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Les eurodéputés élisent une présidente anti-avortement

La Maltaise Roberta Metsola succède à l’Italien David Sassoli. Ses positions conservatrices ne lui ont visiblement pas porté préjudice

Roberta Metsola.
Roberta Metsola.

Il ne lui fallait que 309 voix, elle en a obtenu finalement 458, sur 690 votants. C’est avec une relative facilité que la Maltaise Roberta Metsola a été élue mardi à Strasbourg présidente du Parlement européen, dès le premier tour.

Ultra-favorite, la députée du Parti populaire européen (PPE), 43 ans ce 18 janvier, s’est même payé le luxe d’être mieux élue que son prédécesseur italien, qui avait recueilli 345 suffrages en 2019.

Et cela en dépit de ses positions anti-avortement, qui consternent les groupes d’extrême gauche et une partie des écologistes et plongent dans l’embarras les familles socialistes et libérales.

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Car Roberta Metsola, qui a promis mardi de se battre pour les «femmes d’Europe» et leurs «droits» et de défendre la position du Parlement européen «sans ambiguïté» sur l’avortement, y est en effet notoirement opposée à titre personnel, se revendiquant de Malte où il est illégal. Elle a, à ce titre, voté toutes ces dernières années contre des résolutions même symboliques sur le droit à l’avortement.

«Pacte Simone Veil»

Mais Roberta Metsola brouille les pistes, cette mère de 4 jeunes garçons étant en parallèle engagée dans un combat pour la contraception et contre les violences en tout genre faites aux femmes. Elle s’est aussi illustrée à de nombreuses reprises dans les combats pour les droits des LGBTIQ et contre la corruption à Malte.

Des qualités personnelles qui lui ont en partie valu le soutien des socialistes et des libéraux, le groupe Renew Europe – mené par le Français Stéphane Séjourné, proche d’Emmanuel Macron – ayant en effet choisi de ne pas placer de candidat·e contre elle, en dépit d’un bémol venu du secrétaire d’Etat Clément Beaune, «gêné» par son profil.

Même posture au sein du groupe socialiste, qui a aussi choisi de ne pas concourir contre elle et s’est félicité ces derniers jours avec Renew Europe d’avoir fait adhérer la Maltaise à un Pacte Simone Veil, du nom de la mère de l’IVG en droit français et ancienne présidente du Parlement européen. Ce pacte garantit que Roberta Metsola soutiendra toutes les actions en faveur des droits des femmes et de l’égalité hommes-femmes.

Conditions et petites manœuvres

D’autres logiques un peu moins nobles ont toutefois joué un rôle, la Maltaise ayant surtout bénéficié d’arrangements passés entre ces trois familles. Car socialistes et libéraux ont été récompensés dans cette opération en obtenant plusieurs postes de vice-président, entre autres promesses, notamment l’engagement du PPE à soutenir des listes transnationales aux prochaines élections européennes.

Les trois groupes sont donc restés fidèles à l’accord tacite de partage de la présidence du Parlement européen en vigueur depuis des années, qui consiste à diviser le mandat entre conservateurs et socialistes.

Des manœuvres de couloir régulièrement dénoncées par les autres partis, mais auxquelles aurait aussi cherché à participer le groupe écologiste, selon des sources internes. La famille du Belge Philippe Lamberts était très divisée sur le nom de la Maltaise, et c’est parce qu’elle n’aurait finalement rien obtenu qu’elle aurait décidé la semaine dernière de placer une candidate, à savoir la Suédoise Alice Kuhnke. Cette dernière n’a obtenu mardi que 101 voix. Le vote tenu à bulletins secrets devrait dans tous les cas permettre d’éviter les psychodrames internes.