Un homme secouru dans la Manche arrive à Douvres, en Angleterre. Crédit : Picture alliance
Un homme secouru dans la Manche arrive à Douvres, en Angleterre. Crédit : Picture alliance

Des femmes violées pas "suffisamment soutenues", des mineurs retenus avec des adultes, des blessures non soignées, des migrants forcés de dormir à même le sol... Un nouveau rapport, publié jeudi, alerte sur les "très mauvaises" conditions d'accueil des migrants arrivés au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche.

Malgré les promesses des autorités britanniques d’améliorer les conditions d’accueil des demandeurs d’asile arrivant dans le Kent après avoir traversé la Manche, celles-ci restent "très mauvaises", selon un rapport, publié jeudi 16 décembre, par l’inspection des prisons et les comités de surveillance indépendants de Douvres et d’Heathrow (IMB).

Au cours des trois derniers mois, ces deux organisations ont visité plusieurs centres de la région et leur constat est sans appel. En dépit des assurances reçues à l’issue de précédentes inspections en 2020, seuls des "progrès limités" ont été constatés, a expliqué l’inspecteur en chef des prisons, Charlie Taylor.

La présidente nationale de l’IMB, Anne Owers, a, de son coté, jugé que des mesures "urgentes" étaient nécessaires.

Des femmes violées pas "suffisamment soutenues"

Dans leur rapport, les inspecteurs saluent l’ouverture d’un nouveau lieu, au port de Douvres, qui offre aux exilés une meilleure protection contre les intempéries, des vêtements secs et de la nourriture. Mais ils regrettent que des familles avec de jeunes enfants aient dû passer plus de 24 heures sous ce chapiteau, érigé pour recevoir les migrants arrivés en Angleterre.

Ils notent également d’"importants" problèmes concernant la sécurité des mineurs non-accompagnés qui sont "régulièrement retenus" avec des adultes avec lesquels ils n’ont aucun lien. 

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Le rapport signale aussi que des femmes affirmant avoir été violées ou vendues par des passeurs n’ont pas été "suffisamment soutenues".

Lors d’une visite dans le centre de Tug Haven, près de Douvres, en octobre, les deux organisations ont relevé des températures froides notamment dans des bus parfois utilisés pour dormir. Les inspecteurs ont constaté qu’un certain nombre d’enfants, y compris des bébés et des adultes potentiellement vulnérables, passaient la nuit sur place, et que certaines blessures (brûlures, coupures, contusions aux pieds) n’étaient pas détectées, ni soignées.

Des brûlures non soignées

Ils ont cité le cas d’une "fille de 16 ans avec des brûlures de carburant sur les jambes". Cette mineure, qui était hébergée dans le centre depuis deux jours, n’a pas reçu de soins et portait toujours les "vêtements mouillés", utilisés lors de la traversée de la Manche.

Lorsque ses blessures ont enfin été examinées, "la couture de ses vêtements s’était incrustée dans les brûlures et un médecin a signalé que la jeune fille risquait d’avoir des cicatrices à vie".

Des manques d'infrastructures et de personnel ont aussi été observés dans le centre de rétention de l'aéroport de Londres-Heathrow, qui retient des migrants avant leur expulsion du Royaume-Uni.

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Des inspecteurs ont rapporté qu'une nuit, quatre autocars sont arrivés et que des migrants ont dû dormir par terre sans installations sanitaires appropriées. Ils ont qualifié les conditions observées d'"inacceptables et dégradantes mais inévitables compte tenu de l'incapacité du centre à traiter les arrivées".

Le document des inspecteurs n’est que le dernier d’une série de rapports officiels et parlementaires critiquant le traitement des migrants dans le Kent : mineurs non-accompagnés maintenus dans des chambres d’hôtels pendant des semaines, épidémie massive de Covid parmi les demandeurs d’asile hébergés dans des dortoirs de l’ancienne caserne Napier, enfants et femmes enceintes forcés de dormir à même le sol dans des bureaux du gouvernement…

La veille de la sortie de ce rapport, les autorités britanniques ont annoncé l'ouverture en début d'année prochaine d'un nouveau centre près de Douvres pour accueillir les migrants qui arrivent en Angleterre via la Manche. Pour le député conservateur, Tom Pursglove, également sous-secrétaire d'État parlementaire chargé de l'immigration, ce nouveau lieu répondra aux préoccupations exprimées par l’inspection des prisons et l'IMB.

 

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