La Russie redessine aussi ses frontières à l'est
+VIDEO En plein bras de fer avec les occidentaux sur le dossier ukrainien, Vladimir Poutine continue d’étendre les frontières de la Russie. Notamment en Arctique où la Russie s'apprête à intégrer officiellement 52.000 kilomètres carrés de territoire supplémentaire.
Par Claude Fouquet
C’est l'autre « nouvelle frontière » de la Russie. A l’opposé de l’Europe et du conflit qui se déroule actuellement en Ukraine, Moscou a engagé dans la région de l’Arctique une vaste politique d’extension de son influence. Dernier épisode en date de cette politique, Vladimir Poutine vient en effet de demander au gouvernement de Dimitri Medvedev de préparer pour le 21 juillet prochain des propositions, afin d’officialiser l’extension du territoire russe sur le plateau continental dans le nord et l’est de la mer Okhotsk (située entre la péninsule du Kamtchaka et les îles des Kouriles).
Et avant mars 2015, le ministère russe des Affaires étrangères communiquera au Secrétaire général de l’ONU les cartes et données détaillant la nouvelle frontière de la Russie sur le plateau continental arctique.
Car c’est l’ONU qui, en mars 2014, a officiellement attribué à la Russie cette partie du globe après que la Moscou ait argué que le plateau continental russe s’étendait bien en dessous de la surface de la mer. Permettant ainsi à la Russie de gagner quelque 52.000 kilomètres carrés, première étape selon Moscou avant une requête plus globale visant à faire reconnaître le droit exclusif de la Russie sur le plateau continental arctique.
Un quart des ressources d'hydrocarbures non découvertes de la planète
Pour l’heure, les visées expansionnistes de la Russie sur cette partie du globe se heurtent à l’hostilité des pays voisins, et notamment du Japon et du Canada. Il est vrai que la région est particulièrement riche en ressources naturelles.Selon la US Energy Information Administration, la zone arctique représenterait 22% des ressources pétrolières mondiales non découvertes et 78 % de celles de gaz naturel.
De même, 95% des réserves de gaz naturel de la Russie ainsi que 60% de ses réserves pétrolières se trouveraient en offshore dans la même zone. Des milliards de mètres cubes de gaz potentiellement disponibles et plusieurs dizaines de gisements d’hydrocarbures ont été récemment découverts sur le plateau continental russe en Arctique. Selon des estimations préliminaires, le volume annuel d’extraction des hydrocarbures dans le seul bassin de la baie Baïdaratskaïa pourrait atteindre 16 milliards de mètres cubes de gaz.
Une zone stratégique prioritaire pour Moscou
Depuis quelques années, Moscou a, de fait, multiplié les efforts de modernisation des principaux ports de cette partie du monde et Vladimir Poutine ne cache pas que le passage du Nord-Est est devenu une zone stratégique prioritaire pour le pays.
Pour Moscou, il s’agit d’un « véritable combat », pour reprendre les mots prononcés fin 2013 par le vice-Premier ministre russe, Dimitri Rogozine. « Cette tâche n’est pas économique, mais politique et géopolitique. C’est une question de sécurité nationale pour notre pays », expliquait-il alors.
Multiplication des démonstrations militaires
La Russie multiplie de fait les déclarations et démonstrations de force. Et en mars dernier, Moscou n’a pas écarté la possibilité d’augmenter ses capacités de dissuasion nucléaire et conventionnelle dans la région. Début mars, dans le cadre d’un exercice militaire de grande ampleur, la 98e division de la Garde s’est déployée sur l’île de Kotelny, située en plein dans le passage du Nord-Est. Durant cet exercice, 350 parachutistes ont été largués sur l’île pour simuler une attaque sur l’aérodrome de Temp, une base militaire datant de la guerre froide et qui, après 27 ans d'inactivité, a été rouverte en octobre 2013. Au total près de 3.500 parachutistes qui ont été largués dans la région en quelques jours.
VIDEO - La réouverture de l'aéroport deTemp (en russe) :
Beaucoup plus symboliquement, début avril, Moscou a annoncé avoir réalisé le premier parachutage militaire sur de la banquise dérivante dans l’océan glacial Arctique, non loin du Pôle nord. Une cinquantaine d’hommes et du matériel ont ainsi été largués près de la station polaire dérivante russe Barnéo.
Le canada boycotte une réunion du Conseil de l'Arctique à cause de la situation en Ukraine
Le Canada a boycotté la réunion du Conseil de l'Arctique tenue lundi et mardi à Moscou en raison de la situation en Ukraine. « En raison de l'occupation illégale de l'Ukraine par la Russie et de la provocation incessante (Ndlr : de la Russie) en Crimée et ailleurs, le Canada refuse de participer à la réunion du groupe de travail de cette semaine à Moscou », a expliqué Leona Aglukkaq, qui représente le Canada au Conseil.Créé en 1996, le Conseil de l'Arctique rassemble les Etats riverains de l'Arctique (Canada, Danemark, Etats-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Russie et Suède).