Les origines et Liverpool : épisode • 1/5 du podcast The Beatles, une alchimie pop

The Beatles au Cavern Club ©Getty - Michael Ochs Archives
The Beatles au Cavern Club ©Getty - Michael Ochs Archives
The Beatles au Cavern Club ©Getty - Michael Ochs Archives
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A l'origine de l'aventure : Liverpool bien sûr, une gouaille certaine et l'envie de dépoussiérer la vieille Angleterre.

Premier épisode de cette série consacrée aux Beatles, le groupe mythique venu du Nord de l’Angleterre. Virginie Bloch-Lainé revient sur l’ascension fulgurante des « quatre garçons dans le vent » et des raisons du succès de « l’alchimie pop » qu’il y avait entre eux.

La ville du Nord de l’Angleterre n’est pas seulement sinistre et pauvre : ancien grand port des liaisons transatlantiques, elle conserve l’héritage de cette splendeur décatie. Particulièrement ouverte, donc, sur l’Amérique du Nord et sa musique. Les quatre garçons ont entre treize et quinze ans lorsqu’ils se rencontrent. Ils sont imprégnés de la culture britannique populaire : la musique, que l’on joue et que l’on écoute tout le temps – surtout la musique de fanfare et la pratique du chant choral, l’humour gouailleur, et une familiarité avec le nonsense  de Lewis Carroll. En faisant mijoter ces ingrédients locaux, ils remportent un succès universel.

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Rencontre et débuts à Liverpool

Dans cet épisode, retour d’abord sur Liverpool, ville pauvre du Nord de l’Angleterre dans laquelle les Beatles se rencontrent. A l’époque, la ville est pauvre et sinistrée. 

C’est une ville qui a une noirceur bien à elle, une force aussi. Un humour et une conscience toute personnelle. La violence vous prend immédiatement à la gorge. Les clubs sont petits, moites et minables. Les gosses ne sortent jamais seuls, sous peine de se faire agresser par des bandes. C’est l’Amérique en Angleterre : une soirée passée dehors se termine presque immanquablement par un coup de poing dans la gueule. Nik Cohn, écrivain et critique musical, à propos de Liverpool.

Il est aussi question de rappeler l’ouverture unique de la ville : grâce à son port, c’est une ville poreuse aux musiques venues d’ailleurs et en particulier à la musique noire américaine. Plus qu’à Londres, la scène musicale y est très fertile.

Ce qu’écoutent les Beatles adolescents, c’est le skiffle, un mélange de Jazz, de Blues et de Country fabriqué avec les moyens du bord : harmonica, washboard, manche à balais et caisse en bois en guise de basse. (...) Les chanteurs qu’ils aiment et qu’ils admirent : Little Richards, Frank Sinatra, Elvis Presley mais aussi Buddy Holly, Eddy Cochrane, Fats Domino, Chuck Berry.  Virginie Bloch-Lainé.

Issus d’un milieu populaire, les Beatles revendiquent les codes de leur milieu.

Pour illustrer cette idée, on entend Lennon dire : "Nous étions les premiers musiciens issus de la classe ouvrière qui ont conservé et prononcé l’accent de notre classe d’origine. Nous n’avons jamais tenté de camoufler cet accent". Devenus riches, les Beatles achèteront de belles et grandes maisons à Londres. Cependant, ils restent de très mauvais gestionnaires, ce qui fera dire à un financier anglais : "En tant qu’hommes d’affaires, les Beatles sont d’excellents musiciens".

Comme l’explique Virginie Bloch-Lainé, leur succès universel, les Beatles le rencontrent avec un concentré d’ingrédients typiquement britanniques : 

Une bonne culture musicale, la gouaille d’une classe populaire qui n’a pas froid aux yeux et cet humour absurde qu’est le nonsense, une des déclinaisons ce que nous appelons en France "l’humour anglais".

Cet épisode est également l’occasion de raconter la rencontre entre les quatre garçons. Paul et John se rencontrent en juillet 1957 à l’occasion de la fête paroissiale d’une ville voisine de Liverpool. John est déjà à la tête d’un groupe de skiffle et joue sur scène une musique qui parle à Paul : la connexion est faite entre les deux garçons. C’est grâce à Paul que John rencontre George qui est très doué en solo de guitare. Ringo rejoindra la bande à l’occasion de leur premier enregistrement chez EMI en 1962.

Le nom Beatles est trouvé par Stuart, un ami de John Lennon. Ils sont ensemble dans une école d’art, refuge des cancres et des élèves rebelles de l’époque. Keith Richards dira "les écoles d’art forment de bons guitaristes". Ces écoles mixtes sont de viviers de jeunes talents qui y exercent leur créativité.

La parenthèse à Hambourg : un tournant formateur

Le tournant du début des Beatles, c’est l’été 1960 : ils se rendent à Hambourg et ils y rodent leur trio musical en se produisant dans différents clubs mal famés de la ville. Ils y vivent une expérience forte, ponctuée de concerts intenses, mais également de beuveries ainsi que de bagarres. Les Beatles doivent souvent se réfugier derrière le piano pour ne pas prendre de coups. "Partis à Hambourg à l’état de vieille guimbarde, les Beatles rentrent à Liverpool à l’état de Rolls Royce",résumera un musicien de Liverpool.

C’est Brian Epstein, gérant d’un magasin de disques, qui repère les Beatles en les voyant jouer au Cavern Club à Liverpool. Il comprend qu’ils sont doués et s’improvise alors manager d’un groupe de rock. Il a quelques contacts dans les grands labels et il sait les utiliser. Le premier titre enregistré chez EMI avec George Martin est Love Me Do. "L’attaque venue du Nord", comme l’appelle Keith Richards, se répand à travers le pays. Leur deuxième single est Please please me qui sort en 1963 : c’est leur premier titre à se hisser à la première place. 

C’est le début de la Beatlemania : évanouissements, crises de larmes et hystérie. En concert, ils ne s’entendent pas jouer, et les spectateurs non plus. La Beatlemania touche très vite les Etats-Unis. Un concert à New York en 1965 rassemblant 56 000 spectateurs déclenche l’hystérie générale.

L’émission le rappelle : le succès est tel qu’ils deviennent aussi un enjeu de propagande lors des élections de 1964. Lorsque le groupe est décoré par la Reine, conservateurs, libéraux et travaillistes veulent récupérer le phénomène Beatles. Les journaux de l’époque parlent de "La bataille des Beatles". 

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