À Strasbourg, un numéro dédié aux victimes de violences sexuelles dans l’Église catholique

Les victimes peuvent désormais joindre les « écoutants experts » de France Victimes au 06.09.73.96.78. L’écoute est gratuite et anonyme.

Publié le |Mis à jour le |Pour information, cet article a été écrit il y a 2 ans.

C’est l’une des premières conventions du genre et elle pourrait inspirer d’autres évêchés. Le diocèse de Strasbourg et l’association France Victimes ont annoncé, mardi 11 janvier, l’ouverture d’une ligne téléphonique dédiée aux victimes de violences sexuelles dans l’Église catholique. Joignable au 06.09.73.96.78, celle-ci vise à libérer la parole des victimes et à leur apporter une écoute et une aide psychologique, juridique et sociale.

Ce nouveau numéro (06 09 73 96 78) dédié aux victimes de pédocriminalité et de violences sexuelles dans l’Église est ouvert du lundi au vendredi, de 9h à 17h, comme le précise France Bleu. Il a été mis en place via la signature, à la mi-décembre, d’une convention entre le diocèse de Strasbourg et l’association laïque SOS Aide aux habitants France Victimes 67.

L’appel est gratuit et anonyme. Quatre « écoutants » de l’association France Victimes, deux psychologues et deux juristes, assurent la permanence et sont susceptibles d’apporter aux victimes une aide psychologique, sociale et éventuellement juridique. Si besoin, un rendez-vous peut-être pris en 48 heures maximum, rapporte France Bleu.

Par ailleurs, un protocole est aussi mis en place pour transmettre au Parquet des signalements d’infractions sexuelles.

169 victimes recensées en Alsace

Ce nouveau numéro est d’autant plus bienvenu que les témoignages de violences et agressions sexuelles dans l’Église continuent à affluer. En octobre 2021, le diocèse de Strasbourg indiquait avoir identifié 169 victimes présumées de violences sexuelles dans son périmètre. Depuis, 64 témoignages supplémentaires sont arrivés, soit près de quatre par semaine.

Pour aider ces victimes — dont certaines dénoncent des faits récents et non prescrits — et libérer au mieux leur parole, le diocèse a donc confié la gestion de la ligne d’écoute à une association laïque et indépendante. L’idée étant aussi de permettre une prise en charge rapide, explique à France Bleu Monseigneur Luc Ravel, archevêque de Strasbourg.

« La parole d’une victime, quand elle se déclenche, elle a besoin d’un accompagnement immédiat. Donc les personnes ont besoin d’une réactivité et, je crois, d’une neutralité. C’est-à-dire que l’on ne soit pas immédiatement dans le religieux. Le rapport de la CIASE nous a montré que le rapport moyen est d’à peu près une victime connue pour 62 victimes. Donc l’immense majorité n’a pas encore frappé à la porte de l’Église et je crois que la relation est tellement blessante par rapport à l’Église, qu’ils ne pousseront pas la porte de l’Église en premier ».

Monseigneur Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, France Bleu

Cette ligne d’écoute permet également d’offrir un espace neutre aux victimes qui ont coupé les ponts avec l’Église. « 90 % des victimes ont claqué la porte de l’Église, donc il faut aller chercher les victimes là où elles sont », confie à France Bleu sœur Suzannah Kelly, déléguée épiscopale à la question des abus sexuels dans l’Église.

Bientôt des indemnisations

En plus de la permanence téléphonique gérée par France Victimes, une autre mesure est d’ores et déjà envisagée par le diocèse de Strasbourg : l’indemnisation des victimes. Il a déjà provisionné plus de 300 000 euros à cet effet, indique France Bleu. L’archevêque précise que des biens immobiliers pourraient aussi être vendus, si nécessaire. « On fera un effort progressif, en fonction des demandes. Nous sommes partis sur une somme globale sur le diocèse de 300 000 euros pour démarrer. Ensuite on envisagera toutes les possibilités, de l’emprunt à la vente » dit-il à France Bleu.

Des violences « systémiques »

L’ampleur des violences sexuelles dans l’Église a été mise au jour par le rapport de la CIASE, dit rapport Sauvé, paru en octobre 2021. Celui-ci estime à 216 000 le nombre de mineurs ayant fait l’objet de violences ou agressions sexuelles par des clercs ou religieux catholiques en France, de 1950 à 1920. Selon ce rapport, « 3 à 4 % des personnes victimes se sont manifestées, ce qui veut dire que l’immense majorité des victimes ne se sont pas manifestées », restant dans cet « angle mort », a souligné l’archevêque de Strasbourg, cité par BFM.

En novembre 2021, la Conférence des évêques de France (CEF) a décidé de « reconnaître la responsabilité institutionnelle de l’Église  » catholique dans les violences sexuelles subies par des milliers de victimes et la « dimension systémique » de ces crimes, comme le rappelle Le Monde. Dans la foulée, la CEF et la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) ont signé une convention et ouvert un numéro national d’écoute et d’accompagnement dédié aux victimes de violences sexuelles au sein de l’Église. Il s’agit du 01.41.83.42.17.

Une initiative bienvenue pour aider les victimes à libérer leur parole et les accompagner dans leurs procédures.

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