Les réseaux : l’ascenseur social des jeunes de banlieue

Deux petites filles marchent dans les rues du quartier Saint-Jacques, le quartier gitan de Perpignan ©AFP - Raymond Roig
Deux petites filles marchent dans les rues du quartier Saint-Jacques, le quartier gitan de Perpignan ©AFP - Raymond Roig
Deux petites filles marchent dans les rues du quartier Saint-Jacques, le quartier gitan de Perpignan ©AFP - Raymond Roig
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Avec 1,7 millions d'abonnés, Nasdas est le premier snapchateur de France. Pourtant, il vit dans un des quartiers les plus pauvres de Perpignan. En quelques vidéos, Nasser Sari a changé son destin et celui de ses proches. Les réseaux sont-ils un ascenseur social dans les quartiers populaires ?

L'ascenseur social est en panne, mais pas sur les réseaux sociaux, notamment pour la jeunesse des quartiers populaires. Sur Snapchat, Tiktok ou Youtube, elle se fait influenceuse. C’est comme une voie d’émancipation uberisée, plateformisée qui se dessine.

Nasdas, "snapchateur" de Perpignan et premier influenceur du réseau en France

Commençons par Nasser Sari, plus connu sous le nom de NasDas sur les réseaux, le premier snapchateur de France avec ses 1,7 millions d'abonnés. Le jeune homme habite le quartier Saint-Jacques à Perpignan, le quartier gitan de la ville.

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Nasser raconte la genèse de son succès "J’avais Snapchat comme tout le monde, je prenais des photos j’avais 60 amis. Un jour, je prends une vidéo et je mets une petite gifle à mon collègue. Et ça fait rire mes 59 autres collègues ; ils ont partagé, repartagé, repartagé et de 60 vues c’est passé à 5 000, 10 000 etc... j’étais choqué !”.

La fabrique du succès de NasDas : montrer son quartier et ses différences : “Pour moi mon quartier était normal, mais j’ai compris que pour les gens d’ailleurs, il était pas normal." Et Nas Das se promène dans les ruelles, filmant alternativement la vie, les gosses et lui-même. Il montre la pauvreté et des gosses qui fument, qui dealent, auxquels il dit d’aller à l’école, de travailler et que la France c’est leur pays. Nas Das veut se présenter aux élections législatives.

À Marseille, Nordine Iddir et ses milliers d'abonnés

La banlieue ce n'est pas rose, c’est vrai à Perpignan comme à Marseille. Les quartiers nord ont aussi leurs chroniqueurs. Le plus célèbre : Nordine Iddri, 81 900 abonnés sur Twitter, 142 000 sur Instagram, 264 000 sur Twitch, 189 000 sur sa chaîne Youtube...

Nordine touche 1 euro toutes les mille vues, ce n'est pas beaucoup mieux que les 100 euros par jour payés à faire le guet pour les dealers. Mais progressivement, le gamin est repéré par un collectif sur Fortnite, un jeu vidéo très populaire chez les jeunes, et devient une vraie star des réseaux. Il y présente sa vie à la cité “24h dans la peau d’un guetteur” postée fin décembre 2020 a récolté aujourd’hui presque 3 millions de vues.

Les success stories se succèdent mais ne se ressemblent pas. Rappelez-vous Morsay. L'ancien vendeur de T-shirt et de CD des Puces de Clignancourt et rappeur à ses heures a aussi annoncé fin décembre 2021 dans une vidéo qu’il était candidat à la présidentielle.  Mais si on se rappelle bien, avant tous ses bonshommes, il y eut une femme et avant snapchat il y avait les blogs : rappelez-vous “Maman travaille” de Marlène Schiappa : les réseaux sont un réseau, et parfois, ça marche !

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