Mort de Cédric Chouviat : une nouvelle expertise médicale confirme la responsabilité des policiers

Le père de famille de 42 ans a été plaqué au sol avec son casque de moto le 3 janvier 2020 lors d’un contrôle policier. Il est décédé deux jours plus tard.

    Nouvelle pièce versée au dossier et nouveau rebondissement. Une expertise médicale de synthèse versée à l’enquête sur la mort du livreur Cédric Chouviat après un contrôle policier le 3 janvier 2020 à Paris a confirmé la responsabilité des trois fonctionnaires, selon ses conclusions dont l’AFP a eu connaissance ce lundi.

    Dans ce document daté du 8 janvier, les cinq experts mandatés par le juge d’instruction retiennent comme cause du décès une « association simultanée de plusieurs facteurs » découlant des gestes d’interpellation ayant « abouti à une privation très rapide d’oxygène au cerveau ».

    Le 3 janvier 2020, le père de famille de 42 ans a été plaqué au sol avec son casque de moto sur la tête lors de ce contrôle policier, provoquant son malaise. Transporté dans un état critique à l’hôpital, il est mort le 5 janvier.

    Les gestes des policiers mis en cause

    L’expertise de synthèse note que « la morphologie » de M. Chouviat, « obèse » et avec un « cou court », « a participé à la survenue de l’arrêt cardiaque ». Mais tous les autres facteurs de décès relevés par les experts concernent les gestes des policiers lorsqu’ils ont tenté de menotter M. Chouviat au sol.

    Le mouvement de « l’avant-bras passé sous le menton » du livreur a, selon eux, causé un « écrasement mécanique de la trachée » et de la « carotide », tandis qu’un policier pourrait aussi avoir tiré sur la jugulaire du casque en tentant de maîtriser M. Chouviat, ce qui « pourrait être à l’origine des fractures » constatées au niveau du cou.



    Depuis la mort de Cédric Chouviat, sa famille ne cesse demander la suspension des policiers en question, accusés de bavure. Quatre policiers ont participé à ce contrôle quai Branly près de la tour Eiffel. Trois ont été mis en examen pour « homicide involontaire », tandis qu’une quatrième policière a été placée sous le statut de témoin assisté.

    Selon l’Inspection générale de la police nationale, l’un des quatre policiers a pratiqué sur M. Chouviat un « étranglement arrière » pour l’amener au sol, une technique controversée, qui ne sera plus pratiquée ainsi par la police, selon les déclarations de l’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, en juin 2021.

    Pas de pathologie cardiaque

    Comme une première expertise du cœur rendue en août 2020, l’expertise de synthèse écarte en revanche le rôle joué par l’ » état cardiovasculaire antérieur » de M. Chouviat dans son décès, évoqué dans le premier rapport d’autopsie. Ce facteur est « théoriquement possible mais peu probable », écrivent les experts.

    Pour les avocats de la famille, « l’absence de mesure administrative provisoire » à l’encontre des fonctionnaires mis en cause, « incohérente au regard de la terrible gravité des faits, traduit manifestement une tolérance de la part de la hiérarchie, incompréhensible et insupportable pour la famille ». Ils réclament une requalification des faits en « violences volontaires ayant entraîné la mort », un crime passible des assises.

    Interrogés par les juges en juillet, les policiers ont contesté avoir perçu les « signes manifestes » de l’asphyxie de M. Chouviat assurant qu’ils auraient réagi s’ils avaient entendu l’interpellé crier « j’étouffe ». Pourtant, des enregistrements dévoilés par Médiapart et Libération ont prouvé qu’il était bien audible. L’IGPN a également reconnu que de tels mots avaient été prononcés et a constaté un temps de latence avant que des premiers soins soient prodigués.

    Les experts estiment que dans ce moment de « tension extrême », « on peut concevoir qu’après avoir immobilisé la victime, les gardiens de la paix n’aient pas réagi immédiatement à la constatation de l’arrêt des mouvements et à l’absence de réactivité » de M. Chouviat.