Les avocats de la défense (de gauche à droite) Christian Koch, Ingmar Pauli et Robert Unger au tribunal régional supérieur de Berlin le 15 décembre 2021

Les avocats de la défense (de gauche à droite) Christian Koch, Ingmar Pauli et Robert Unger au tribunal régional supérieur de Berlin le 15 décembre 2021

afp.com/Christophe Gateau

Les autorités russes ont estimé que ce verdict, qui risque d'accroître les tensions diplomatiques avec l'Allemagne, était "une décision politique".

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La Cour de Berlin a reconnu cet homme, désigné sous le nom de Vadim Krasikov, coupable d'avoir tué par balles un Géorgien issu de la minorité tchétchène dans un parc de Berlin, le 23 août 2019.

Elle a directement mis en cause les autorités russes qui "ont donné l'ordre à l'accusé de liquider la victime", selon le président de la Cour, Olaf Arnoldi.

La nouvelle ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui a promis d'adopter vis à vis de la Russie un ton plus ferme que le gouvernement Merkel, a annoncé que deux diplomates russes étaient "déclarés personae non gratae".

Ce meurtre commis sur le sol allemand est "une atteinte grave à la souveraineté de l'Etat", a-t-elle ajouté alors que cette affaire a déjà conduit, dans le passé, à l'expulsion de diplomates russes et allemands.

Le Géorgien Tornike Kavtarachvili, 40 ans, a été abattu de trois balles, au coeur de la capitale allemande, une affaire qui a empoisonné les relations entre les deux pays.

Moscou, qui a toujours nié toute implication, a dénoncé un verdict "politique".

"Nous estimons que ce verdict n'est pas objectif, qu'il s'agit d'une décision politique qui envenime sérieusement des relations russo-allemandes qui sans cela étaient déjà difficiles", a déclaré l'ambassadeur de Russie en Allemagne, Sergueï Netchaev.

- De sang froid -

Ancien dirigeant séparatiste tchétchène, le Géorgien avait combattu contre les forces russes entre 2000 et 2004 et vivait depuis 2016 avec sa famille en Allemagne où il avait demandé l'asile.

Il a été victime d'"une exécution de sang froid", a affirmé le président de la Cour qui a également privé le condamné de la possibilité de demander une libération conditionnelle au bout de 15 ans.

Son meurtrier, que le procureur a désigné comme un "commandant d'une unité spéciale des services secrets russes FSB", avait auparavant voyagé de Moscou à Paris puis vers Varsovie et finalement Berlin.

Les faits se sont déroulés à l'heure du déjeuner : le meurtrier, se déplaçant à vélo, s'est approché par derrière de sa victime et a tiré deux fois avant de l'achever par une balle à bout portant dans la tête.

Il a été interpellé près des lieux du meurtre.

Durant son procès, l'accusé a réfuté l'identité que lui prête le Parquet.

Par la voix de son avocat Robert Unger, il a affirmé s'appeler Vadim Sokolov, 50 ans, "russe, célibataire et ingénieur en construction".

- Mise en garde -

Si le Kremlin a toujours nié être derrière cet assassinat, le président Vladimir Poutine a qualifié la victime de "combattant très cruel et sanguinaire". Il a assuré avoir demandé son extradition, ce que Berlin a démenti.

Fin 2019, l'Allemagne a déjà expulsé deux diplomates russes pour protester contre leur manque de coopération, mesure à laquelle Moscou a répliqué en renvoyant deux diplomates allemands.

L'empoisonnement de l'opposant au Kremlin Alexei Navalny avant son emprisonnement en Russie, tout comme celui de l'ex-espion russe Sergueï Skripal au Royaume-Uni en 2018, ont fait peser de lourdes suspicions sur le rôle des services de sécurité russes dans des opérations violentes.

Mais l'implication de Moscou n'a jusqu'ici jamais été prouvée et le Kremlin a toujours systématiquement nié la moindre responsabilité.

Ces affaires se sont ajoutées à une série de tensions diplomatiques entre Berlin et Moscou.

Avant les élections législatives allemandes, la justice a ouvert une enquête pour cyberespionnage de députés, derrière lequel Berlin soupçonne la main du Kremlin.

A cela s'ajoute de nombreuses divergences sur le plan géopolitique, comme le conflit armé dans l'Est de l'Ukraine.

Le nouveau chancelier Olaf Scholz a une nouvelle fois averti mercredi que Moscou paierait un "prix élevé" en cas de violation des frontières ukrainiennes.

Washington, les Européens et Kiev accusent depuis quelques semaines Moscou de préparatifs pour envahir l'Ukraine, ce que le Kremlin dément.

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