Confinements, télétravail... le Covid a renforcé la solitude des Français, surtout des plus jeunes

par Maëlane LOAËC
Publié le 6 décembre 2021 à 16h23

Source : TF1 Info

ISOLEMENT - Un Français sur quatre n'a plus aucun lien avec son entourage, et 33% des 15-30 ans disent souffrir de solitude, révèle une étude de la Fondation de France. Ce sentiment d'isolement a bondi en une année seulement, à cause des restrictions sanitaires.

Limitations de déplacements, enfermement, fermeture de lieux publics, distanciation sociale… L’épidémie de Covid-19 a réduit drastiquement le réseau de sociabilité de nombreux Français, en particulier des plus jeunes, très vulnérables au cours de cette période. 

C'est ce que révèle le baromètre des Solitudes 2021, réalisé par le Crédoc pour la Fondation de France : en janvier 2021, un Français sur quatre était toujours complètement isolé, sans aucun lien avec son entourage ou alors de façon très épisodique, soit 10 points de plus qu’un an auparavant. De plus, 30% des sondés déclarent ne plus avoir qu’un seul réseau de sociabilité, soit 8 points de plus que l’an passé.

"Les confinements successifs et toutes les fermetures ont conduit les gens qui étaient en situation de fragilité relationnelle, c'est-à-dire des gens qui n'avaient plus qu'un ou deux réseaux, mais dans lesquels les liens étaient assez ténus, à être brutalement coupés de toute relation sociale : ils ont donc plongé véritablement dans l'isolement", analyse la directrice générale de la Fondation de France, Axelle Davezac, sur franceinfo.

 

Les plus jeunes sont les premiers à souffrir de cet isolement, alors que c’est pourtant au cours de la jeunesse que la vie sociale se construit et que la sociabilité est la plus intense, à cause de la fermeture de lieux ou d’évènements où nombre d’entre eux se retrouvaient et se rencontraient, note l’étude : bars, concerts, festivals...

Plus d'un jeune sur deux se sent abandonné ou inutile

Ainsi, 33% des 15-30 ans disent ressentir un sentiment de solitude, contre 14% chez leurs aînés de 60 ans et plus. Un ressenti en hausse de 5 points en un an, alors que dans l’ensemble de la population, il est resté stable, autour de 21%. Et plus d’un jeune sur deux (54%) a un sentiment d’abandon, d’exclusion ou d’inutilité, alors que cette moyenne chute à 35% à l’échelle de la population générale. 

"L'isolement touchait plutôt les personnes âgées et les personnes en situation de fragilité, mais moins les jeunes dans notre pays, explique Axelle Davezac sur franceinfo. Mais cette année, l'isolement des jeunes a explosé (...). Ça a créé chez eux une bascule extrêmement forte, une perte de confiance et des dégâts psychologiques assez considérables."

Tout au long de l’année 2020, 21% des jeunes se sont dits en situation d’isolement, et seuls 46% d’entre eux ont conservé des contacts réguliers avec leurs proches, leur famille ou leurs amis. Seuls les contacts de voisinage se sont intensifiés. 

Ce cercle très resserré est d’autant plus inquiétant que "la famille et les amis constituent les deux principaux réseaux de soutien en cas de coups durs", note la synthèse de l’étude, qui ajoute que moins on partage de temps avec ses proches, moins on a le sentiment de pouvoir compter sur eux en cas de problèmes. L’enquête note aussi que la sociabilisation permet d’aller à la rencontre de l’autre, et constitue "un rempart contre la stigmatisation et la polarisation des idées"

Par ailleurs, les difficultés se cumulent souvent : les jeunes les plus isolés sont aussi ceux qui ont le plus souffert au cours de la crise sanitaire, sur le plan financier, de l’emploi ou du logement, notamment à cause de la crise économique qui a provoqué des pertes d’emploi. 

Les étudiants, dont plus d'un quart déclare que la qualité de leurs relations avec leur entourage s’est détériorée au cours de la période, ont aussi mal vécu les cours en distanciel pour la plupart d'entre eux, avec des risques de décrochage scolaire multipliés. 

Quant aux outils numériques, si les ménages ont investi dans les échanges par écran interposé, ceux-ci ne constituent qu’un pis-aller qui ne remplacent les contacts en face-à-face au mieux temporairement, au pire pas du tout. "La numérisation des liens sociaux est, en outre, venue ajouter une barrière supplémentaire au lien social pour une partie des isolés, moins attirés par les nouvelles technologies", ajoute l’étude.


Maëlane LOAËC

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