Le soldat français Alexandre Martin a été tué dans une attaque au mortier, au Mali, samedi 22 janvier. Le drame met en lumière la situation compliquée qui est celle de la France au Sahel.
La mort, samedi 22 janvier, à Gao, au Mali, du jeune brigadier Alexandre Martin du 54e régiment d’artillerie d’Hyères est un drame, et un nouveau révélateur de la situation inextricable dans laquelle se trouvent aujourd’hui Emmanuel Macron et le gouvernement, faute d’avoir anticipé la dégradation, de plus en plus rapide, de la position, désormais intenable sur le plan politique, de la France au Mali.
Pour les militaires du dispositif Barkhane, la guerre au Sahel reste de basse intensité. Mais, malgré les moyens, en particulier aériens, qui sont déployés, les groupes armés islamistes procèdent toujours à des coups de main et des opérations de harcèlement, pour marquer les esprits. L’immense base de Gao, la plus grande implantation militaire française dans la région, a reçu des obus tirés depuis cinq ou six kilomètres, probablement par un mortier que les djihadistes ont réussi à mettre en batterie dans les faubourgs de la ville. Les auteurs des tirs ont été éliminés par les tirs des hélicoptères d’alerte, qui ont immédiatement décollé. Côté français, on déplore la mort du brigadier Martin, et neuf soldats ont été légèrement blessés.
Cet événement met un peu plus la pression sur les autorités françaises. Depuis le second coup d’État au Mali, l’été dernier, elles n’ont plus aucune influence sur la junte militaire au pouvoir. Prétextant la diminution de moitié des effectifs et le retrait de l’armée française de ses trois bases du nord pour se concentrer plus au sud, où sont désormais implantés les groupes djihadistes, les colonels putschistes ont fait appel aux mercenaires russes de la société Wagner, téléguidée par Vladimir Poutine, bien décidé à revenir en Afrique francophone. Une ligne rouge pour Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian, qui menaçaient, avant Noël, de quitter le Mali si les Russes y arrivaient. Bien que démenti par les officiers de Bamako, mercenaires et conseillers russes ont depuis débarqué de leurs Antonov, au grand dam de l’Élysée qui semble paralysée avant les élections.
Le bras de fer et les rodomontades prononcés par les ministres français et maliens n’ont rien réglé. Les putschistes ne se démontent pas. Ils chauffent leur population en organisant des manifestations contre la présence française. Un sentiment hostile semble se répandre jusque dans les pays voisins, même au Niger, où Paris compte se replier. Pire : la junte malienne a renvoyé aux calendes grecques les élections tant souhaitées par le président Macron, parle d’interdire le survol du pays par les avions français et souhaite revoir, sinon annuler, les accords de défense avec la France, qui se bat désormais dans un pays dont les autorités ne souhaitent plus, de facto, sa présence.
La situation est ubuesque et risque d’engager la sécurité des soldats français sur le terrain. Leurs frères d’armes maliens doivent aussi procéder à un grand écart périlleux, entre leur hiérarchie à Bamako et leur implication qui risque de devenir impossible au sein de Barkhane.
« La France doit trouver sa voie » pour poursuivre l’objectif de la lutte anti-djihadiste en Afrique de l’Ouest, a déclaré la ministre des Armées Florence Parly, alors que dimanche, des tirs étaient entendus, pour la seconde fois en quelques semaines, dans plusieurs camps militaires de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, en pleine ébullition face à l’incapacité du gouvernement à mener bataille contre les groupes islamistes qui massacrent les villageois et les garnisons.
Là aussi, le sentiment anti-français gagne du terrain. Un convoi militaire français de ravitaillement a été bloqué par la population. Après le Mali et la Guinée, un putsch militaire n’est désormais plus à écarter au Burkina Faso, qui abrite les forces spéciales françaises de l’opération Sabre, indispensables dans la lutte contre les groupes armées terroristes.