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Un produit alimentaire sur huit est contaminé par des hydrocarbures aromatiques, selon Foodwatch

Produits épinglés par l'étude de Foodwatch

Produits épinglés par l'étude de Foodwatch - foodwatch

L'association de défense des consommateurs publie les résultats de nouveaux tests menés par deux laboratoires accrédités sur 152 produits de grande consommation.

Nouvelle polémique en vue pour l'alimentaire industriel européen? Selon les conclusions de l'association Foodwatch, un produit alimentaire sur huit (12,5%) serait en effet contaminé par des hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales "dangereux pour la santé mais invisibles à l’œil nu".

L'association de défense des consommateurs s'appuie sur les résultats de nouveaux tests menés par deux laboratoires accrédités sur 152 produits de grande consommation. C'est la troisième enquête de ce type qui est menée depuis 2015.

Parmi les produits testés et achetés en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche et en Belgique, "19 sont contaminés par les redoutés MOAH (hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales), la catégorie la plus toxique de ces dérivés de pétrole, potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens", peut-on lire dans un communiqué.

Les cubes de bouillon Knorr, le Nutella épinglés

"On retrouve notamment dans les cinq pays des cubes bouillon Knorr à des niveaux de contamination très inquiétants", poursuit l'association. Précisément, le produit contiendrait 44 mg/kg de MOAH alors que la seuil fixé par la Commission européenne est de 1 mg/kg.

D'autres produits sont aussi épinglés. Pour la France, sont ainsi cités:

  • les cubes Knorr/Puget aux herbes et à l’huile d’olive: 40 mg/kg de MOAH
  • les cubes de bouillon légumes sans sel Jardin Bio Etic de Léa Nature: 5 mg/kg
  • les cubes de bouillon de bœuf déshydraté de la marque Pouce d’Auchan: 2 mg/kg
  • Fruit d’Or Oméga 3: 1 mg/kg

En Allemagne, Autriche, Belgique et aux Pays-Bas des cubes de bouillon Knorr "sont également contaminés à des taux élevés". D’autres produits tels que des céréales Quaker au chocolat aux Pays-Bas, Nutella en Allemagne, de la pâte à tartiner Delhaize bio ou de la pâte à tartiner Milky Way en Autriche figurent également sur la liste noire établie par foodwatch.

"Tous les experts sont d'accord: de tels résidus ne devraient pas être présents dans les aliments, même en quantités infimes. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) estime nécessaire de réduire la contamination des denrées alimentaires par ces composés en priorité et alerte depuis… 2017", souligne l'association.

Un seuil limite trop élevé

"Ces substances dangereuses n'ont pas leur place dans nos assiettes. Or à chaque fois que nous testons des aliments, nous trouvons ces MOAH en quantité inquiétante: les fabricants qui prétendent accorder la plus grande attention à la sécurité de leurs produits ne sont pas en mesure de garantir l'absence de ces contaminants toxiques. Le problème est mondial et européen. Et la solution est politique: il faut une réglementation de toute urgence pour protéger les consommatrices et consommateurs", commente Karine Jacquemart, directrice de foodwatch France.

Lors d'une précédente enquête en 2015, Foodwatch relevait que 60% des produits testés en France (pâtes, cacao, lentilles, riz, corn flakes) présentaient des MOAH. En 2019, Foodwatch avait détecté ces hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales dans plusieurs laits infantiles, notamment de marques Nestlé et Danone.

Pétition

Suite à ces mauvais résultats, la Commission européenne et les États-membres avaient décidé en 2020 d'établir un seuil à 1 mg/kg de présence de MOAH dans les poudres de lait infantile. Mais selon Foodwatch, cette décision est loin d'être suffisante.

L'association lance aujourd’hui une pétition à l'échelle de l'Europe demandant à la Commission européenne et à tous les États membres de l'Union européenne d'agir, "c’est-à-dire de légiférer pour contraindre les industriels à s’assurer qu’ils ne commercialisent que des aliments non contaminés par ces MOAH".

Et de rappeler que la réglementation européenne générale sur l'alimentation (EC 178/2002) et son article 14 sur les exigences en matière de sécurité alimentaire stipulent très clairement qu’aucune denrée alimentaire préjudiciable à la santé ne doit être mise sur le marché.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business