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D. Cohn-Bendit: "On laisse l'espace politique et émotionnel aux eurosceptiques"

D. Cohn-Bendit: "On laisse l’espace politique et émotionnel aux eurosceptiques"

© FREDERICK FLORIN - BELGAIMAGE

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Par Wahoub Fayoumi

"Je m'envole pour le Brésil pour tourner un documentaire sur comment les Brésiliens vivent la Coupe du monde". Si Danny le Rouge prend congé du parlement européen après les élections, il ne sera pas inactif pour autant: écriture, chroniques radio... ses avis seronttoujours partaés.

Aujourd'hui, à la veille de son départ, il porte un dernier regard sur les tractations pré-électorales. Et son jugement est sévère concernant l'accord intervenu entre conservateurs, socialistes et libéraux: "Un ou une des têtes de liste présentées par les groupe parlementaires européens sera président du parlement ou président de la commission. Mais comme il n’aura pas de majorité claire centre-gauche ou centre-droit, il faudra une grande coalition. Et ce qui se prépare, c’est une grande coalition avec l’appui des libéraux". Ces derniers pourront ainsi partager avec les socialistes la présidence du parlement. "Ce sera Juncker ou Schulz, pendant deux ans et demi..."

Le parlementaire vert n'a pas de mots assez durs, aussi vis-à-vis de son homologue libéral - et ami - Guy Verhofstad, en le traitant de "toutou" dans les médias. C'est peut-être exagéré, dit-il mais "il devrait garder son autonomie, sa spécificité. C'est un fédéraliste convaincu, et sa force, il ne doit pas l’hypothéquer maintenant dans cet accord".

Espace laissé aux eurosceptiques

Plus généralement, Daniel Cohn-Bendit regrette la dimension quasi-hégémonique de certains pays membres: "C'est l'Allemagne en ce moment… Mais il faut continuer dans la conception de l’Europe communautaire qui s’est créée sur la volonté de non-hégémonie. Il faut faire attention que que l’Europe ne soit pas l’expression unidimensionnelle d’une volonté nationale, ou même de celle d’un couple" insiste-t-il.

Autre maladie de l'Europe: l'euroscepticisme. "C'est une réalité. Mais ce qui m’inquiète c’est quand les pro-européens doutent et n’arrivent pas à expliquer la nécessité de l’Europe. On laisse l’espace politique et émotionnel aux eurosceptiques".

Les Verts: plus nécessaires que jamais

Mais le député vert ne part pas forcément avec des déceptions: "Ma grande satisfaction, c’est qu'à chaque moment, le parlement a su être à la hauteur".

Il insiste également sur la nécessité de la présence des écologistes dans le débat, encore aujourd'hui: "Les Verts sont une force politique. Nous avons déjà eu une certaine influence au parlement européen". Les autres partis ne proposent-ils pas également des mesures "vertes"? "C'est du baratin. Regardez les débats sur la transition énergétique, sur la directive automobile: dès que l’industrie tousse, les partis politiques s’enrhument!"

Il y a une spécificité des partis verts, affirme-t-il. "Nous avons des difficultés, car c’est une autre politique, mais aussi un changement de mode de vie que nous proposons. Cela n’est pas facile".

 

W. Fayoumi

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