Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Un haut gradé du renseignement syrien condamné à la perpétuité en Allemagne pour crimes contre l’humanité, une première historique

Anwar Raslan a été reconnu coupable de la mort de prisonniers et de la torture de milliers d’autres dans un centre de détention secret du pouvoir syrien.

Le Monde avec AFP

Publié le 13 janvier 2022 à 11h03, modifié le 13 janvier 2022 à 18h44

Temps de Lecture 2 min.

Anwar Raslan, le 23 avril 2020.

Un ancien colonel des services de renseignement syrien a été condamné, jeudi 13 janvier, par la justice allemande à la prison à vie pour crimes contre l’humanité dans le cadre du premier procès au monde lié aux exactions attribuées au régime de Bachar Al-Assad.

La Haute Cour régionale de Coblence a reconnu coupable le Syrien Anwar Raslan, 58 ans, de la mort de prisonniers et de la torture de milliers d’autres dans un centre de détention secret du pouvoir à Damas, entre 2011 et 2012. Les juges ont retenu la culpabilité de l’ex-haut gradé pour le meurtre de 27 personnes dans le centre de détention d’Al-Khatib, dit aussi « branche 251 ».

Il s’agit de la deuxième condamnation dans ce procès après celle, en février 2021, d’un ancien agent moins gradé du renseignement syrien, Eyad Al-Gharib, un ancien membre de ces services de renseignement. « C’est vraiment historique ! », a commenté le directeur exécutif de l’ONG Human Rights Watch, Kenneth Roth.

Anwar Raslan resté muet tout le long du procès

Près de onze ans après le début du soulèvement populaire en Syrie, l’audience qui s’achève était la première à examiner les crimes imputés au régime syrien et maintes fois documentés par des activistes syriens et des ONG. L’Allemagne applique le principe juridique de la compétence universelle, qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, quels que soient leur nationalité et l’endroit où ils ont été commis.

En 2016, une commission d’enquête de l’Organisation des Nations unies (ONU) avait accusé le régime Assad d’« exterminer » des détenus. Anwar Raslan, qui dirigeait le service des enquêtes de la branche 251 du tentaculaire appareil de sécurité syrien, est resté muet tout au long de ce procès-fleuve débuté le 23 avril 2020.

En mai 2020, ses avocats avaient toutefois lu une déclaration écrite dans laquelle l’ancien officier niait son implication présumée dans la mort et la torture de détenus. Une affirmation qu’il a répétée au début de janvier, par la lecture d’une nouvelle déclaration par son interprète, avant que la Cour se retire pour délibérer.

Près de 80 témoins à la barre

Des militants syriens portent des photos de victimes du régime syrien devant la Haute Cour régionale de Coblence, en Allemagne, le 13 janvier 2022.

Au moins une douzaine de victimes ont assisté au verdict. Des familles syriennes s’étaient rassemblées en tout début de matinée devant le tribunal, tenant des banderoles et des affiches demandant « Où sont-ils ? », en référence à leurs frères et sœurs disparus dans les centres de détention syriens.

Plus de 80 témoins ont défilé à la barre, dont douze déserteurs et de nombreuses victimes, qui ont exposé les sévices endurés dans des cellules insalubres et bondées de ce centre de détention secret : électrochocs, coups de pied et de câble, etc. Certains témoins ont néanmoins refusé de se présenter, d’autres ont été entendus le visage dissimulé ou coiffés d’une perruque par crainte de représailles sur leurs proches toujours en Syrie.

Pour la première fois, des photos de « César » ont été présentées dans un tribunal. Cet ex-photographe militaire a exfiltré au péril de sa vie plus de 50 000 clichés montrant des milliers de détenus morts suppliciés. Un autre Syrien a également témoigné des fosses communes dans lesquelles les cadavres des détenus morts étaient enfouis.

Dans son réquisitoire, le procureur, qui avait évoqué la responsabilité historique de l’Allemagne, a cité un survivant de la Shoah. Le conflit en Syrie a fait près de 500 000 morts et poussé 6,6 millions de personnes à l’exil à l’étranger.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.