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Un additif alimentaire couramment utilisé altérerait le microbiote

Représentation de bactéries à la loupe.

Le microbiome intestinal est composé de centaines de milliards de bactéries.

Photo : iStock

Radio-Canada

La consommation de carboxyméthylcellulose (CMC), un émulsifiant très utilisé en alimentation, perturbe l’environnement intestinal en altérant la composition du microbiote, montrent les travaux de scientifiques français associés à l’Institut Cochin.

Le CMC est un émulsifiant synthétique ajouté depuis les années 1960 à de nombreux aliments transformés pour améliorer leur texture et prolonger leur durée de conservation.

Repères

  • Le microbiote intestinal est une colonie d’environ 100 000 milliards de bactéries tapissant les quelque 400 m2 de sa surface;
  • Il pèse entre un et cinq kilos et se nourrit de ce que nous mangeons;
  • Il est composé en grande partie de bactéries bénéfiques;
  • Il est parfois qualifié de deuxième cerveau du corps humain;
  • Des 160 espèces de bactéries que comporte en moyenne le microbiote, environ la moitié est retrouvée d’une personne à l’autre.
Visualisation du microbiote intestinal humain.

Visualisation du microbiote intestinal humain (rouge) au sein de la couche de mucus (verte) située à la surface de l’intestin.

Photo : Institut Cochin/Benoit Chassaing

Dans de précédents travaux, le chercheur Benoît Chassaing et ses collègues avaient montré chez la souris que la présence d’émulsifiants alimentaires dans de nombreux plats transformés altère la composition du microbiote intestinal et entraîne ainsi l’aggravation de nombreuses pathologies inflammatoires chroniques, telles que la colite, le syndrome métabolique et le cancer du côlon.

Dans les présents travaux, l’équipe française confirme chez l’humain que le CMC altère la composition du microbiote.

La maladie de Crohn, la colite ulcéreuse et la rectocolite hémorragique sont les trois maladies inflammatoires de l'intestin les plus répandues. Elles frappent près de 20 millions de personnes dans le monde, et près de 260 000 Canadiens en souffrent.

Des facteurs génétiques ont été associés à ces pathologies dans les dernières années. Ces prédispositions ne sont cependant pas suffisantes pour expliquer à elles seules la survenue de ces maladies, estiment les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Gastroenterology (Nouvelle fenêtre) (en anglais).

L’étude

Des volontaires sains ont été séparés en deux groupes, l’un consommait un régime alimentaire strictement contrôlé et sans aucun additif, et l’autre un régime identique, mais enrichi avec du CMC.

Au bout de deux semaines, […] chez les participants consommant du CMC, la composition en bactéries présentes dans l’intestin était modifiée, avec une diminution nette de la quantité de certaines espèces connues pour jouer un rôle bénéfique en santé humaine, telles que Faecalibacterium prausnitzii, expliquent les chercheurs dans un communiqué publié par l’Institut.

En outre, les échantillons fécaux des participants qui recevaient du CMC contenaient beaucoup moins de métabolites bénéfiques.

Ces participants étaient aussi plus sujets à des douleurs abdominales et à des ballonnements intestinaux.

Pire, des coloscopies réalisées au début et à la fin de l’étude ont mis en évidence que, chez les sujets qui consommaient du CMC, les bactéries intestinales se trouvaient plus proches des parois de l’intestin.

Il s’agit d’une caractéristique observée dans des maladies inflammatoires de l’intestin et le diabète de type 2, notent les chercheurs.

Cette étude n’a pas montré que l’ingestion de CMC entraîne une pathologie inflammatoire, mais elle confirme les données issues des études animales et suggère que la consommation à long terme de cet additif pourrait impacter négativement le microbiote intestinal et par conséquent favoriser les maladies inflammatoires chroniques ainsi que des dérégulations métaboliques chez l’humain.

Plus de recherche nécessaire

L’équipe française souligne la nécessité de réaliser d’autres travaux pour caractériser l’impact à long terme de cet additif alimentaire, particulièrement chez les personnes qui souffrent de maladie inflammatoire chronique de l’intestin.

Elle veut aussi réaliser des travaux qui permettront d’identifier des marqueurs moléculaires de sensibilité au CMC.

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