PANDÉMIE - “L’objectif [...] c’est qu’on vaccine tous les enfants éligibles”, a déclaré, ce mardi 25 janvier, un responsable du ministère de la Santé, lors d’une conférence de presse. En effet, un mois après son ouverture aux 5-11 ans, la vaccination des enfants contre le Covid reste très minoritaire en France. L’exécutif espère l’accélérer en simplifiant certaines règles, mais les autorités sanitaires peinent à expliquer clairement le bien-fondé de cette mesure.
Dans un contexte toujours marqué par le variant Omicron, très contagieux, et une flambée des contaminations à un niveau jamais vu depuis le début de l’épidémie, le gouvernement veut mieux faire.
200.000 enfants ont reçu une première dose
Sur quelque cinq millions d’enfants concernés, à peine plus de 200.000 ont reçu une première dose, sans parler d’une vaccination complète. Car il s’agit forcément du vaccin Pfizer/BioNTech, en deux injections mais dans une version moins dosée que pour les plus âgés.
“On ne peut pas dire que ça soit un grand succès”, a admis lors de cette même conférence Alain Fischer, à la tête du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, chargé de conseiller le gouvernement sur la vaccination anti-Covid.
Plusieurs règles vont donc être simplifiées pour vacciner les enfants. En premier lieu, l’accord d’un seul parent redevient suffisant. C’était déjà le cas à l’ouverture de la vaccination aux 5-11 ans mais, début janvier, le ministère avait demandé l’accord des deux parents, ce qu’Alain Fischer lui-même avait vivement regretté.
Vaccination “nécessaire pour les enfants”
L’autre grande mesure étend le nombre de professions qui peuvent vacciner les enfants, en dehors des centres dédiés: infirmiers, pharmaciens et sages-femmes vont rejoindre cette semaine les seuls médecins.
Mais, au-delà des mesures concrètes, le gouvernement cherche aussi à convaincre de l’intérêt et de la nécessité de vacciner les enfants, ce pour quoi il a appelé Alain Fischer à la rescousse.
“La vaccination [...] est nécessaire pour les enfants”, a-t-il insisté. “Elle est pertinente, elle est efficace et elle est sûre.”
Si le gouvernement veut convaincre, c’est qu’il n’a, pour l’heure, pas d’autre choix. Contrairement aux 12-17 ans, soumis comme les adultes au pass sanitaire, les plus petits n’y sont pas contraints.
Arguments mitigés
Les arguments scientifiques sont mitigés pour généraliser la vaccination anti-Covid à tous les enfants, notamment face à l’essor d’Omicron contre lequel les vaccins existants empêchent beaucoup moins les contaminations.
Ce contexte plombe en particulier l’argument collectif, qui recommande de vacciner les enfants pour éviter qu’ils transmettent le virus à leurs aînés au sein de la population.
Mais “diminuer, même un peu, la fréquence des infections chez les enfants, c’est diminuer un peu la transmission et c’est toujours une bonne chose [pour] protéger les personnes les plus fragiles”, a expliqué Alain Fischer, évoquant des études israéliennes selon lesquelles le vaccin reste efficace à 50% pour limiter l’infection à Omicron chez les enfants.
Reste que cet intérêt collectif est “limité”, selon les termes d’Alain Fischer, qui préfère se concentrer sur le bénéfice individuel pour les enfants eux-mêmes.
“Rare ne veut pas dire que ça n’existe pas”
Cet argument reste difficile à porter, au vu du faible risque de forme grave de Covid chez les enfants par rapport aux adultes, en particulier les personnes âgées.
“Rare ne veut pas dire que ça n’existe pas”, a-t-il prévenu. De fait, les hospitalisations d’enfants diagnostiqués au Covid ont fortement augmenté par rapport aux vagues précédentes, même si leur nombre reste faible dans l’absolu et bien inférieur, par exemple, aux plus de 65 ans.
“Il y a un bénéfice individuel, qui n’est pas majeur mais qui existe”, a avancé mardi sur Franceinfo Jean-François Delfraissy, qui dirige le Conseil scientifique, autre instance destinée à orienter le gouvernement.
3% des enfants atteints de comorbidités vaccinés
En revanche, ”ça ne vaut pas le coup” de vacciner les plus petits pour protéger les autres, a-t-il tranché.
Pour une catégorie d’enfants, toutefois, la vaccination ne souffre pas de débats. Ce sont les plus fragiles, atteints de “comorbidités” comme le diabète, pour lesquels le gouvernement s’inquiète en priorité.
Sur plusieurs centaines de milliers d’enfants de moins de 11 ans dans ce cas, ils ne sont même pas 3% à être pleinement vaccinés, alors que la vaccination anti-Covid leur avait été ouverte plusieurs semaines avant les autres enfants.
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