Agressions, harcèlement... À Lille, comment les femmes se protègent face aux violences sexistes

Lille est connue pour sa population étudiante. Les jeunes femmes s'y sentent-elles en sécurité ? Certaines ont accepté de témoigner de leurs expériences.

Les jeunes femmes se sentent-elles en sécurité à Lille?
Les jeunes femmes se sentent-elles en sécurité à Lille? (©MG/Liberté Caen/Archives)
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Le récent témoignage de Clara, victime de viol après avoir été droguée à la seringue à Lille, a touché les Lillois, et plus particulièrement les Lilloises, qui, conscientes du danger permanent qui les entoure, ont témoigné leurs expériences.

Mini bombe lacrymogène, « technique du jogging », application spécialisée… Malgré leur colère et leur volonté de ne pas céder à la peur, elles ont chacune leur technique pour se sécuriser au maximum lorsqu’elles sortent. Elles ont accepté de témoigner

Déodorant, baskets ou jogging : comment se défendre légalement?

Les jeunes femmes sont en colère. Elle scandent chaque jour leur volonté de pouvoir vivre sans crainte et profiter de l’espace public comme tout un chacun. Pourtant, aucune des jeunes femmes qui ont accepté de témoigner ne sort sans être certaine de pouvoir se défendre en cas d’agression.

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Léa a 21 ans, elle raconte qu’elle ne porte jamais de talons lorsqu’elle sort « au cas où il faudrait courir vite », et prend soin de placer un déodorant dans son sac. Certains outils de défense sont classés comme des armes et selon leur catégorie, il est illégal de les utiliser.

La « technique du déodorant » que Léa utilise, lui permet d’entrer dans des bars sans porter d’arme sur elle. Elle n’a jamais eu à s’en servir mais raconte que l’une de ses amies à dû en vaporiser dans les yeux d’un homme qui la harcelait.

Entre baskets et déodorant, ces jeunes étudiantes se privent souvent de porter certains vêtements. Léa utilise également ce qu’elle appelle « la technique du jogging », soit se restreindre dans le choix de sa tenue pour passer le plus inaperçue possible, en dépit de certaines tenues qu’elle préférerait porter pour faire la fête. 

Ces vêtements que l’on ne porte pas, et ces objets que l’on garde près de soi

Il est difficile pour ces jeunes femmes d’allier sécurité et engagement. Toutes sont féministes et luttent pour se réapproprier l’espace public, mais sont obligées de se sécuriser.

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Il y a ces vêtements que l’on ne porte pas et ces objets que l’on prend soin de placer à portée de main. C’est le cas de Margot, qui, malgré l’interdiction de posséder une petite bombe lacrymogène, ne sort jamais sans. Laura ironise : « Je préfère mettre mes clés en poing américain plutôt que de me munir d’un spray au poivre, car je serais capable de vaporiser le gaz dans le mauvais sens! ».

Elles échangent leurs techniques en riant, mais privilégient toujours les sorties en groupe. Cyriane se fait systématiquement raccompagner lorsqu’elle a trop bu, et Adèle utilise l’application Sekura, qui met à disposition une télécommande à quatre boutons, pour appeler un contact, appeler la police, envoyer sa localisation ou émettre un signal sonore. 

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Oser Dire Non œuvre pour la gratuité des protections de verre

Ces techniques de protection mettent ces jeunes femmes en colère. L’association féministe Oser Dire Non œuvre pour que l’Université de Lille et les bars de la ville distribuent des protections de verres gratuitement : « On veut que tout le monde puisse y avoir accès ».

Louna fait partie de cette association. En tant que membre, elle lutte pour que les étudiantes soient en sécurité, mais doit elle aussi, se sécuriser. Elle explique : « La vidéo de Clara ne m’a vraiment pas rassurée, je situais sans problème le lieu de son agression ». « Quand je sors, j’ai toujours mes clefs dans la main, et je m’arrange pour ne pas rentrer seule », poursuit-elle.

Les témoignages de ces jeunes femmes montrent qu’aucune d’entre elle ne se sent en sécurité dans la ville. Elles utilisent des techniques à elles ou qu’elle se partagent pour se sécuriser. Une triste réalité qui ne semble pas près de changer…

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