Rebotata rebota y en tu cara explota – ça rebondit, ça rebondit et ça t’éclate en pleine face - petit dicton chanté par les élèves dans les cours de récréation espagnoles. Entendez, en traduction française : "C’est celui qui le dit qui l’est". La pièce de théâtre co-produite par Agnès Mateus et Quim Tarrida compte bien remettre en place les stéréotypes de genre qu’on nous inculque depuis notre plus tendre enfance. Les réalisateur.rices en sont à leur 121ème représentation et s’installent le temps de quelques jours à Bruxelles, au Théâtre National.
Rebota rebota y en tu cara explota est né en 2017 d’une nécessité, d’un besoin de parler des féminicides, et d’une envie de représentation alors que le sujet était rendu tabou dans les institutions espagnoles. "Nous les femmes, nous sommes complètement abandonnées par les politicien·nes", commence Agnés Mateus, co-réalisatrice avec Quim Tarrida, et actrice de la pièce, en continuant : "Si c’était des footballeurs qui étaient tués deux fois par semaine, ça serait un sujet, un problème d’État".
C’est de cette hargne et de cette envie de faire bouger les lignes qu’a donc vu le jour le deuxième spectacle des réalisateur.rices, après "Hostiando a M" traitant des violences policières. Dans leurs pièces, la violence est régulièrement utilisée comme thématique centrale, ce n’est pas pour autant qu’elle est explicite.
Le féminicide est ici utilisé comme toile de fond : "Il est vu comme une fin de chaîne d’évènements. L’origine, c’est notre société, notre culture patriarcale et hétéronormative dans laquelle on a grandi. Beaucoup de choses nous y mènent : les contes, les histoires, notre éducation d’enfance. On parle de notre langage, des insultes que l’on reçoit en Espagne et partout ailleurs pour la seule raison que nous sommes des femmes", argumente l’actrice-réalisatrice.