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Les journalistes étrangers en Chine victimes d'intimidations croissantes

« L'Etat chinois continue de trouver de nouveaux moyens d'intimider les correspondants étrangers, leurs collègues chinois et ceux que la presse étrangère cherche à interviewer », note le Club des correspondants étrangers dans son rapport annuel dévoilé ce lundi.

Neuf correspondants étrangers sur dix basés en Chine ayant répondu à l'enquête ont déclaré qu'ils n'entreraient pas dans la zone olympique (photo : au centre de presse) afin de pouvoir maintenir leur mobilité, continuer à faire des reportages et ne pas être soumis à une quarantaine à l'issue des JO.
Neuf correspondants étrangers sur dix basés en Chine ayant répondu à l'enquête ont déclaré qu'ils n'entreraient pas dans la zone olympique (photo : au centre de presse) afin de pouvoir maintenir leur mobilité, continuer à faire des reportages et ne pas être soumis à une quarantaine à l'issue des JO. (Nariman El-Mofty/AP/SIPA)

Par Frédéric Schaeffer

Publié le 31 janv. 2022 à 06:58Mis à jour le 31 janv. 2022 à 14:31

Les agences de presse internationales en Chine opèrent avec des effectifs considérablement réduits, tandis que les journalistes étrangers encore dans le pays sont victimes d'intimidation, de harcèlement et de menaces de poursuites judiciaires, dénonce, ce lundi, une association professionnelle dans un rapport. Un total de « 99 % des journalistes étrangers » ayant répondu à l'enquête annuelle menée par le Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC) ont déclaré que leurs conditions de travail n'étaient pas conformes aux normes internationales.

« L'Etat chinois continue de trouver de nouveaux moyens d'intimider les correspondants étrangers, leurs collègues chinois et ceux que la presse étrangère cherche à interviewer », note l'étude. Les autorités chinoises semblent particulièrement « encourager une vague de poursuites judiciaires » ou de menaces de poursuites, à l'encontre de journalistes étrangers, en réponse à des interviews ou des reportages, avec une dizaine de cas recensés en 2021, note l'étude.

« L'éventail des risques évolue », note dans l'enquête David Rennie, directeur de l'hebdomadaire britannique « The Economist » à Pékin. « Les médias sont désormais confrontés au risque de voir leurs informations sanctionnées par des condamnations judiciaires, à des plaintes au civil ou à des enquêtes au nom de la sécurité nationale, ce qui est encore plus inquiétant », observe-t-il. En 2020, le régime communiste a placé en détention deux employées de médias au nom de la sécurité nationale : une journaliste australienne, Cheng Lei, présentatrice de la télévision chinoise, et Haze Fan, une assistante de rédaction chinoise de l'agence américaine Bloomberg.

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Restrictions sévères

Le rapport est publié alors qu'un grand nombre de journalistes étrangers s'apprêtent à débarquer à Pékin à l'occasion des Jeux Olympiques qui débutent vendredi. Les restrictions sévères liées au Covid-19 vont limiter leurs mouvements à l'intérieur d'une bulle sanitaire étroitement étanche appliquée autour des événements olympiques et ils ne verront pas Pékin.

Neuf correspondants sur dix basés en Chine ayant répondu à l'enquête ont déclaré qu'ils n'entreraient pas dans la zone olympique afin de pouvoir maintenir leur mobilité, continuer à faire des reportages et ne pas être soumis à une quarantaine à l'issue des JO. La politique zéro Covid-19 de la Chine a également conduit à des quarantaines sporadiques et imprévisibles, ce qui rend difficile le reportage en dehors des principales villes du pays où sont basés la plupart des médias, écrivent les auteurs du rapport.

Harcèlement

De nombreux journalistes en Chine ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sur le terrain au cours de leurs reportages, y compris de la part de citoyens ordinaires de plus en plus hostiles aux journalistes étrangers. « Les attaques sont soutenues par le régime, particulièrement les campagnes de trolls en ligne », souligne le rapport.

Une préoccupation croissante, selon de nombreux répondants, est liée à la pénurie de plus en plus grande de journalistes étrangers en Chine. Au nom de la lutte contre le Covid, Pékin a réduit drastiquement le nombre de visas octroyés à des médias étrangers. En 2020, le régime du président Xi Jinping avait expulsé 18 reporters de médias américains , le plus souvent en ne renouvelant tout simplement pas leur permis de travail annuel à la date d'expiration.

Très peu ont pu depuis revenir en Chine. Plusieurs grands médias américains en sont réduits à couvrir l'actualité chinoise depuis d'autres parties du monde, notamment depuis l'île rivale de Taïwan. « Couvrir la Chine se fait de plus en plus à distance », observe le FCCC.

Frédéric Schaeffer

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