(Tuxtla Gutiérrez) Au moins 53 migrants en situation irrégulière, originaires pour la plupart du Guatemala, ont été tués jeudi dans un accident de camion dans le sud du Mexique, pays plus que jamais pris entre la pression migratoire de ses voisins pauvres du sud et la fermeté des États-Unis.  

« Jusqu’à présent 53 personnes sont mortes et trois autres ont été gravement blessées », a indiqué dans un communiqué le parquet général mexicain.

L’accident a eu lieu près de Tuxtla Gutiérrez, capitale de l’État du Chiapas (sud), frontalier du Guatemala.

Les migrants étaient entassés dans la remorque d’un camion, d’après les premières explications de la Protection civile. Selon des témoins interrogés par l’AFP, le poids lourd s’est écrasé contre un mur à toute vitesse et s’est renversé.

« Il y avait énormément de gens à terre, certains étaient déjà morts. Avec d’autres gars, on a fait ce qu’on a pu pour aider les secouristes à sauver ceux qui donnaient encore des signes de vie », a raconté Isaias Diaz, arrivé sur place quelques minutes après le drame.

« J’ai vu cinq ou six enfants blessés. Des gens avec des blessures aux jambes, aux côtes, à la tête, au cou, partout », a-t-il poursuivi, très éprouvé.

Selon d’autres témoins, le chauffeur du camion et une personne qui l’accompagnait, ensanglantés, ont pris la fuite en titubant après l’accident.

Des habitants du village d’El Refugio, où s’est produit l’accident, ont extrait plusieurs corps du camion, les ont recouverts de draps blancs en attendant l’arrivée des secours, et ont offert leurs téléphones portables aux survivants pour qu’ils appellent chez eux, selon une journaliste de l’AFP sur place.

Le camion transportait « plus de 100 personnes de diverses nationalités », a indiqué dans un communiqué la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) à Mexico.

« D’après les témoignages des survivants, la plupart d’entre eux sont originaires du Guatemala », a déclaré le directeur régional de la Protection civile, Luis Manuel Garcia.

Le président du Guatemala, Alejandro Giammattei, a promis « toute l’aide consulaire nécessaire, y compris des rapatriements » dans un message de condoléances et de solidarité sur Twitter.

« Je déplore profondément la tragédie occasionnée par le renversement d’un camion au Chiapas qui transportait des migrants d’Amérique centrale. C’est très douloureux », a tweeté son homologue mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador.

L’Institut national de migration (INM) a fait savoir dans un communiqué que des « cartes de visiteurs pour raisons humanitaires » seraient proposées aux survivants, en plus de nourriture et de logements.

L’INM va coordonner avec les autorités locales et fédérales les efforts « pour apporter de l’aide consulaire, identifier les corps, couvrir les frais funéraires ».

L’accident a eu lieu dans l’État du Chiapas, porte d’entrée des migrants en provenance d’Amérique centrale (Honduras et Salvador principalement) dans l’espoir de rejoindre les États-Unis.

Trouver des alternatives

Leur transport en camion est l’une des méthodes habituelles utilisées par les passeurs.

D’autres migrants préfèrent traverser le pays en « caravane » à pied, et en profitent pour revendiquer leurs droits.

« Il faut des alternatives migratoires et des voies légales pour éviter des tragédies comme celle-ci », a estimé l’antenne mexicaine du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies dans son message de condoléances.

Traditionnel couloir de passage, le Mexique est confronté cette année à des arrivées records de migrants venus non seulement du Honduras et du Salvador, mais aussi de Haïti.

De janvier à octobre, le pays a enregistré 108 195 demandes d’asile, un record, d’après les derniers chiffres officiels.

De leur côté, les États-Unis font preuve de fermeté à l’égard des migrants. Leur voyage est « profondément dangereux et n’aura aucun succès », avait prévenu le secrétaire d’État Antony Blinken lors d’un déplacement à Mexico début octobre.

L’accident a eu lieu le jour même où deux premiers migrants ont été renvoyés des États-Unis vers le Mexique en vertu d’un programme mis en place à l’époque de l’ex-président Donald Trump, suspendu par Joe Biden, mais réactivé sur décision de la Cour suprême américaine.

Les migrants doivent attendre au Mexique la réponse à leur demande d’asile aux États-Unis, selon ce programme qui s’appelle « Quedate en Mexico » (Reste au Mexique).

Une autre agence des Nations unies, l’Office international des migrations (OIM), a estimé qu’il était urgent de mettre fin « le plus tôt possible et de manière définitive » à ce programme « inhumain et contraire au droit international ».