Courtauld Trust

Un manège social

Le peintre joue aussi des oppositions entre les deux personnages : la jeune femme, très jolie et élégamment vêtue d’une robe blanche à rayures noires, pose pour être admirée. C’est elle l’objet de tous les regards, au cœur de l’attention de la société du théâtre. Son compagnon, quant à lui, a porté ses jumelles au visage car il doit être occupé à observer d’autres élégantes dans l’assistance ou les danseuses sur scène. Hypocrisie des mœurs ? Renoir semble se moquer de ce manège social. L’impressionniste, en tout cas, témoigne qu’il est un très grand portraitiste, inscrit dans la tradition des peintres du XVIIIe siècle français qu’il admirait. Tout dans le teint et le vêtement apparaît évanescent et subtil, comme les roses que la jeune femme porte dans les cheveux et au corsage. Cette œuvre fut acquise par Samuel Courtauld en 1925 pour un prix considérable pour l’époque (vingt-deux mille six cents livres). Elle est depuis l’une des pièces majeures de la collection.

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