Une affaire judiciaire hors norme. Un gynécologue du Val-d’Oise est accusé d'être un violeur en série. Selon les informations de RTL, près de 130 patientes ont porté plainte contre lui pour viols et agressions sexuelles. Après huit ans d'enquête, les victimes sont toujours dans l'attente d'un procès.
Quelques jouets d'enfants sont disséminés dans le salon, des photos de famille et des figurines de Wonder Woman décorent les étagères. Dominique, 43 ans, nous reçoit dans son petit pavillon car elle veut parler, raconter son histoire. En octobre 2013, cette mère de famille se rend au cabinet du docteur Tran, à Domont dans le Val-d'Oise, pour la pose d'un stérilet.
"Quand je me suis installée sur la table d'examen, il m'a caressé l'intérieur des cuisses en me disant qu'il fallait me détendre car, sinon, la pose allait être difficile. C'est un gynécologue alors je ne me pose pas trop de questions à ce moment-là", explique-t-elle.
"En poursuivant la pose du stérilet, j'ai commencé à perdre connaissance par petites intermittences car la douleur était intense, se souvient Dominique. Il me caressait la poitrine et m'embrassait sur le front, sur les joues, l'intérieur des cuisses puis il tournait au niveau des étriers et faisait des va-et-vient dans mon vagin. Ce n'était pas des gestes médicaux, j'étais dans un état second, comme au-dessus de mon corps. Je subissais ce qui se passait sans pouvoir réagir", regrette-t-elle.
Un an plus tard, Dominique est contactée par une enquêtrice de la gendarmerie de Montmorency. La mère de famille se rend alors compte qu'elle n'est pas seule et décide de déposer plainte pour viols et agressions sexuelles.
Depuis l’ouverture de l'instruction en 2013 par le parquet de Pontoise, les chiffres sont affolants : 7.500 patientes contactées, 118 plaintes déposées pour des faits similaires lors de consultations, selon une information révélée par nos confrères du média en ligne lesjours.fr en octobre dernier, confirmée ensuite par RTL. Certains actes remontent même aux années 80. Le gynécologue est mis en examen au bout de quelques mois d’enquête pour 75 viols et 14 agressions sexuelles.
Si l'instruction est si longue, selon le parquet de Pontoise, c'est parce qu'il s'agit d'un dossier complexe avec de très longues investigations. Le travail des enquêteurs est colossal, des centaines d'auditions réalisées, plusieurs expertises médico-légales diligentées, l'une d'elles a même duré plus de trois ans. En septembre dernier, c'est une information RTL, le procureur a transmis 43 plaintes de manière supplétive au juge d'instruction, nous confirme le parquet de Pontoise, parmi elles, une dizaine de nouvelles plaintes. L'affaire est donc relancée. Le magistrat envisage d'entendre une nouvelle fois le gynécologue dans les prochaines semaines.
Vu le nombre de victimes potentielles, "l'enquête pourrait durer encore 10 ou 15 ans", nous explique une avocate. "Mais les juges doivent clôturer l'instruction au plus vite, un procès doit se tenir, nous dit-elle, pour toutes ces femmes qui ont déjà brisé le silence".
Isabelle a consulté le docteur Tran en 2005. "Le docteur Tran est âgé, il peut arriver qu'il décède du jour au lendemain et que l'on reste avec ce fardeau et ce traumatisme qui nous bouffe la vie et notre libido, déplore-t-elle. Je suis suivie par un psychiatre et un psychologue. Un lourd traitement d'antidépresseurs m'a été prescrit. Je n'ai plus aucune confiance et je me dis qu'on n'aura jamais de suite. Qu'on puisse nous rendre notre dignité car on n'en a plus", regrette Isabelle.
Le docteur Tran et son avocat n'ont pas souhaité nous répondre. Nous avons tout de même eu accès à l’audition du praticien devant les juges. Le gynécologue rejette ces accusations et parle de caresses mal interprétées. Son souhait était dit-il de détendre ses patientes, avec une pratique plus douce que ses confrères. "À l'asiatique", explique même le docteur Tran en référence à ses origines vietnamiennes. Âgé de 70 ans, le gynécologue présumé innocent est toujours libre, sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer la médecine. Il risque jusqu'à 20 ans de prison.
Selon plusieurs sources, certains confrères étaient au courant de ces pratiques déviantes. Mais personne n'est allé chercher plus loin. Dès les années 2000, le conseil de l'Ordre des médecins puis le parquet de Pontoise sont saisis de plusieurs plaintes, mais à l’époque elles sont toutes classées sans suite, faute de preuves.
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