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40% des lycéens estiment que les règles de leur religion sont plus importantes que les lois de la République

Une enquête IFOP pour la Licra donne quelques indications sur les pressions religieuses auxquelles les lycéens peuvent être confrontés au cours de leur scolarité.

La laïcité recule-t-elle au sein des lycées? Une enquête IFOP réalisée pour la Licra et consultée par BFMTV s'est basée sur un échantillon de 1000 lycéens pour évaluer la place de la religion dans les établissements scolaires.

Et il en ressort que les élèves sont nombreux à avoir observé, au cours de leur scolarité, y compris dès l'école primaire, des contestations de la laïcité, d'enseignements, mais aussi des manifestations de la religion dans leur vie quotidienne.

Séparatisme religieux

Selon cette étude, plus d'un élève sur deux a déjà été confronté au cours de sa scolarité à une forme de séparatisme religieux au sein d'un établissement. Un chiffre qui monte à trois élèves sur quatre en zone d'éducation prioritaire.

"Au quotidien, on voit bien qu'il y a quand même un vécu, qui fait qu'on a une forme de banalisation des expressions et des identités religieuses dans les enceintes scolaires", analyse François Kraus, directeur du pôle politique et actualités à l'IFOP.

Dans le détail, 28% des lycéens sondés ont par exemple déjà constaté des absences de jeunes filles en cours de natation au nom de convictions religieuses, 47% ont déjà été confrontés à des demandes de repas conformes à des pratiques confessionnelles.

Ces chiffres semblent également représenter un défi au niveau de l'enseignement dans les classes, puisque près d'un élève sur deux a déjà été confronté à des contestations d'enseignement au nom la religion, 74% en zone d'éducation prioritaire. Par exemple, 33% des lycéens sondés ont déjà assisté à des contestations d'enseignement moral et civique, 31% lors des cours d'éducation sexuelle.

La religion, "plus importante que les lois de la République"

Surtout, une partie de ces lycéens affirme avoir déjà soutenu ces contestations d'enseignement au moins une fois. Un élève sur quatre pour l'ensemble des lycéens, un sur deux en éducation prioritaire. Et plus globalement, 40% des lycéens sondés par l'IFOP estiment que les règles de leur religion sont plus importantes que les lois de la République. Alors que sur l'ensemble de la population française, ce chiffre s'élève à 23%. Une tendance qui inquiète parmi les chefs d'établissements.

"Il faut du courage, il faut que la question de la laïcité retrouve sa place centrale à l'école", plaide au micro de BFMTV Carole Zerbib, proviseur adjointe et membre du bureau exécutif du syndicat SNPDEN. "Je crois qu'il faut continuer de former les personnels, et continuer d'informer les familles sur la laïcité, en quoi cela les protège."

Depuis septembre, un plan de formation sur quatre ans a été lancé par l'Education nationale à destination de l'ensemble des personnels, afin de s'engager en faveur de la laïcité.

Par L.A.