Hayao Miyazaki, génie de l'animation

Hayao Miyazaki, génie de l'animation
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Hayao Miyazaki, génie de l'animation - #CulturePrime
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Hayao Miyazaki, génie de l'animation

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Hayao Miyazaki a révolutionné l’animation japonaise. Génie du dessin, de la poésie et avant-gardiste du féminisme et de l’écologie, il a impulsé un nouveau souffle aux films d’animations.

Hayao Miyazaki c’est une superstar. Miyazaki il est connu dans le monde entier. Il a quand même reçu un Ours d’or à Berlin pour Le voyage de Chihiro, ça dans l’animation c’est unique. Il a aussi eu un Oscar du Meilleur film étranger, pareil, pour un film d’animation c’est unique. Donc il y a une aura, et puis il y a une personnalité, rappelle  Alexandre Mathis, critique et auteur du livre Un monde parfait selon Ghibli, Playlist Society.

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Ses débuts

Né en 1941, c’est au lycée qu’il se passionne pour le dessin, d’abord avec les mangas puis avec l’animation. Un film a été fondateur pour lui : Le Serpent blanc (1958), qui conte une légende chinoise. La technique, l’univers mais aussi les émotions transmis par ce film le marquent et le bouleversent. Il va alors recopier, dessiner et travailler sans relâche pour entrer dans ce milieu et parvient à décrocher son premier travail dans le secteur en 1963 au studio Toe. C’est là qu’il rencontre Isao Takahata et Toshio Suzuki avec qui il fondera le studio Ghibli.

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Mais avant de produire ses œuvres les plus connues avec son propre studio, Hayao Miyazaki arrive à vendre un film à des producteurs : Nausicäa de la Vallée du Vent. Une histoire qui lui tient à cœur puisqu’il a mis 12 ans à l’écrire et la dessiner. À l’époque les seuls films produits sont des mangas ou des histoires existantes. Miyazaki réussi un exploit.
Le nom de Ghibli vient de la passion de Miyazaki pour l’aviation : le Caproni Ca. 3092 Ghibli est un avion de reconnaissance italien pendant la Seconde Guerre mondiale.

Son studio a immédiatement la vocation de proposer une autre vision de l’animation, de la poésie, des sujets sociétaux, des dessins fins et beaucoup de paysages. Très éloigné des mangas où les sentiments sont exacerbés et les dessins très exagérés.

"Mon voisin Totoro", Hayao Miyazaki, 1988.
"Mon voisin Totoro", Hayao Miyazaki, 1988.
© AFP

L'écologie et le féminisme

Miyazaki est un écologiste convaincu qui est très méfiant des mutations urbaines. Notamment parce qu'il a grandi dans un Japon du milieu du XXe siècle, rural, avec des grands champs de riz, ce qui lui confère un rapport extrêmement fort à la nature. Il a aussi tout une culture de l’animisme et du shinto (là où il y a une âme dans chaque chose) qui est extrêmement développée. Et Miyazaki, par ses histoires fantastiques va mettre en valeur cette nature, en disant qu’il faut la protéger, qu’elle est à la fois fragile, parce qu’elle peut être détruite, et en même temps forte, c’est-à-dire que la nature peut se venger et ça là où ça devient intéressant. Chez Miyazaki, la nature ne se laisse pas faire. Soit par les esprits qu’il incarne : les dieux de Princesse Mononoké avec les loups, les sangliers qui eux se défendent et se battent contre les humains. Soit par la furie animale comme les fameuses grosses larves de Nausicäa, elles deviennent furieuses parce qu’on a détruit leur habitat et du coup elles attaquent. Pas par méchanceté mais parce qu'en fait elles protègent leur habitat, analyse Alexandre Mathis.

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Alexandre Mathis précise : Miyazaki est aussi l’un des premiers dessinateurs à écrire des films avec, principalement, des héroïnes : il a déclaré plusieurs fois, que pour lui, les femmes ont leur propre destinée en main. Ce sont des héroïnes, elles choisissent ce qu’elles doivent faire et quand il y a un personnage masculin qui est à leur côté ça peut être un ami, ça peut être un amoureux éventuellement, ça peut être un père, ça peut être un allié, mais jamais un sauveur. Il a toujours vu les femmes qui l’entouraient comme des personnes extrêmement fortes, indépendantes et il n’a jamais voulu niveler l’un ou l’autre.       
Le Japon a en effet, ce côté un petit peu paradoxal. C’est un pays extrêmement patriarcal avec des règles, comme la femme devant rester au foyer, etc. Mais en même temps, il y a cette idée d’émancipation de l’être et de prendre en main sa destinée d’une certaine manière. Et chez Miyazaki c’est extrêmement important.

Un poète de l'animation

En savoir plus : Philosopher avec Miyazaki
Philosopher avec Miyazaki

Hayao Miyazaki a poétisé l’animation. À l’inverse du schéma Disney autour du sauvetage d’une princesse en détresse entourée de méchants, les films Ghibli prônent l’entraide et la découverte de soi. Le succès est tel que la musique du film Totoro est chantée dans les écoles maternelles japonaises.

Malheureusement les studios Ghibli s’approchent de la fin. Isao Takahata est décédé en 2018 et Hayao Miyazaki veut partir à la retraite depuis déjà des années. Mais aucun réalisateur ne colle au style “Ghibli”. Le réalisateur a fait une première annonce de retraite en 1997 après La princesse Mononoké qui l’avait épuisé, il réitère en 2004 après le Château Ambulant et en 2012 après Le vent se lève.

Alexandre Mathis conclut : Le vent se lève devait être son dernier film, mais il veut finalement en refaire un et la seule chose qui l’arrêtera c’est le fait qu’il perde la vue petit à petit, et la mort. Comme Takahata a fini son dernier film et est mort peu de temps après, je pense qu’il n’y a que ça qui l’arrêtera, il n’y aura pas vraiment d’héritier. Et toute la question pour Ghibli tourne autour de cette mutation à trouver un héritier. Il y aura sûrement un nouveau Hayao Miyazaki un jour, au sens où il y aura une nouvelle personnalité japonaise d’animation qui aura un immense succès, mais ça ne sera peut-être pas avec Ghibli, c’est très flou. Et Miyazaki lui-même dit : “De toute façon je sais très bien que le studio va mourir.” Il est très fataliste là-dessus.

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