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En Iran, le poète emprisonné Baktash Abtin meurt faute d’accès aux soins

Transféré très tardivement dans un hôpital, il a succombé au Covid-19 qu’il avait contracté dans la prison d’Evin.

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Publié le 10 janvier 2022 à 10h26

Temps de Lecture 2 min.

L’écrivain iranien Baktash Abdin, sur une photo non datée postée sur le compte Twitter de Reporters sans frontières.

Avant de purger sa peine de six ans d’emprisonnement, en septembre 2020, le poète et réalisateur iranien Baktash Abtin avait enregistré et publié une vidéo dans laquelle il expliquait ses raisons de ne pas fuir sa peine ni sa patrie. « Ce qui manque dans notre pays, ce sont des gens qui résistent et qui se battent. C’est pour cela que j’aimerais sacrifier ma vie, avec détermination, pour la liberté tant que je suis jeune », déclarait cet Iranien de 48 ans. Le 8 janvier, il est mort dans un hôpital de Téhéran des complications du Covid-19 qu’il avait contracté à la prison tristement célèbre d’Evin.

Dans un communiqué détaillé, l’Association des écrivains iraniens – organisation indépendante qui se bat contre la censure et pour la liberté d’expression à laquelle appartenait Baktash Abtin – accuse, sans détour, le régime iranien d’avoir tué « délibérément » le poète. Les geôliers de ce dernier ont retardé son accès aux soins vitaux, mettant dix jours avant de le transférer à un hôpital où il a été finalement pris en charge, le 13 décembre 2021. « A ce moment-là, il n’était qu’un corps à moitié vivant », peut-on lire dans ce communiqué. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a également accusé les autorités iraniennes d’être responsables de la mort du poète, pour l’avoir privé du droit d’avoir accès aux soins.

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En 2019, Baktash Abtin avait été condamné avec deux autres membres de l’Association des écrivains iraniens, Keyvan Bajan et Reza Khandan Mahabadi, pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et « propagande » contre la République islamique. Le poète avait été arrêté en 2016 alors qu’il participait à la cérémonie de commémoration des intellectuels tués en 1999 par le renseignement iranien. A l’époque, le président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005) avait, dans un geste sans précédent, reconnu la responsabilité de certains agents. Or, rendre hommage aux victimes de ce sombre épisode ou les mentionner dans la presse reste encore impossible, sinon hasardeux.

Durcissement de la répression

En septembre 2021, M. Abtin et ses coaccusés avaient reçu le prix PEN-Barbey Freedom to Write (« liberté d’écrire »), décerné par le groupe de défense des droits des écrivains PEN America pour rendre hommage à leur engagement.

Les funérailles de Baktash Abtin ont eu lieu dimanche 9 janvier dans le sud de la capitale. Le jour de la cérémonie a été modifié sous la pression des services de renseignement qui voulaient empêcher la présence d’une foule importante. Certains participants à l’enterrement ont scandé des slogans contre le régime iranien, « Ce poète libre est le cauchemar du tyran ! » et « Mort au gouvernement meurtrier ! »

Depuis la mort de Baktash Abtin, l’une des photos de sa période d’hospitalisation est devenue le symbole de son engagement et de l’injustice dont il a été victime. Sur ce cliché, partagé largement sur les réseaux sociaux, l’homme aux cheveux gris est allongé sur un lit d’hôpital et lit un livre. Vêtu d’un uniforme bleu de prison, ses chevilles sont enchaînées l’une à l’autre.

Ces dernières années, des dizaines de prisonniers politiques ont perdu leur vie dans les geôles iraniennes en raison du refus des autorités de leur fournir un accès aux soins. Baktash Abtin est le plus connu de ces victimes, témoignant du durcissement de la répression en République islamique d’Iran.

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