Le 30 décembre dernier, “les Irakiens se sont réveillés avec un massacre qui a coûté la vie à 20 personnes d’une même famille, dont 12 enfants. Le plus jeune n’avait que 15 jours”, écrit une journaliste irakienne sur le site Daraj. Une tragédie qui a “choqué la rue irakienne”. Comme Daraj, les grands titres de la presse irakienne n’ont pas hésité à utiliser le terme de “massacre”.

Le drame a eu dans le village de Rachayed, situé dans le district de Jableh, au cœur de la province de Babylone, dans le centre de l’Irak, lors d’une opération des forces spéciales et des agents du renseignement, qui ont pris d’assaut la maison de cette famille à la poursuite de personnes recherchées pour terrorisme.

Mais les contours de cette opération sont rapidement apparus flous, conduisant les autorités à ouvrir une enquête. La justice irakienne a livré ses conclusions lundi 3 janvier. Relayées par le journal irakien Al-Mada, elles indiquent que l’opération des forces de sécurité avait été lancée sur la base de “faux renseignements” fournis par un indicateur qui avait des “différends familiaux” avec l’une des victimes.

Qui protège le citoyen ?

Une dizaine d’officiers et d’agents sont visés par cette enquête mais le gouvernement de Moustafa Al-Kazimi a déjà pris plusieurs décisions, rapporte le quotidien panarabe Al-Arab. Ainsi, le chef de la police de la province de Babylone ainsi que les responsables des services de renseignement de la province et du district de Jableh ont été limogés.

Comme l’écrit le journal panarabe Asharq Al-Awsat, la justice et les autorités du pays ont fait preuve de célérité “sous la forte pression populaire et politique”, mais cela est insuffisant pour certains. Notamment pour le directeur de la rédaction du journal irakien Az-Zaman, selon lequel “le massacre ne sera pas sans conséquences”, rappelant que les pouvoirs publics “sont chargés de protéger les civils irakiens selon la Constitution”.

“Quelles lois peuvent-elles nous protéger d’un autre Jableh ?” s’interroge un chroniqueur sur le site irakien Kitabat. Il poursuit : “Quelles lois me protègent des conflits et de l’impulsivité de ceux qui ont le pouvoir de faire respecter les lois ? Qui protège le citoyen de la capacité de l’autorité et des abus des agents à même de punir le citoyen pour des raisons personnelles ?”

Et de conclure :

La situation ne peut pas rester en l’état. À chaque violation, crime ou acte de corruption, la confiance du citoyen dans les services [de l’État] s’amenuise jusqu’au strict minimum […] Ce qu’il faut, c’est un véritable programme de réformes.”