La planète a gagné environ +1,1°C depuis l’ère pré-industrielle, entraînant déjà une multiplication des canicules, inondations ou tempêtes. Le monde s’est engagé à limiter ce réchauffement bien en deçà de +2°C, +1,5°C si possible, mais les experts climat de l’ONU (GIEC) estiment que le seuil de +1,5°C pourrait déjà être atteint autour de 2030.
Faux espoirs et perturbations météorologiques
Face à l’échec à réduire les émissions de CO2 responsables du réchauffement, certains responsables politiques soutiennent désormais la géoingénierie, pour gagner du temps. Les scientifiques savent depuis longtemps qu’injecter d’importants volumes de particules réfléchissantes dans la couche supérieure de l’atmosphère pourrait refroidir la planète. Les projections de l’éruption du volcan Pinatubo aux Philippines en 1991 avaient d’ailleurs réduit la température moyenne de la surface de la Terre pendant un an.
Mais la lettre ouverte met surtout en avant les risques. Une modification intentionnelle des rayonnements solaires pourrait par exemple perturber le régime des moussons en Asie du Sud et dans l’ouest de l’Afrique et pourrait ainsi détruire les cultures dont des centaines de millions de personnes dépendent, selon des études déjà publiées. Et si la modification des rayonnements prenait fin «pour une raison quelconque, il est très probable que la température de la surface augmenterait rapidement», estime le GIEC. De plus, cette technologie n’empêcherait pas le CO2 de continuer à s’accumuler dans l’atmosphère.
Les signataires, comme le professeur Aarti Gupta de l’université néerlandaise de Wageningen ou le président de l’Agence allemande de l’environnement Dirk Messner, s’inquiètent également du risque de créer un faux espoir de solution face au réchauffement, ce qui pourrait «dissuader les gouvernements, les entreprises et les sociétés de faire tout leur possible pour parvenir à la neutralité carbone dès que possible». Enfin, les experts soulignent l’absence de gouvernance pour surveiller ces projets. La lettre ouverte appelle à un «accord international de non-utilisation» qui bloquerait le financement, l’expérimentation et l’octroi de brevets à ces technologies, sans pour autant mettre un terme aux recherches scientifiques.