Décharges sauvages : quand les maires renvoient les ordures à leurs propriétaires

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Décharges sauvages : quand les maires renvoient les ordures à leurs propriétaires

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Un panneau d'interdiction [photo d'illustration].
Un panneau d'interdiction [photo d'illustration].
© Maxppp - Pierre Rousseau

Pour lutter contre la prolifération des dépôts sauvages, certains maires n’hésitent pas à renvoyer à l’expéditeur les ordures ramassées par terre. La ville de Nancy a quant à elle opté pour une brigade de propreté qui se charge d’éventrer les sacs-poubelles pour retrouver leurs propriétaires.

Un micro-onde au pied d’une benne à ordures, des planches le long d’un trottoir : c’est devenu le quotidien de nombreuses communes. Ces incivilités, qui se multiplient, s’accompagnent parfois d'altercations violentes. Ainsi, le 5 août 2019, le maire de Signes (Var), Jean-Mathieu Michel, avait été mortellement percuté par une camionnette venue déposer illégalement des gravats.

"Ça sort du jardin, ça revient dans le jardin"

Le 25 octobre dernier, Jean-Pierre Dessein, maire du village D'Art-Sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), est venu en personne rapporter ses encombrants à une habitante peu scrupuleuse. Cette dernière avait abandonné des planches et des pots de peinture au pied des conteneurs. "Je suis le maire de la commune", lui signale Jean-Pierre Dessein, qui réexpédie les planches du bon côté de la clôture.

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"Ça fait plusieurs semaines qu'on avait des dépôts à cet endroit-là", explique l’élu, qui retrouve régulièrement des téléviseurs, des micro-ondes ou même des pots de peinture ouverts. "C'est pas possible !", s’emporte le maire. Il se voit désormais contraint d’utiliser la manière forte, car "l_es panneaux ne suffisent plus"_.

Une brigade de lutte contre les dépôts sauvages

À Nancy, depuis le mois de juin, la ville a opté pour une brigade anti-dépôts sauvages. Les agents municipaux éventrent les sacs-poubelles pour collecter des indices. Les tickets de caisse et les courriers permettent ainsi de remonter la piste de l’auteur de l’infraction. "155 personnes ont déjà été sanctionnées", assure Lionel Adam, adjoint à la propreté pour la ville de Nancy. Jusqu'à présent, le tarif était de 120 euros. Mais face aux incivilités qui persistent, le montant de l'amende vient d'être doublé. Depuis le 10 février 2020, la loi AGEC facilite la possibilité pour les maires de sanctionner financièrement les auteurs de dépôts sauvages. La sanction peut grimper à 15 000 euros. 

Un million de tonnes de déchets sauvages en 2020

Ces initiatives sont saluées par l'association Geste Propre, qui a recensé l’année dernière une tonne de déchets abandonnés dans la nature. Selon sa déléguée générale, Carole Carpentier, "cette montagne d'ordures représente cent fois le poids de la tour Eiffel". On y trouve des emballages en tout genre, des vêtements, mais aussi des matelas ou encore de l'électroménager. Lorsque le service propreté n'a pas le temps de passer, ils peuvent finir en mer. "80 % des déchets marins proviennent de la terre", assure la militante. La lutte contre les dépôts sauvages est donc l’affaire de tous. Selon l'association, 27 % des Français reconnaissent avoir déjà abandonné des détritus. 

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