"Les violences conjugales et sexuelles explosent" selon Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur

Les violences conjugales et sexuelles explosent. Outre le confinement, c’est surtout la libération de la parole qui explique cette tendance, souligne le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

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Propos recueillis par Mathilde Tranoy Publié le 14/12/2021 à 07:30, mis à jour le 14/12/2021 à 07:30
interview
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. LUDOVIC MARIN/AFP

Les atteintes aux biens sont en baisse, mais les atteintes aux personnes en hausse voire très forte hausse. Comment l’expliquez-vous ?
Le fait que les atteintes aux biens diminuent fortement est lié au travail d’élucidation de la police et de la gendarmerie, à celui de la police scientifique, aux caméras de vidéoprotection, aux patrouilles qui sont sur la voie publique.

Dans les Alpes-Maritimes, il y a 99 policiers en plus, et dans le Var, 118 en plus [depuis 2017]. Tout cela a des répercussions. Les violences faites aux personnes sont stables en général mais explosent en ce qui concerne les violences conjugales et sexuelles puisqu’elles représentent plus de 90 % de l’augmentation des violences. On l’attribue d’abord au confinement.

Ensuite parce que depuis le Grenelle des violences conjugales, les médias, la police, la gendarmerie et les services de l’Etat ont contribué à libérer la parole. Désormais, les plaintes sont systématiques. Il y avait plus de 50 % de mains courantes déposées auparavant pour violences conjugales. Aujourd’hui, l’instruction que je donne à la police et la gendarmerie c’est qu’on les transforme systématiquement en plainte. Et lorsque la personne ne veut pas déposer plainte, c’est un signalement au parquet qui ouvre une enquête.

Les mains courantes, on les transforme systématiquement en plainte

Y a-t-il eu plus de faits ou plus de dénonciations de violences sexuelles ?
Les chiffres correspondent au nombre de dépôts de plainte constatés par les services de police et de gendarmerie dans l’année. Les faits dénoncés peuvent remonter à plusieurs années. Il y a eu plus de dénonciations, c’est fort probable. Mais dans les statistiques, il y a aussi les violences qui sont faites cette année et entraînent systématiquement un dépôt de plainte.

On note aussi une hausse des outrages à personnes dépositaires de l’autorité publique. Comment l’expliquez-vous ?
Ça fait 20 ans que ces constats sont faits. D’abord parce que la police est encore plus présente qu’avant dans les territoires compliqués. Quand vous faites plus d’interventions, vous avez la possibilité d’être plus agressé, violenté, insulté.

J’ai demandé en septembre 2020 à l’administration qu’à chaque fois qu’un policier, gendarme, ou pompier faisait état d’une violence contre lui, y compris une insulte, une plainte soit déposée immédiatement. Je ne veux pas sous-estimer non plus le fait que l’attaque contre l’autorité est désormais monnaie courante et ça, c’est quelque chose qu’on doit combattre.

On a dressé 122 000 amendes pour consommation de cannabis et cocaïne

Les interpellations pour trafics de drogue sont également en hausse.
C’est la priorité que j’ai confiée au ministère de l’Intérieur avec les violences conjugales, et l’activité de la police et de la gendarmerie est extrêmement forte parce qu’on s’attaque toujours aux réseaux mais aussi aux points de deal et à la consommation puisqu’on a dressé 122 000 amendes pour consommation de cannabis et cocaïne. Evidemment on a encore beaucoup de travail pour rétablir totalement l’ordre dans les quartiers.

Des milliers de faux pass sanitaires découverts

Comment s’organise la lutte contre les faux pass sanitaires ?
On a, dans nos services de police et de gendarmerie, quelques milliers de faux pass sanitaires découverts et 400 enquêtes sur les réseaux de faux pass qui concernent des professionnels de santé. Car les faux pass sanitaires sont en réalité de vrais faux pass, délivrés par des autorités et qui ne correspondent pas à la réalité de la vaccination et des tests PCR. Il y a un travail très important à faire qui se heurte parfois au secret médical.

La justice poursuit systématiquement. Des condamnations ont déjà été prononcées pour des utilisateurs de faux pass sanitaires, 3 mois, 6 mois de prison avec sursis et de très grosses amendes. Ceux qui trafiquent les pass sanitaires encourent jusqu’à 5 ans de prison. Nous sommes très mobilisés contre ce qui est encore très nouveau. Quand les policiers et les gendarmes vont dans des bars, ce n’est pas pour embêter le monde. Ils le font pour protéger les citoyens et repérer les faux pass.

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Nice-Matin

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