Dans une même soirée, deux hommes abattus par balle presque coup sur coup à Miami, probablement par le même homme, arrêté et soupçonné de meurtres en série de sans-abri. Une décapitation dans le Colorado. Un homme endormi brûlé vif dans une cage d’escalier de New York.

“Derrière ces faits divers macabres, il y a des dizaines d’actes de violence chaque jour, souligne The Washington Post, occasionnés par les collisions de plus en plus nombreuses entre les gens qui ont un toit et ceux sans logement, dans le sillage de la pandémie de coronavirus, disent des experts.”

“Nous pensons bel et bien qu’il y a une hausse [des violences] d’après les informations des médias et des associations”, déclare Donald Whitehead, directeur exécutif de la Coalition nationale pour les sans-abri. Cette association a rendu public un rapport compilant 20 ans de données policières sur les crimes contre des personnes vivant dans la rue, de 1999 à 2019. Sur cette dernière année – avant la pandémie donc – elle a compté 83 agressions à l’échelle nationale, dont 39 ont causé la mort.

Bien sûr, note le journal, des sans-abri commettent aussi des agressions, comme l’a rappelé le 16 janvier la mort d’une femme poussée sur un quai de métro par un homme sans domicile à New York.

Des victimes de la détresse sociale

Cela fait à présent quatre années que le nombre de sans domicile grimpe aux États-Unis selon les autorités fédérales. Et ces gens dorment de plus en plus dans la rue. “En 2020, pour la première fois, nous avons eu plus de personnes sans domicile vivant dehors que dans des refuges”, déclare Bobby Watts, directeur du Conseil national sur la santé pour les personnes sans domicile.

Une hausse qui nourrit “une vive réaction publique contre les sans-abri”, visible, selon la Coalition nationale pour les sans-abri, dans les nombreuses interventions des autorités pour démanteler des campements.

La crise sanitaire a également alimenté la colère et la détresse sociale, souligne Bobby Watts :

La pandémie a fait augmenter le crime de façon générale. Elle a aussi nourri une rage et les sans-abri sont des cibles faciles pour ceux qui veulent exprimer leur colère ou leur insatisfaction dans leur propre vie.”