Passer au contenu

Après le "cannibale", un deuxième meurtrier s'échappe de l'hôpital psychiatrique de Toulouse

Par

Un homme de 48 ans, interné après avoir été déclaré pénalement irresponsable suite au meurtre de deux personnes, s'est échappé dimanche soir de l'hôpital Marchant de Toulouse, quatre jours après un autre interné surnommé "le cannibale de Nouilhan".

Un malade, en hôpital psychiatrique. Un malade, en hôpital psychiatrique.
Un malade, en hôpital psychiatrique. © Maxppp - Cyril SOLLIER

Quatre jours après "le cannibale de Nouilhan", un autre patient de l'hôpital psychiatrique Marchant s'est échappé dimanche. Il s'agit d'un homme de 48 ans, né à Nîmes, interné après avoir été déclaré pénalement irresponsable après le meurtre de deux personnes. Un de ces homicides a eu lieu à Toulouse en juillet 2010. L'homme a aussi sauvagement agressé un homosexuel près de l'avenue de Muret.

Selon une source proche de l'enquête, l'homme né en février 1974, a été interpellé quelques heures plus tard route de Seysses à l'angle de la rue Rimont par les policiers de la BAC. Il a eu le temps de parcourir 2,5 kilomètres. Cette fois-ci, aucune victime n'est à déplorer.

Un patient "stabilisé"

Le centre hospitalier Gérard Marchant, spécialisé dans le soin des malades psychiatriques, est un grand parc avec plusieurs pavillons entouré d'une clôture, sur la route d'Espagne, au sud de Toulouse.

Selon un employé de l'hôpital, le patient de 48 ans qui est sorti dimanche soir était "stabilisé", "en zone ouverte", et ne présentait pas de dangerosité particulière, car il était correctement suivi par les équipes médicales. Il souhaitait semble-t-il rendre visite à des patients qui vivent en appartement thérapeutique, près de la route de Seysses. C'est d'ailleurs dans ce secteur qu'il a été récupéré par les policiers.

L'hôpital psychiatrique, lieu de soins, pas d'enfermement

La question est cependant la même que la semaine dernière pour Jérémy Rimbaud : comment cet homme a-t-il pu se retrouver dans la rue ? Franchir les grilles du parc sans avoir été repéré ou contrôlé ? Du côté de la direction de l'hôpital, c'est le silence le plus complet. Elle n'a jamais répondu à nos multiples demandes d'interview. Chez les syndicats, on ne veut pas communiquer officiellement non plus. D'ailleurs, l'hôpital psychiatrique, ce n'est pas une prison, rappellent-ils : "on n'enferme pas, on soigne".

Les hôpitaux ne sont plus des lieux asilaires.

Maurice Bensoussan, psychiatre libéral à Colomiers, va dans le même sens. Il est aussi président du collège national pour la qualité des soins en psychiatrie : "les hôpitaux ne sont plus des lieux d'enfermement. Ils ne sont plus des lieux asilaires. Ce sont aujourd'hui des lieux de soins, et donc de soins de courte durée".

La difficile prise en charge des irresponsables pénaux

Les syndicats de l'hôpital psychiatrique s'inquiètent de la prise en charge des irresponsables pénaux, comme Jérémy Rimbaud ou cet homme de 48 ans. "Comment les garder ?" s'interroge une syndicaliste, qui estime aujourd'hui que le traitement qui est accordé à ces malades n'est pas adéquat.

Le fonctionnement actuel n'est pas satisfaisant juge un psychiatre d'hôpital. Selon lui ces personnes (si elles sont considérées comme dangereuses) ne devraient pas vivre dans un hôpital psychiatrique classique, mais en milieu fermé, en unité pour malades difficiles (UMD). Et des UMD, "il n'y en pas assez en France" juge-t-il. Dans le grand sud, la plus connue est à Cadillac (Gironde) depuis 1963. Une unité a ouvert dans le Tarn à Albi en 2011.

Inspection lancée par l'ARS

Après ces deux fugues de patients, l'Agence Régionale de Santé annonce qu'elle ordonne une inspection de l'hôpital Gérard Marchant : "le signalement ce dimanche d’une seconde fugue de patient a conduit la direction générale de l’ARS Occitanie à diligenter une mission d’inspection sur site, pour s’assurer de la conformité de la prise en charge  de ces patients, au cours de leur séjour dans cet établissement spécialisé au regard de la réglementation en  vigueur".

L'Agence Régionale précise aussi dans son communiqué qu'elle avait déjà ordonné "une enquête administrative et la transmission d’un rapport", après la fugue de Jérémy Rimbaud la semaine dernière.

Y'a-t-il eu défaillance ? Négligence ? Comment ces deux patients ont-ils pu se retrouver dans la rue, et disparaitre du regard des soignants ?  Faute de communication de la part de l'hôpital, toutes les questions sont en suspens. Est-ce un manque de moyens humains, pour soigner, surveiller ? Ou y-a-t-il un défaut structurel, une faille matérielle dans la sécurité de l'hôpital ?

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined