Ce chercheur toulousain fait partie des 10 personnalités scientifiques mondiales de l'année

  • Guillaume Cabanac devant le bâtiment de l'IUT de Toulouse à l'université Paul-Sabatier, où il est enseignant-chercheur
    Guillaume Cabanac devant le bâtiment de l'IUT de Toulouse à l'université Paul-Sabatier, où il est enseignant-chercheur DDM - FREDERIC CHARMEUX
Publié le , mis à jour

l'essentiel Guillaume Cabanac vient d’être sélectionné parmi les dix personnalités de l’année par la prestigieuse revue anglaise « Nature ». Ce chercheur en informatique de l’université Toulouse III Paul Sabatier, a conçu un logiciel qui traque les articles scientifiques « bidon ». Nous avons rencontré ce "détective de la tromperie", lanceur d'alerte de la communauté scientifique. 

Guillaume Cabanac vient d’être sélectionné parmi les dix personnalités scientifiques de l’année 2021, par la prestigieuse revue scientifique britannique, Nature.

Parmi les autres chercheurs distingués dans le prestigieux « Nature’s 10 » ? Le découvreur du variant Omicron ou le chef de la première mission chinoise vers la planète Mars.

Cet enseignant-chercheur en informatique de l’université Toulouse III Paul Sabatier a conçu un logiciel capable de dénicher les plagiats dans les articles scientifiques.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris cette distinction ?

C’est un immense honneur, que je partage avec toute la communauté de chercheurs qui participe à la « dépollution » des publications scientifiques, partout dans le monde. L’article de Nature me surnomme « détective de la tromperie ». C’est ce que je fais. Le logiciel que j’ai conçu fouille inlassablement les quelque 6 millions d’articles qui paraissent chaque année dans 40 000 revues scientifiques. Des plus prestigieuses publiées par Elsevier ou Springer, aux moins considérées. Plutôt cocasse, j’ai dénoncé des erreurs dans des articles publiés par le groupe Springer/Nature. Et c’est Nature, pourtant, qui m’a sélectionné…

"La course à la publication est parfois la plus forte (...) En Chine plus qu'ailleurs, c'est "publier ou périr".

Cela signifie que Nature considère votre travail comme majeur, même s’il conteste aussi ses propres publications.

Oui, et c’est rassurant. Cela veut dire que la communauté scientifique se soucie de ses fondements mêmes. Le « scepticisme organisé » est l’un de ses piliers. Cela signifie concrètement, que toute étude scientifique doit être examinée et validée par un collège d’experts, pour pouvoir être publiée. Lorsqu’un chercheur, dans son domaine, arrive à faire avancer la science, il se doit de partager son avancée avec le monde entier : il doit la publier. C’est le rôle des revues scientifiques. Une revue reçoit une demande de publication de la part de chercheurs, d’où qu’ils soient originaires dans le monde, et l’adresse, en aveugle, à deux ou trois spécialistes du sujet. Ces experts reconnus, qui peuvent être n’importe où dans le monde, formulent des remarques et questions aux auteurs, font un vrai travail d’enquête pour le valider.

Originaire de Martres-Tolosane, formé à Toulouse

Guillaume Cabanac a 39 ans, 3 enfants, et il est originaire de Martres-Tolosane, dans le sud de la Haute-Garonne. Il a fait ses études à l’IUT d’informatique de l’université Paul-Sabatier, dans le locaux où il est aujourd’hui enseignant chercheur. Une rareté de nos jours. « Je suis une espèce en voie de disparition. Je suis né ici, j’ai fait mes études ici, et j’enseigne ici ». Ce qui, selon Guillaume, ne devrait pas être un handicap. « Les recruteurs ne regardent trop souvent que les lieux d’étude, se basent sur la réputation ». Sa distinction internationale va replacer encore un peu plus sur la carte du monde, l’université Toulouse III Paul-Sabatier et son IUT.

Ce principe n’est pas toujours respecté ?

C’est ce que montre mon travail. Certains éditeurs « prédateurs », n’hésitent pas à faire payer les auteurs, pour publier des pseudo-articles qui plagient des publications légitimes. On se rend compte que la course à la publication est parfois la plus forte. C’est particulièrement vrai de la part de chercheurs indiens et chinois. En Chine, plus qu’ailleurs, c’est « publier ou périr ». Les chercheurs sont obligés d’enseigner, de chercher et trouver pour publier et atteindre des quotas annuels. Or, c’est impossible. Tous n’en ont matériellement ni le temps, ni les moyens.

"Certains chercheurs s'adressent à des agences, qui emploient des gens qui assemblent des pseudo-articles..."

Alors, certains s’adressent à des agences, qui emploient des gens formés en sciences et assemblent des pseudo-articles, souvent à la va-vite, en y collant le nom du chercheur-client. Il s’agit heureusement, de bien moins d’1 % des publications scientifiques dans le monde. Mais cela reste inacceptable. Lorsqu’il s’agit de publications médicales qui touchent à des domaines aussi sensibles que le cancer, les maladies orphelines, voire le Covid, c’est totalement inenvisageable. La science repose sur la confiance. On ne peut rien laisser passer. S’il y a 15 000 avions dans le ciel, et qu’il y en a un qui se crashe chaque jour, on ne peut pas dire que c’est acceptable. C’est pareil pour les publications scientifiques. Chaque publication est une brique constituant le mur de la science. Si le mur est construit avec des briques pourries, il s’effondre. Cela peut s’avérer gravissime.

"Les faussaires volent des passages d’articles publiés"

Comment arrivez-vous concrètement à détecter des articles frauduleux ?

Le logiciel que j’ai mis au point effectue un criblage permanent de toute la littérature scientifique. C’est un détective à l’écoute de ses « indics », qui sont les expressions torturées. Ce sont des expressions utilisées par les plagiaires pour se dissimuler. Par exemple, ils écrivent « péril de poitrine » pour un cancer du sein (en anglais). Les faussaires volent des passages d’articles publiés, utilisent un programme pour changer les mots par des synonymes et s’approprient ce texte paraphrasé. Voilà comment des milliers d’articles frauduleux sont publiés chaque année. Et comment nous en avons fait retirer des centaines par leurs éditeurs, en 2021.

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Les commentaires (4)
grandcerfrevolutionnaire Il y a 2 années Le 07/01/2022 à 11:13

Vous avez lu l'article les anti vax manipulés incultes ?!

MacGuffin Il y a 2 années Le 07/01/2022 à 12:05

Les antivax ne relèvent pas des sciences dures mais humaines, en l’occurrence de la sociologie.
Calmez-vous.

MacGuffin Il y a 2 années Le 07/01/2022 à 06:24

Bravo mon gars.
Bon c'est de la science au service de la lutte contre les méfait de la science (comme 95% de la science d'ailleurs), mais ça reste hélas indispensable.
Bonne continuation.

obama Il y a 2 années Le 07/01/2022 à 00:10

Félicitations !