Dans une lettre ouverte envoyée à TÊTU à l'adresse des citoyens français, l'organisation de lutte pour les droits des personnes LGBTQI+ en Hongrie "Budapest Pride" nous demande de faire pression pour que l'homophobie d'État pratiquée par Viktor Orbán soit abordée par Emmanuel Macron lors de sa rencontre à Budapest avec le chef du gouvernement hongrois.
Cher amis LGBTQI+ et alliés,
Emmanuel Macron va rencontrer Viktor Orbán ce lundi 13 décembre en Hongrie. Premier ministre de Hongrie, Viktor Orbán a fait de la vie de la communauté LGBTQ hongroise un cauchemar : au cours des deux dernières années, il a interdit la reconnaissance légale du genre, l'adoption en tant qu'individu si vous êtes gay ou lesbienne, a démantelé l'Autorité pour l'égalité de traitement et a censuré les sujets LGBTQ dans les écoles et les médias.
Nous vous demandons d'appeler publiquement Emmanuel Macron à évoquer, lors de leur réunion, l'oppression des personnes LGBTQ en Hongrie. Et, si le Président français choisit de ne pas le faire, demandez-lui de ne plus publier sur Twitter de messages célébrant la Pride, par exemple, ou la communauté LGBTQ.
Viktor Orbán est une figure de proue des discours de haine et de la législation anti-LGBTQ parrainés par l'État. Sa ministre des Affaires familiales, Katalin Novák, coopère depuis plus de neuf ans avec des groupes de réflexion fondamentalistes russes, des oligarques et des groupes haineux basés aux États-Unis. La lutte de Viktor Orbán contre l'égalité LGBTQ hongroise est une attaque directe pour déstabiliser les démocraties d'Europe occidentale, l'État de droit, la liberté d'expression, la liberté de la justice et les institutions anti-discrimination.
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En raison de la politique anti-LGBTQ de Viktor Orbán, les personnes LGBTQ hongroises vivent dans une peur et une incertitude constantes, ne sachant pas quand elles seront ciblées par la campagne haineuse suivante et de quels droits elles seront privées. À partir de janvier 2022, Viktor Orbán prévoit de mener une campagne pour les prochaines élections législatives, prévues au printemps, ainsi que pour un référendum anti-LGBTQ, avec des allégations selon lesquelles les militants LGBTQ prônent des chirurgies de réassignation de genre sur des enfants et une "propagande sexuelle" en maternelle. Il prône par ailleurs une restriction supplémentaire sur les contenus médiatiques qui pourraient "influencer la sexualité des mineurs".
Viktor Orbán mène une guerre idéologique et les personnes LGBTQ souffrent des conséquences de son programme populiste :
- En 2015, Viktor Orbán a modifié la Constitution hongroise, y ajoutant une phrase selon laquelle "le mariage est une union entre un homme et une femme", frappant ainsi d'une interdiction constitutionnelle le mariage pour tous.
- En 2019, Viktor Orbán et son parti, le Fidesz, ont lancé une campagne haineuse anti-LGBTQ : le président de l'Assemblée a comparé l'adoption par des couples de même sexe à de la pédophilie, et les thérapies de conversion ont été popularisées à la télévision nationale. En septembre 2019, Viktor Orbán a annoncé publiquement qu'il trouverait un moyen d'interdire aux gays et lesbiennes l'adoption en tant que parents célibataires. Il ne lui a fallu qu'un an pour mettre à exécution cette menace.
- En mai 2020, lors de la première vague de Covid-19 et alors que toute la société était en crise, Viktor Orbán a complètement interdit la reconnaissance légale du genre pour les personnes transgenres et intersexes, mettant ainsi fin à vingt ans de pratique juridique.
- En octobre 2020, un livre de conte de fées présentant différentes minorités a été publié. Après que le chef d'un parti radical d'extrême droite eut publiquement déchiqueté le livre, Orbán s'est également prononcé contre ce conte de fées intimant les auteurs de "laisser nos enfants tranquilles !"
- En décembre 2020, lors de la deuxième vague de Covid-19, Viktor Orbán a interdit de facto l'adoption en tant que célibataire aux personnes vivant en relation homosexuelle, plaçant sa propre idéologie tordue avant l'intérêt supérieur des enfants. Avant ce projet de loi, les services de protection de l'enfance décidaient au cas par cas de qui pouvait devenir parent adoptif. Maintenant, la décision finale a été retirée des professionnels pour être réservée à la ministre des Affaires familiales, Katalin Novák, qui collabore depuis sa nomination par Viktor Orbán, en 2014, avec des oligarques de droite russes et américains, ainsi que des groupes haineux anti-LGBTQ.
- Parallèlement à l'interdiction d'adoption, Viktor Orbán a modifié la Constitution pour y remettre un langage anti-LGBTQ. Ces changements semblent n'avoir aucun impact juridique, mais créent un environnement encore plus hostile pour les personnes LGBTQ en Hongrie, poussant à les traiter comme des citoyens de seconde zone. Le texte ajouté spécifie ainsi qu'"un père est un homme et une mère est une femme", que "les enfants ont le droit d'être élevés selon les valeurs chrétiennes" et que "les enfants ont le droit d'être élevés selon leur sexe biologique".
- Toujours en décembre 2020, Viktor Orbán a démantelé l'Autorité pour l'égalité de traitement, seule et unique autorité publique indépendante qui juge les cas de discrimination et prend systématiquement des décisions professionnelles et mesurée.
- En juin 2021, le parti de Viktor Orbán a proposé et adopté un projet de loi qui associe les personnes LGBTQ aux agresseurs d'enfants, interdit la mention des sujets LGBTQ à l'école et la diffusion de contenus médiatiques décrivant les personnes LGBTQ "de manière positive". Malgré le fait que cette loi n'ait pas été appliquée, les écoles et les médias pratiquent déjà l'autocensure par peur.
S'il vous plaît, exigez du président Macron qu'il mentionne ces questions lors de sa réunion avec Viktor Orbán et qu'il défende l'égalité pour toutes les personnes LGBTQ.
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En vous remerciant d'avance pour votre solidarité avec la communauté LGBTQ hongroise, et de nous aider à défendre nos droits en ces temps extrêmement difficiles. N'hésitez pas également à nous soutenir en nous identifiant dans vos publications sur les réseaux sociaux (Facebook/Instagram/Twitter).
Queerement vôtre,
@budapestpride
Crédit photo : capture d'écran YouTube Élysée (rencontre Macron-Orbán à Paris en octobre 2019)
