Partager
Cerveau et psy

Covid-19 : quels sont à ce jour les impacts neurologiques connus du virus ?

Sciences et Avenir fait le point sur ce que l’on sait actuellement des impacts neurologiques du Covid-19, alors que le monde fait face à cette épidémie depuis bientôt deux ans.

1 réaction
Illustration numérique du Covid-19 impactant le cerveau.

Plusieurs conséquences d'ordre neurologique ont été observées chez les individus ayant contracté le Covid-19 depuis le début de la pandémie en 2020.

KATERYNA KON / SCIENCE PHOTO LIBRA / KKO / Science Photo Library via AFP

Bien que le Covid-19 soit une maladie aux symptômes en grande partie respiratoires, le virus SARS-CoV-2 a été reconnu comme un potentiel virus neurotrope, c’est-à-dire pouvant infecter les cellules du système nerveux, dès 2020. Le virus pourrait en effet accéder au cerveau via les voies olfactives, en remontant depuis les neurones récepteurs olfactifs (NRO) se trouvant dans la cavité nasale.

Parmi les individus ayant contracté le SARS-CoV-2, plus de la moitié (54%) présentent encore des symptômes six mois après l’infection, comme l’indiquait une revue systématique publiée le 13 octobre 2021 dans le journal JAMA Network Open. Ces formes “à rallonge” de la maladie, que l’on appelle Covid long, démontrent que les conséquences du virus sur le corps humain dépassent de loin la simple durée de l’infection. Comme le signalait Sciences et Avenir lors de la publication de cette étude, “certains des symptômes les plus fréquents concernaient des troubles neurologiques, comme des difficultés de concentration (24%) et des problèmes de mémoire (19%)”.

“Une source d’inquiétude”

Une étude parue dans la revue Nature Review Neurology dresse une analyse de deux publications récentes pour synthétiser le “coût neurologique” du virus auquel le monde fait face depuis les premiers mois de 2020. D’après le Dr. Abdul Mannan Baig de l’Université Aga Khan (Pakistan), auteur de cette synthèse, les manifestations neurologiques du Covid-19 chez les patients ayant contracté ce virus sont “fréquentes” et “augmenteront vraisemblablement le poids de la morbidité et de la mortalité”.


L'unité de soins intensifs pour patients Covid à l'hôpital Grande Ospedale Metropolitano (Italie). Crédits : Fortunato Serrano'/AGF/SIPA

À partir de l’analyse de données provenant de 55 pays différents, “un total de 41 manifestations neurologiques pouvant se produire en conjonction avec le Covid-19 ont été identifiées”. Leur fréquence est effectivement importante : environ un tiers des personnes ayant contracté le virus présentent au moins l’une d’entre elles. Pour le Dr. Abdul Mannan Baig, il s’agit d’une “source d’inquiétude” importante à ne pas négliger.

Des différences selon l’âge

Une différence selon l’âge des patients dans les manifestations neurologiques observées après avoir contracté le Covid-19 a été attestée par l’étude en question. Pour les personnes plus âgées (60 ans et plus), une confusion générale, des délires, une fatigue importante et des douleurs musculaires sont plus fréquentes. Chez les plus jeunes (à partir de 18 ans), les symptômes neurologiques les plus fréquents sont la perte d’odorat et/ou de goût, ainsi que les maux de tête et migraines récurrentes. Dans certains cas, des crises d’épilepsie (sans occurrence précédente chez les patients concernés) ont été relevées.

Chez les patients ayant un ou plusieurs symptômes neurologiques, la mortalité atteint un total de 27% tous âges confondus, ce que l’auteur décrit comme “alarmant”. D’après les études analysées, elle est toutefois “particulièrement plus élevée chez les personnes de 60 ans et plus”.

Impact sur les nourrissons nés pendant la pandémie

Une récente étude parue dans la revue JAMA Pediatrics a également questionné l’impact de l’exposition au Covid-19 des mères durant la grossesse sur le développement neurocomportemental des nourrissons. L’équipe américaine a testé, entre autres, la motricité globale, la motricité fine de 255 enfants de 6 mois.


Un nouveau-né dans le secteur des patients Covid-19 à la maternité d'un hôpital à Pyatigorsk (Russie). Crédits : Denis Abramov / Sputnik / Sputnik via AFP

D’après leurs résultats, ce n’est pas le fait que les mères aient été exposées au Covid-19 durant la grossesse qui joue un rôle, mais le fait que les nourrissons en question soient nés pendant cette période de pandémie : les résultats de ceux dont la mère avait été exposée et de ceux dont ce n’était pas le cas étaient similaires. En revanche, comparativement aux résultats d’enfants du même âge nés avant la pandémie de Covid-19, les résultats de la cohorte en question étaient significativement plus bas, ce qui “confirme la nécessité d’un suivi à long terme de ces enfants nés durant la pandémie”.

Comment le SARS-CoV-2 accède-t-il au cerveau ?

Comme évoqué précédemment, l’une des possibilités explorées par les chercheurs serait que le SARS-CoV-2 accède au cerveau en remontant par la cavité nasale, notamment via la muqueuse olfactive qui la tapisse et où le virus est très concentré (c’est notamment pour cela que les tests réalisés pour détecter sa présence sont réalisés dans le nez). D’après un article de Nature, bien que les autopsies ne révèlent que peu de présence du virus dans le cerveau humain après l’infection, “cela ne signifie pas qu’il n’infecte pas du tout les cellules cérébrales”.

Des études suggèrent que le SARS-CoV-2 pourrait infecter les astrocytes, et non les neurones. Les astrocytes sont des cellules gliales du système nerveux central, à savoir les cellules constituant l’environnement des neurones, et qui jouent essentiellement un rôle protecteur pour ces derniers. Arnold Kriegstein, neurologue de l’Université de Californie à San Francisco (États-Unis), explique que “les astrocytes contribuent pour beaucoup au fonctionnement normal du cerveau”, notamment “en fournissant aux neurones les nutriments dont ils ont besoin”.


Un astrocyte et un vaisseau sanguin. Crédits : KATERYNA KON / SCIENCE PHOTO LIBRA / KKO / Science Photo Library via AFP

D’après le neurologue américain, l’infection des astrocytes par le virus du Covid-19 expliquerait un certain nombre de symptômes neurologiques observés chez les individus ayant contracté le virus, comme la fatigue générale, la confusion et les troubles de mémoire : “ces symptômes ne sont pas nécessairement dus à un endommagement des neurones eux-mêmes, mais peuvent refléter un certain dysfonctionnement, cohérent avec une vulnérabilité des astrocytes.” Une piste qui reste donc à explorer pour mieux comprendre les impacts neurologiques du Covid-19.

1 réaction 1 réaction
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications