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À Strasbourg, un numéro spécial pour les victimes d'abus sexuels dans l'Eglise catholique

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Le diocèse de Strasbourg vient de signer un convention avec la fédération France Victimes. Et cela afin de créer une ligne d'écoute alsacienne dédiée aux victimes d'abus et de violences sexuelles dans l'Eglise catholique. Il faut dire que de nombreux témoignages continuent d'affluer.

Présentation de la ligne d'écoute alsacienne dédiée aux abus sexuels dans l'Eglise catholique Présentation de la ligne d'écoute alsacienne dédiée aux abus sexuels dans l'Eglise catholique
Présentation de la ligne d'écoute alsacienne dédiée aux abus sexuels dans l'Eglise catholique © Radio France - Antoine Balandra

C'est une première en France. Le diocèse de Strasbourg et l'association SOS aide aux habitants-France Victimes viennent de mettre en place un numéro spécial dédié aux victimes d'abus et de violences sexuelles dans l'Eglise catholique. C'est le 06.09.73.96.78. Il faut dire qu'en octobre dernier suite au rapport de la CIASE (commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise), 169 victimes présumées d'abus sexuels dans l'Eglise catholique s'étaient fait connaître en Alsace. Depuis, en trois mois, 64 nouveaux témoignages sont arrivés. 

Soit un chiffre impressionnant de près de quatre par semaine. Plusieurs concernent des faits récents, non prescrits. Alors pour libérer au mieux la parole, conscient que de nombreuses victimes se taisent encore, le diocèse a confié la gestion d'un numéro dédié aux victimes à une association indépendante et laïque. Histoire aussi de permettre une prise en charge rapide explique Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg

"La parole d'une victime, quand elle se déclenche, elle a besoin d'un accompagnement immédiat. Donc les personnes ont besoin d'une réactivité et je crois d'une neutralité. C'est à dire que l'on ne soit pas immédiatement dans le religieux. Le rapport de la CIASE nous a montré que le rapport moyen est d'à peu près une victime connue pour 62 victimes. Donc l'immense majorité n'a pas encore frappé à la porte de l'Eglise et je crois que la relation est tellement blessante par rapport à l'Eglise, qu'ils ne pousseront pas la porte de l'Eglise en premier", dit l'archevêque.

L'archevêque de Strasbourg, monseigneur Luc Ravel présente le numéro d'appel pour les victimes d'abus sexuels
L'archevêque de Strasbourg, monseigneur Luc Ravel présente le numéro d'appel pour les victimes d'abus sexuels © Radio France - Antoine Balandra

Car c'est vrai, beaucoup de victimes ont coupé les ponts avec l'Eglise, renchérit sœur Suzannah Kelly, déléguée épiscopale à la question des abus sexuels dans l'Eglise. "Pour moi c'est important pour assister la libération de la parole, que l'on puisse aller vers les personnes qui sont à l'extérieur de l'Eglise. Car 90% des victimes ont claqué la porte de l'Eglise, donc il faut aller chercher les victimes là où elles sont" dit-elle.

Une écoute anonyme et gratuite

D'où l'appel à une association laïque, la fédération France Victimes. Elle a donc ouvert un numéro dédié, géré par une équipe de quatre personnes. Pour prendre en charge les victimes de A à Z, avec la promesse d'un rendez-vous en 48h maximum.

"Une victime est habitée par une honte. Elle a du mal à se décider à faire une révélation. Donc quand elle se sent prête, il faut saisir l'opportunité, avoir au moins une écoute spécialisée. Nous avons donc monté une équipe spécialisée avec deux psychologues et deux juristes" explique Faouzia Sahraoui, la directrice générale de SOS Aide aux habitants France Victimes 67.

L'association promet un accueil, une écoute, une prise en charge psychologique, et éventuellement juridique. Tout reste anonyme et gratuit. Le numéro, c'est donc le 06.09.73.96.78, il est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 17h. Un protocole de transmission au Parquet des signalements d'infractions sexuelles est par ailleurs mis en place. 

Indemnisations

De son côté, le diocèse de Strasbourg travaille déjà sur les indemnisations qu'il apportera aux victimes. Il a déjà provisionné plus de 300.000 euros sur sa trésorerie. Mais il n'exclut pas de vendre ensuite des biens immobiliers s'il le faut explique l'archevêque de Strasbourg Monseigneur Luc Ravel : "Nous avions conscience qu'il nous faudrait peut être engager une part de notre immobilier. On fera un effort progressif, en fonction des demandes. Nous sommes partis sur une somme globale sur le diocèse de 300.000 euros pour démarrer. Ensuite on envisagera toutes les possibilités, de l'emprunt à la vente" dit-il. 

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