Pourquoi les "1000 premiers jours" deviennent une priorité de l’action publique ?

Un nouveau-né est pesé. ©AFP - Didier Pallages
Un nouveau-né est pesé. ©AFP - Didier Pallages
Un nouveau-né est pesé. ©AFP - Didier Pallages
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Depuis quelques décennies, l’idée initiale est devenue consensus établi parmi les chercheurs : les 1000 premiers jours conditionnent la santé et le bien-être de l’individu tout au long de sa vie.

Un peu plus de 28 000 pour les hommes et environ 30 000 pour les femmes. C’est le nombre de jours que compte une vie moyenne. En apprenant et en écrivant cela, j’ai trouvé que cela faisait peu… passons. Car en théorie, on apprend, on retient, on croit, on aime penser, que chaque jour compte. Mais si cet équilibre était factice ? Et si les 1000 premiers étaient les plus déterminants de l’existence ? Et si le reste, la suite, l’essentiel, l’avenir, se jouait là ? Dans ces premiers instants…

Depuis quelques décennies, l’idée initiale est devenue consensus établi parmi les chercheurs : les 1000 premiers jours conditionnent la santé et le bien-être de l’individu tout au long de sa vie. Ainsi, dans de nombreux pays comme le Danemark, le Canada, le Royaume Uni, des politiques de santé publique orientée en direction vers cette période ont vu le jour. Des programmes qui font en France l’objet d’une attention croissante. En 2019 par le Président de la République a installé une commission de 18 experts, spécialistes de la petite enfance, présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui a remis en septembre 2020 au Gouvernement un rapport important. Le docteur Thierry Cardoso, responsable de l'unité petite enfance, direction de la prévention et promotion de la santé, à Santé publique France nous explique que cette révolution culturelle a démarré il y a une quarantaine d’années grâce aux avancées de la recherche scientifique.

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À ces recherches initiales se sont greffés des travaux sur la vie mentale des bébés, leur curiosité, leur créativité, leurs façons de penser. Des progrès de plus en plus précis, aussi, sur la santé globale, la génétique, l’influence de l’environnement, les modes de vie, les relations enfants-parents. Et tous convergent : si la période est primordiale pour la santé physique, on l’a dit. Elle l’est aussi dans le rapport aux addictions, aux comportements agressifs, aux difficultés d’interactions sociales, à la dépression… la liste est encore longue. Alors, trois facteurs sont déterminants durant cette période ; berceau des inégalités. Un : la sécurité affective, qui dépend largement de la stabilité économique et sociale, de la précarité des parents, du temps qu’ils peuvent consacrer. Deux : l’alimentation. Trois : Thierry Cardoso nous l’expose.

En France, les politiques publiques commencent à intégrer cette approche. Des avancées sur les congés parentaux. Des campagnes d’information. Des initiatives locales, comme ces élus qui veulent créer des maisons des 1000 premiers jours, pour coordonner les actions sanitaires et sociales, accueillir les parents. Un site dédié : 1000-premiers-jours.fr, qui propose des réponses aux questions que se posent les futurs et jeunes parents. Car la démarche ne vise pas seulement l’enfant. Mais également les parents et la relation enfant-parents, cœur de l’inégalité.

Si une bonne part de notre histoire s’écrit lors de nos 1000 premiers jours, tout ne s’y raconte pas. L’idée n’est pas de succomber au déterminisme. Le poids du hasard, des décisions, des trajectoires, demeure crucial. Mais de comprendre que des interventions précoces, la prise de conscience de certains facteurs de risques, sont la meilleure arme dans la lutte contre les inégalités. Alors, et maintenant ? Il faut sensibiliser les parents, d’abord, sans jamais accabler, sans les culpabiliser. Sensibiliser la société tout entière, surtout, pour les accompagner et recréer de la joie, de la sécurité, de la projection, dans cette période déterminante pour chacun, qui devrait être heureuse à tous.

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