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Pensionnats autochtones: des dizaines de «potentielles» tombes retrouvées dans l'ouest du Canada

La Première nation de Williams Lake en Colombie-Britannique poursuit les recherches menées à l'aide de géo-radars sur le site de l'ancien pensionnat St. Joseph's Mission. Au total, plus d'un millier de tombes anonymes ont été retrouvées depuis mai sur les sites d'anciens pensionnats

Un mémorial devant l'ancien pensionnat de Kamloops en Colombie britannique, le 31 mai 2021.  — © REUTERS /Dennis Owen
Un mémorial devant l'ancien pensionnat de Kamloops en Colombie britannique, le 31 mai 2021.  — © REUTERS /Dennis Owen

Nouvelle découverte macabre au Canada. Quelques mois après le scandale qui a secoué le pays, une communauté autochtone a annoncé, mardi, que ses recherches avaient permis d'identifier 93 «potentielles» tombes sur le site d'un ancien pensionnat dans l'ouest du Canada.

Ces recherches préliminaires ont été menées à l'aide de géo-radars et ont permis d'identifier ce qui pourrait être de «potentielles sépultures humaines», a indiqué la Première nation de Williams Lake en Colombie-Britannique (ouest), dans un communiqué.

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Elles ont été effectuées sur un périmètre d'environ 14 hectares, parmi les 480 que compte le site de l'ancien pensionnat St. Joseph's Mission, situé à environ 300 kilomètres au nord de Kamloops où avaient été retrouvés les restes de 215 enfants fin mai. L'institution a accueilli des milliers d'enfants entre 1886 et ce, jusqu'à sa fermeture, en 1981.

Elle était gérée «par diverses sectes religieuses», et principalement par des missionnaires catholiques sur ordre du gouvernement canadien, explique la communauté autochtone qui compte environ 800 membres. «Il y a encore beaucoup de travail à faire sur le site de St Joseph et nous avons l'intention de le poursuivre», a assuré son chef, Willie Sellars.

Des dédommagements de l'Etat en réponse au «génocide culturel»

«Les nouvelles d'aujourd'hui en provenance de la Première Nation de Williams Lake font ressurgir de nombreuses émotions pénibles», a estimé le premier ministre canadien Justin Trudeau. «Mon coeur se brise pour les membres de la communauté et pour ceux dont les proches ne sont jamais revenus à la maison.»

Début janvier, Ottawa a annoncé un financement de 1,9 million de dollars canadiens (1,3 million d'euros) pour contribuer à l'enquête de la Première nation de Williams Lake sur cet ancien pensionnat. «À ce jour, 116,8 millions de dollars (103,29 millions d'euros) ont été engagés pour aider les survivants des Premières Nations, des Inuits et des Métis, leurs familles et leurs communautés à localiser et à commémorer les enfants disparus qui ont fréquenté les pensionnats», précisait le gouvernement canadien dans un communiqué.

Au total, plus d'un millier de tombes anonymes ont été retrouvées depuis mai sur les sites d'anciens pensionnats. Et de nombreuses recherches sont en cours dans tout le pays - entre 4000 et 6000 élèves auraient disparu, selon les autorités.

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Entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats à travers le pays où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture. Une commission nationale d'enquête avait qualifié ce système de «génocide culturel».