60% des femmes ont déjà renoncé à des soins gynéco (et c'est inquiétant)

Publié le Mercredi 19 Janvier 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
60% des femmes ont déjà renoncé à des soins gynéco (et c'est inquiétant)
60% des femmes ont déjà renoncé à des soins gynéco (et c'est inquiétant)
Malaise par rapport à son prropre corps, manque de temps, valorisation des soins apportés à sa famille par-delà sa propre personne... Plus de la moitié des Françaises auraient déjà renoncé à des soins gynécologiques.
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Reporter ou carrément annuler ses visites gynécologiques. Voilà ce qu'auraient tendance à faire 60% des femmes en France, selon une récente étude de l'Ifop pour Qare. Qu'il s'agisse de simples visites de contrôle ou de dépistages, force est de constater les Françaises ne privilégieraient pas ces soins par-dessus tout, et c'est grave.

Plus encore, elles privilégieraient le soin de leur conjoint ou de leur famille à leur propre santé - c'est par exemple le cas de 23% des mères de famille concernées par cette étude. Mais les autres raisons relatives à ce grand creux sont multiples. Parmi elles : un temps d'attente estimé trop long, des démarches trop compliquées pour prendre rendez-vous, ou encore un manque de temps.

76% des femmes expliquent avoir déjà négligé les visites de contrôle annuelles ainsi que les dépistages de cancer, tandis que 20% ont renoncé à des consultations gynéco d'informations sur la contraception ou la ménopause et 17% n'ont pas jugé utile de consulter pour dépister une infection (MST, mycose, infection urinaire ...).

Un état des lieux alarmant. "Le suivi gynécologique chez les femmes est tout sauf accessoire !", explique la Dre Julie Salomon, directrice médicale de Qare. "Que ce soit pour garantir une contraception personnalisée, dépister certaines maladies sexuellement transmissibles ou certains cancers, ou pour fournir de l'information sur la grossesse, la ménopause ... les autorités sanitaires recommandent un suivi annuel. Ce suivi peut être effectué par un gynécologue, une sage-femme mais bien sûr aussi par votre médecin généraliste qui est le professionnel de santé qui coordonne vos soins et vous oriente au mieux selon votre parcours de soins gynécologique."

Les médecins généralistes privilégiés

Ce n'est pas tout. La majorité des femmes concernées par cet imposant "60 %" auraient entre 25 et 34 ans seulement. Plus encore, 31% des 18-24 ans déclarent n'être jamais allé chez un gynécologue. Une donnée plus que préoccupante. 33% des jeunes femmes concernées par l'étude seraient, de leurs propres mots, "mal à l'aise avec leurs corps". Hormis cela, 43% mères d'enfants de moins de 8 ans déclarent ne pas trouver le temps d'aller chez le gynécologue à cause de leur emploi du temps familial et professionnel. Une vraie charge mentale.

Autant d'obstacles à un suivi médical régulier et de qualité donc. Selon l'étude de l'Ifop pou Qare, une femme sur trois ne serait pas allée chez le gynécologue depuis plus de 2 ans. Et pour cause, elles sont 38% à privilégier les visites chez leur médecin généraliste. Ou bien à consulter des sites sur internet (16%) ou d'autres professionnels de santé comme les pharmaciens (9%). Une situation qui en dit long sur ce qui pèse sur le quotidien des femmes.