Le cinéma en novembre, sale temps pour les salles

Le public retrouvera-t-il le chemin des salles et son abondante programmation de décembre ? La fréquentation des cinémas a chuté de 29 % en novembre comparé au même mois en 2019. Une fin d’année entre inquiétude et espoir.

Le cinéma CGR de Lyon Brignais.

Le cinéma CGR de Lyon Brignais. Photo Antoine Merlet / Hans Lucas

Par Dialla Konaté

Publié le 08 décembre 2021 à 17h55

Des sièges plus vides qu’il y a deux ans quand on commençait à entendre parler d’un nouveau virus apparu en Chine. Un public au comportement de plus en plus volatil. La cinquième vague qui déferle… Les exploitants de salles de cinéma ont quelques raisons d’être inquiets et ils ne trouveront pas beaucoup de réconfort dans les dernières estimations du CNC sur la fréquentation des cinémas en novembre.

Malgré un mois prolifique sur le plan de la programmation, cinquante-quatre nouveaux films sortis sur les écrans, les salles de cinéma sont loin d’avoir retrouvé leur niveau de fréquentation d’avant la crise sanitaire. La baisse en novembre, par rapport à novembre 2019, est de 29 %. C’est beaucoup, même si en lot de consolation, ce mois de novembre 2021 s’est imposé comme le meilleur depuis le début de la pandémie, avec un total de 14,5 millions d’entrées. Dans ce contexte, trois films tirent le box-office : le dernier Marvel, Les Éternels, avec 1,5 million d’entrées ; suivi par deux films français : Aline, 1,1 million d’entrées et Les Bodin’s en Thaïlande, 900 000 entrées.

Payer un test…

Ce sont sans doute les exploitants de salles d’art et d’essai qui déchantent le plus. Même le film L’Événement, pourtant Lion d’or à la dernière Mostra de Venise, n’a pas réussi à approcher les 100 000 entrées la première semaine de sa sortie. Entre les non-vaccinés qui ne sont pas prêts à payer un test pour aller voir un film, les vaccinés qui craignent de s’y contaminer, et ceux qui ont tout simplement perdu l’habitude d’aller au cinéma, les défections s’accumulent.

« Les gens ont mille et une raisons de rester à la maison », reconnaît Éric Gouzannet, à la tête du cinéma l’Arvor à Rennes, qui constate aussi l’absence de nombreux spectateurs pourtant abonnés. Idem pour le directeur de l’ABC de Toulouse, Marc Van Maele, confronté à une baisse de fréquentation de 40 % en novembre, après celle de 30 % en octobre. À cette baisse du nombre de spectateurs s’ajoute un recul du nombre de films en salles. « On note un écart grandissant entre les grosses productions et les films d’art et essai », constate François Aymé, président de l’Association française des cinémas d’art et d’essai. En 2019, les films d’art et d’essai représentaient entre 20 et 25 % des entrées, contre 15 % actuellement, niveau le plus bas depuis de nombreuses années.

Ballon d’oxygène

Dernier rempart face à cette diminution des entrées : les cinéphiles en herbe. Le maintien des sorties scolaires a permis de limiter la baisse de la fréquentation à « seulement » moins 15 %, assure Faruk Günaltay, directeur du cinéma L’Odyssée à Strasbourg. Les écoliers rennais remplissent également les salles de l’Arvor à Rennes. « Certains matins, elles sont pleines grâce aux dispositifs scolaires d’éducation à l’image », se réjouit Éric Gouzannet. Un ballon d’oxygène qui risque de s’essouffler : le récent renforcement du protocole sanitaire dans les écoles primaires, annoncé à la suite du Conseil de défense sanitaire du 6 décembre, pourrait fortement réduire le nombre de sorties scolaires. Les exploitants n’ont plus qu’à espérer —avec l’abondante programmation de décembre qui débute aujourd’hui avec West Side Story, de Spielberg et Les Tuche 4 — le public familial au rendez-vous.

Cher lecteur, chère lectrice, Nous travaillons sur une nouvelle interface de commentaires afin de vous offrir le plus grand confort pour dialoguer. Merci de votre patience.

Le magazine en format numérique

Lire le magazine

Les plus lus