VIDÉO. «J’ai écouté les théories du complot» : les regrets de Karim, non vacciné et hospitalisé en réanimation

Karim est placé sous flux d’oxygène dans le service de réanimation de l’hôpital de Montreuil. Ce patient de 48 ans n’est pas vacciné. Comme lui, « 98% des malades » du Covid pris en charge dans ce service sont non-vaccinés.

    La flambée des cas de Covid semble se tasser, mais la « poussée continue » des malades se fait toujours sentir près de Paris, où un service de réanimation voit défiler les patients non vaccinés et leurs remords. Cloué dans un fauteuil, Karim « n’arrête pas de cogiter ». Le souffle comme « bloqué », malgré l’oxygène à haut débit dans ses narines, il se sait « entre la vie et la mort », depuis trois jours dans une chambre de l’hôpital André Grégoire de Montreuil, en Seine-Saint-Denis.

    « Malheureusement, personne n’a été vacciné chez moi », dit cet homme de 48 ans. Ni sa femme, testée positive avant lui, ni sa fille de 16 ans et ses jumeaux de 13 ans, qui ont peut-être « ramené le virus de l’école ». « C’est la peur du vaccin qui m’a fait ça, avec tout ce qu’on entend, comme quoi il peut y avoir des répercussions derrière », reconnaît-il. Rattrapé par « cette saloperie » de virus, il maudit maintenant « ces conneries qu’on entend sur YouTube, la théorie du complot. Faut gommer tout ça, faut que les gens se réveillent un peu ». Et promet d’aller se faire vacciner « si je m’en sors ».

    Sa femme Fatima, venue lui apporter « ce qu’il aime manger » - aujourd’hui du poisson, des épinards et des yaourts - en est persuadée : « Il va s’en sortir, je le sais ». La jeune médecin Olivia Sestier est moins catégorique. Certes, « c’est un patient comme on en voit beaucoup, en bonne santé et avec très peu d’antécédents, qui fait une infection au Covid sans complication pour le moment ».

    Mais il a « des gros besoins en oxygène » et reçoit déjà le débit maximum via ses lunettes nasales, souligne-t-elle. Si son état devait se dégrader, « on aurait besoin de l’intuber ». Un exemple parmi tant d’autres. Ce mardi matin, les 15 lits ouverts du service de réanimation sont tous occupés, dont six par des malades du coronavirus. Un seul est vacciné « et c’est le seul qu’on ait eu sur les quarante qu’on a pris ces deux derniers mois », soupire le Dr Vincent Das, chef d’un service sollicité de toutes parts.



    Des urgences voisines, ou des autres hôpitaux de la région, « il y a un afflux de patients Covid depuis deux semaines, on est obligé d’en refuser tous les jours », assure-t-il. L’Île-de-France en compte déjà 545 en réanimation, sur les 2 792 soignés dans toute la France. Les contaminations ont beau ralentir à l’approche des 50 000 cas quotidiens en moyenne, « on n’entrevoit pas le pic » de cette cinquième vague, à laquelle s’ajoutent « les autres patients dont il faut s’occuper ». Comme cette jeune femme, qui vient d’accoucher de son troisième enfant et a dû se faire retirer l’utérus en urgence.

    L’infirmière Sandy Jebahi s’exaspère face à ces malades « tous non vaccinés ». « Ça m’agace parce que le vaccin est au bout de la rue. Souvent ils nous disent qu’ils n’ont pas eu le temps, mais comment on peut ne pas avoir le temps au bout de deux ans ? », gronde-t-elle. « Ils nous répondent que dès qu’ils sortent d’ici ils vont se faire vacciner, mais déjà il faut sortir d’ici ».