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Biélorussie: des opposants écopent de peines allant jusqu'à 18 ans de prison

De très lourdes peines de prison ont été prononcées en Biélorussie ce mardi 14 décembre, à l'encontre de plusieurs détracteurs du régime d’Alexandre Loukachenko. Le mari de la cheffe de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa écope de 18 années de détention. Cinq autres coaccusés sont condamnés à des peines allant de 14 à 16 ans.

Le mari de la cheffe de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa escorté par la police avant son audience dans la ville de Gomel, le 14 décembre 2021.
Le mari de la cheffe de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa escorté par la police avant son audience dans la ville de Gomel, le 14 décembre 2021. via REUTERS - BELTA
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L'homme qui avait tenté de défier Alexandre Loukachenko à la présidentielle d'août 2020, qui avait auparavant lancé une campagne contre lui intitulée « Stop au cafard » et dont l'épouse a pris la tête de l'opposition, écope de la peine la plus lourde, dans ce procès à huis clos.

Sergueï Tikhanovski, 43 ans, a été condamné à 18 ans de prison, il était jugé pour « organisation de troubles massifs », « incitation à la haine dans la société », « troubles à l'ordre public » et « obstruction à la Commission électorale ».

Des accusations que Sergueï Tikhanovski avait qualifiées d'« imaginaires et motivées politiquement », dans une lettre à la Deutsche Welle. De sa cage, aux côtés des autres coaccusés, le blogueur a écouté l'énoncé du jugement, tournant le dos aux magistrats.

Viser les opposants les plus forts

Une autre figure majeure de l'opposition – Mikola Statkevitch, 65 ans – est condamnée à 14 ans de détention. Dans la politique depuis les années 1990, candidat à la présidentielle de 2010, il a déjà passé plusieurs années en prison.

Artiom Sakov et Dmitri Popov, qui travaillaient pour Sergueï Tikhanovski, écopent d'une peine de 16 ans de prison. Enfin, Vladimir Tsyganovitch, un youtubeur critique du pouvoir, et Igor Lossik, journaliste d'opposition de 29 ans, écopent d'une peine de 15 ans de prison.

En déplacement à Bruxelles, Svetlana Tikhanovskaia estime qu'avec ces sentences, Alexandre Loukachenko « se venge publiquement de ses opposants les plus forts ».

À écouter : Soutenir les opposants biélorusses

Des condamnations en guise de vengeance

Il y a quelques mois, la justice biélorusse avait déjà condamné l'ex-banquier et candidat à la présidentielle, Viktor Babaryko, à 14 ans prison.

Victor Babaryko personnifiait l'électorat de l'intelligentsia, du monde des affaires, des riches et de la classe moyenne, alors que Sergueï Tikhanovski représentait l'électorat grâce auquel Alexandre M. Loukachenko est arrivé au pouvoir : les classes populaires, ouvrières, plus pauvres, estime Pavel Slunkin, ancien diplomate biélorusse et politologue.

Selon ce dernier, M. Tikhanovski « avait une rhétorique assez populiste. C'est un homme assez dur, qui ne se gênait pas pour, par exemple, comparer Alexandre Loukachenko à un cafard ». Et en ce sens, analyse-t-il, sa condamnation « comme celle de Victor Babaryko, c'est évidemment une vengeance. Le nombre d'années de condamnation est bien sûr choquant, mais on ne peut pas dire que ce soit étonnant. »

Pavel Slunkin considère qu'il était assez attendu que le pouvoir allait vouloir montrer quel était le prix à payer pour ceux qui lui lançaient un défi : « C'est une sorte d'exécution publique, une tentative de montrer que les gens qui vont contre la volonté du pouvoir seront punis tout aussi sévèrement », considère-t-il.

Des condamnations pointées du doigt par Washington et l'UE

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a exigé ce mardi la fin de la « dure répression » en cours en Biélorussie. « Aucun de ces individus, pas plus que le peuple biélorusse, ne mérite de subir une répression si dure », a déclaré Antony Blinken dans un communiqué. « Ces peines montrent malheureusement à nouveau le mépris du régime biélorusse pour ses obligations internationales ainsi que pour les droits humains et libertés fondamentales des Biélorusses », a ajouté le secrétaire d'État américain.

L'Union européenne a dénoncé quant à elle les condamnations « infondées » et « sévères » infligées à ces figures de l'opposition en Biélorussie, et envisage de nouvelles sanctions, a annoncé le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. « Ces condamnations sont de nouveaux exemples d'accusations infondées contre des citoyens biélorusses qui ont exercé leur droit d'expression et réclamé des élections libres et équitables », estime a jugé ce porte-parole, Peter Stano, dans un communiqué.

« Ces condamnations s'inscrivent dans le cadre de la répression brutale et systématique de toutes les voix indépendantes en Biélorussie », a déploré le porte-parole européen. « L'UE condamne fermement ces violations flagrantes et continues des droits de l'homme et des libertés fondamentales par le régime de Minsk », a-t-il ajouté. « Compte tenu de la détérioration continue des violations des droits de l'homme et de la répression en Biélorussie, l'UE reste déterminée à envisager de nouvelles sanctions », a aussi fait valoir Peter Stano.

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