Plus de 23 300 candidatures venues de 25 pays ! Lancée au printemps 2021, la première phase de sélection de la prochaine classe d’astronautes de l’Agence spatiale européenne (ESA) vient de se terminer. Il ne reste désormais plus que 1 362 candidats astronautes en lice, a annoncé le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, mardi 18 janvier. L’agence devrait annoncer le nom des 4 à 6 successeurs de Thomas Pesquet et Samantha Cristoforetti à l’automne 2022.

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Après cette première étape, 39 % des candidatures en course sont féminines. La répartition par pays n’a pas été précisée mais avec près d’un tiers des dossiers initiaux venus de l’Hexagone, nul doute que les Français sont bien représentés. Les heureux élus sont désormais invités à passer une journée de tests physiques, techniques, et cognitifs. Le processus de recrutement comprend au moins trois phases de tests, ainsi que deux entretiens.

Des astronautes en situation de handicap

Outre les astronautes retenus pour le vol spatial, l’agence européenne va sélectionner un astronaute avec un handicap physique, un « parastronaute ». Plus de 250 personnes avaient postulé, toutes devant par ailleurs remplir les mêmes conditions de diplômes, de langues et autres que les astronautes valides. Seuls trois types de handicap ont été acceptés : amputation ou manque d’un ou des deux membres inférieurs, personne ayant une jambe plus courte que l’autre, et personne de petite taille.

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Ces réserves s’expliquent par l’aspect inédit du projet, détaille l’ESA. En se basant sur les critères et les processus de sélection du comité paralympique, l’agence a estimé que ces handicaps étaient les plus compatibles avec les missions spatiales.

Reste que le ou la parastronaute sélectionné ne sera pas garanti d’un aller-retour dans l’espace, mais plutôt d’aider à lever les obstacles qui existent. « Nous aurons besoin de mener des études de faisabilité et d’aménagements à toutes les étapes, mais nous sommes engagés à rendre l’espace accessible à tous, a rappelé Josef Aschbacher. Nous tenons à montrer que l’espace n’est pas réservé qu’à une élite. »

Un besoin de réguler et d’investir dans l’espace

Message à peine voilé en direction des milliardaires anglo-saxons qui s’offrent des voyages la tête vers les étoiles. Le directeur général de l’ESA a d’ailleurs profité de la conférence de ce début d’année pour marteler l’importance de protéger l’espace de la pollution et des débris qui s’y accumulent avec une forte fréquentation. « Nous dépendons des satellites pour notre vie quotidienne, nous devons donc éviter une colonisation dérégulée de l’espace », a-t-il déclaré avant d’évoquer les satellites d’Elon Musk, qui se multiplient en orbite.

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Le patron du spatial européen s’est aussi inquiété du retard pris face aux États-Unis, à la Chine et à la Russie concernant les vols habités. Malgré un budget de 7,2 milliards d’euros pour l’année, en hausse, l’Europe investit nettement moins dans le spatial que les autres puissances. Car il est bien beau de sélectionner des astronautes et des parastronautes, encore faut-il avoir les moyens de les envoyer dans l’espace. Pour l’instant, les décollages d’astronautes européens dépendent soit des Russes, avec les vaisseaux Soyouz, soit des Américains.