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Affaire Takieddine : nouveaux témoignages accablants contre Sarkozy et "Mimi" Marchand
Nicolas Sarkozy sur TF1 en mars 2018.
AFP

Affaire Takieddine : nouveaux témoignages accablants contre Sarkozy et "Mimi" Marchand

Révélations

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Sur France 2 ce jeudi soir, l'émission « Complément d’enquête » révèle deux témoignages à charge contre Michelle Marchand, la reine des paparazzis, et par ricochet Nicolas Sarkozy, dans un des volets du financement de la campagne de l'ex président en 2007. Mais faut-il croire les deux accusateurs qui s'expriment devant la caméra ?

C'est un portrait non autorisé détonnant que l’émission « Complément d’enquête » propose ce jeudi soir * sur Michèle Marchand, reine des paparazzis qui a réussi à pénétrer les premiers cercles du pouvoir jusqu’à devenir une familière des couples Sarkozy et Macron. Tour à tour garagiste, tenancière de boîte de nuit, informatrice de haut vol pour la presse people ou la police, cette femme de 74 ans a eu mille vies flirtant souvent avec la limite de la légalité. Limites parfois franchies qui l’ont menée à des séjours en prison. D’où elle a pourtant su, à chaque fois, ressortir sans trop lester son CV pour mieux rebondir et renaître professionnellement. Comme en devenant une communicante politique madrée spécialiste en gestion de scandales.

Mise aujourd’hui en examen pour « subornation de témoin » et « association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée » dans l’affaire Takieddine, son portrait dont elle aurait réussi à prendre connaissance ce matin l’aurait rendu furieuse. Et il y a de quoi. Deux autres mis en examen dans ce dossier – et qui ont participé à ses côtés à la mise en œuvre de la rétractation dans Paris Match des propos contre l’ex-président français du marchand d’armes franco-libanais – la chargent lourdement.

Une interview pour blanchir Sarkozy

Pour rappel, l’objectif de Michèle Marchand dans cette opération était de blanchir Nicolas Sarkozy de tout soupçon de financement par Kadhafi de sa campagne présidentielle 2007. C’est du moins la thèse des juges. Thèse corroborée par ses anciens comparses. « Elle s’est sacrifiée pour cette interview (de Takieddine dans Paris Match, N.D.L.R.), cela lui a coûté beaucoup d’argent, 60 000 euros », assure Noël Dubus interrogé par téléphone.

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Thomas Nlend qui a servi de boîte postale entre Dubus et Marchand est encore plus précis. « Son idée était de faire un scoop, ce scoop avait d’autant plus de valeur qu’il allait innocenter un ami », souligne-t-il. « Nicolas Sarkozy ? » interroge le journaliste. « Oui ! », répond Nlend. Accablant pour Michèle Marchand et l’ex-président.

Habitués des coups fourrés

Des propos à prendre cependant avec des pincettes. Les deux lascars, amis depuis des années, sont des experts en coups fourrés. Comme dans l’affaire Tron où ils ont tenté de monnayer l’enregistrement réalisé à son insu de l’une des plaignantes. Et les rois du bobard. L’un, Thomas Nlend, escroc sans envergure devenu scénariste, fait aujourd’hui une tentative de réhabilitation dans un livre en prétendant qu’il a infiltré le mouvement d’Alain Soral dont il était le bras droit. Infiltration menée sous l’égide d’un certain « Monsieur Antoine », soi-disant officier du Siat, service technique chargé des infiltrations en France, qui n’était autre que Noël Dubus. L’indic d’un indic en somme… On a vu mieux comme gage de crédibilité.

Dubus, c’est bien ce même escroc, barbouze et mythomane dont Marianne a relaté les étonnantes tribulations et qui a été condamné au moins douze fois depuis 1996 avec un total de seize ans de prison requis par les juges. Même Mimi Marchand se serait laissée berner par la faconde du personnage. Dans son téléphone portable, les policiers ont retrouvé la bio très améliorée du bougre. « Conseiller de l’ombre auprès de certains chefs d’Etat et ministres africains », consultant pour la Cour pénale internationale jusqu’à son aide pour retrouver des Picasso volés pour des services secrets américains, tout empeste pourtant la supercherie. Le policier qui l’a interrogé dans le cadre de l’affaire Takieddine ne s’y est d’ailleurs pas trompé : « Pour quelle raison, raille-t-il, une agence américaine ferait-elle appel à un homme se présentant comme un lord mais ne parlant pas la langue de Shakespeare, et un conseiller diplomatique apatride, vivant encore chez ses parents à 53 ans, pour retrouver des tableaux volés à travers le monde ? »

Dans l’affaire Takieddine, Dubus et Nlend auraient-ils, pour une fois, dit la vérité ? Aux juges de démêler le fil de cet incroyable écheveau…

« Portrait d’une influente de la République », réalisé par Thomas Lelong sur France 2 à 23 heures.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne