Agriculture : L’interdiction de la castration à vif des porcelets, une mesure qui ne satisfait pas grand monde

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C’est une des nouveautés de ce début d’année, depuis le 1er janvier, la castration à vif des porcelets est interdite en France. Elle était largement pratiquée dans les élevages français mais la mesure ne satisfait pas grand monde.

La fin de la castration à vif était demandée depuis de nombreuses années au nom du bien-être animal

La castration à vif concernait jusque-là 9 millions de cochons mâles en France. Une pratique utilisée notamment pour éviter une viande dite odorante. Selon Philippe Le Coz, vétérinaire et président de la Commission porcine de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires : « au moment de la puberté il y a des changements hormonaux qui viennent donner une odeur à la viande. Lors de la consommation le goût peut aussi gêner certains consommateurs. C’était donc traditionnel de consommer uniquement de la viande de porc mâles castrés ».

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Les porcs castrés sont ensuite plus gras et ils sont demandés par les abatteurs et les transformateurs pour la charcuterie sèche. La fin de la castration à vif était demandée depuis de nombreuses années au nom du bien-être animal. Oui, répond Carole Joliff éleveuse de porcs dans les Côtes d’Armor, secrétaire nationale de la Fédération nationale porcine, mais c’est une nouvelle contrainte : « c’est forcément plus contraignant pour les éleveurs puisqu’il s’agit d’un nouveau protocole de castration. Ce sont aussi des coûts supplémentaires qui devront être répercutés sur le prix de vente des cochons ».

Aujourd’hui, 84% des porcs élevés pour la Cooperl ne sont plus castrés

La Fédération nationale porcine parle d’un surcoût de 13 centimes d’euros par kilo et par mâle castré. Un surcoût car désormais seule la castration avec anesthésie locale est autorisée. Et elle ne l’est que pour les éleveurs sous contrats avec leurs distributeurs ou sous labels. La mesure est saluée par Léopoldine Charbonneaux de l’association de bien-être animal CIWF. Mais le gouvernement aurait dû aller plus loin selon elle : « ce qu’il faudrait faire en pratique, c’est d’interdire la castration tout court puisqu’il y a le stress et la douleur malgré les anesthésiants et analgésiques. C’est quand même un problème de bien-être animal. Interdire seulement la castration à vif ce n’est pas s’attaquer au vrai fond du problème ».

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Même avis du côté du vétérinaire Philippe Le Coz qui regrette une occasion manquée : « on a raté ce rendez-vous puisqu’on aurait pu aller plus loin en trouvant des alternatives à la castration ». Des alternatives existent notamment sur la question de la viande odorante avec des nez humains installés dans les abattoirs. Pour Mickael Benoit, administrateur à la coopérative la Cooperl : « un nez c’est une personne qui détecte les odeurs des carcasses qui passent sur la chaîne. Lorsque l’une d’elles est trop odorante elle est sortie du circuit classique et sera valorisée différemment ». Aujourd’hui, 84% des porcs élevés pour la Cooperl ne sont plus castrés. Ce sont des mâles entiers qui coûtent aussi moins chers à produire car ils sont moins gourmands. Pourquoi les autres éleveurs ne passent pas aux mâles entiers ? Les abatteurs et les transformateurs demandent encore des mâles castrés répond la Fédération nationale porcine.

Baptiste Gaborit

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