Au moins onze personnes sont mortes à Sanaa dans des raids de la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, au lendemain d'une attaque meurtrière des rebelles yéménites Houthis aux Emirats.

Au moins onze personnes sont mortes à Sanaa dans des raids de la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, au lendemain d'une attaque meurtrière des rebelles yéménites Houthis aux Emirats.

Anadolu Agency via AFP

La guerre n'en finit pas au Yémen, et les civils en sont les premières victimes. Lundi, des installations civiles ont été la cible des rebelles Houthis aux Emirats arabes unis, dans une attaque faisant trois morts. Une première dans le pays qui fait partie de la coalition menée par l'Arabie saoudite, en soutien au gouvernement yéménite. Cette attaque a rapidement fait l'objet d'une riposte sous la forme de raids aériens menés sur Sanaa, la capitale aux mains des insurgés.

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  • Les faits

Annonçant le lancement d'une opération militaire baptisée "Ouragan du Yémen", les rebelles yéménites Houthis ont affirmé lundi sur leur chaîne Al-Massira avoir "ciblé des installations et site émiratis importants et sensibles" à l'aide de missiles balistiques et de drones.

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Trois camions-citernes ont explosé "près des réservoirs de stockage" de la compagnie pétrolière d'Abou Dhabi, entraînant la mort d'un Pakistanais et de deux Indiens, a indiqué l'agence officielle émiratie WAM, faisant état de six blessés. En outre, un "incendie mineur" s'est produit dans "la nouvelle zone de construction de l'aéroport international d'Abou Dhabi", a ajouté l'agence, sans faire état de victime. Et les rebelles de menacer de nouvelles attaques en appelant les civils et les compagnies étrangères à éviter les "sites vitaux" aux Emirats.

En riposte à l'attaque des Houthis, la première à faire des morts sur le sol émirati, la coalition a annoncé avoir mené des raids aériens sur Sanaa, la capitale du Yémen aux mains des insurgés. Au moins onze personnes sont mortes, selon une source médicale.

  • Les acteurs en présence

Les Emirats sont membres d'une coalition militaire sous commandement saoudien qui soutient depuis 2015 au Yémen les forces gouvernementales en guerre contre les Houthis soutenus par l'Iran.

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Les Houthis sont des rebelles au pouvoir en place et en guerre depuis 2014 contre le gouvernement, issus du zaïdisme, branche du chiisme qui représente plus de 30% de la population. Majoritaires dans le Nord, les chiites sont minoritaires à l'échelle nationale.

  • Le contexte

Le Yémen est plongé depuis 2014 dans une guerre entre forces progouvernementales et Houthis, des insurgés soutenus par l'Iran et qui contrôlent une grande partie du nord du pays dont la capitale Sanaa.

Ce conflit a fait 377 000 morts, selon l'ONU, et s'est intensifié ces dernières semaines avec une augmentation des raids de la coalition militaire et des offensives au sol des forces gouvernementales. De leur côté, les rebelles ont multiplié les attaques de missiles et de drones contre l'Arabie saoudite, pays voisin du Yémen et grand rival régional de l'Iran.

  • Pourquoi ça compte

Après avoir pris un temps leurs distances, les Emirats ont relancé leur soutien militaire sur le terrain aux forces pro-gouvernementales au Yémen, en appuyant la brigade des "Géants", qui a repris des territoires aux rebelles, et notamment la province pétrolifère de Chabwa, limitrophe de la province de Marib (nord), au coeur d'une bataille sanglante depuis près d'un an.

Les Houthis ont lancé en février 2020 une offensive pour arracher Marib aux forces loyalistes et les combats ont redoublé d'intensité autour de cette région riche en pétrole ces derniers mois. Ainsi, l'attaque de drones n'est pas la première offensive lancée par les rebelles contre l'état émirati. Le 3 janvier dernier, les rebelles ont capturé un navire battant pavillon émirati au large de Hodeida, assurant qu'il transportait du matériel militaire. Ryad et Abou Dhabi avaient alors dénoncé un acte de "piraterie" contre un navire civil. Une semaine plus tard, les forces progouvernementales annonçaient avoir repris la province pétrolifère de Chabwa.

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"Pour les Houthis, le contrôle de l'ensemble de Chabwa offrirait une voie vers l'expansion vers le Sud, l'accès au golfe d'Aden et à la mer d'Oman, des voies supplémentaires pour la contrebande d'armes", analyse le Saana Center, qui se définit comme un think tank indépendant "qui cherche à favoriser le changement par la production de connaissances, en mettant l'accent sur le Yémen et la région environnante".

Par ailleurs, Marib est le dernier fief du pouvoir dans le nord du pays. Les provinces alentour regorgent dans leurs sous-sols de gaz et de pétrole. La raffinerie Safer, l'une des deux seules du pays, a une capacité de production de 10 000 à 20 000 barils par jour.

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