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Cultes ! 10 chefs-d’œuvre du Centre Pompidou à voir absolument

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Publié le , mis à jour le
Vaisseau d’avant-garde imaginé par Renzo Piano et Richard Rogers, le Centre Pompidou abrite la plus grande collection d’œuvres d’art moderne et contemporain d’Europe. De Marcel Duchamp à Joseph Beuys en passant par Frida Kahlo et Marc Chagall, voici les 10 œuvres à ne surtout pas manquer lors de votre prochaine visite !
Marcel Duchamp, Fontaine
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Marcel Duchamp, Fontaine, 1917-1964

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Le plus renversant

Supercherie ou coup de génie ? Aujourd’hui encore, la Fontaine de Marcel Duchamp (1887–1968) suscite bien des réactions et de l’incompréhension. En 1917, l’artiste achète dans un magasin de plomberie un urinoir, qu’il place à la verticale et signe du pseudonyme « R. Mutt », avant de l’adresser à la Société des artistes indépendants de New York qui organise alors un salon. Faire d’une vulgaire pissotière une œuvre d’art, il fallait oser ! Considérée par certains historiens comme le point de départ de l’art contemporain, elle marque en tout cas la naissance du concept de « ready-made », qui élève au rang d’art n’importe quel objet manufacturé par la seule volonté de l’artiste.

Faïence, peinture • 63 x 48 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Audrey Laurans / © Association Marcel Duchamp / ADAGP, Paris 2022

Man Ray, Le Violon d’Ingres
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Man Ray, Le Violon d’Ingres, 1924

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Le plus surréaliste

« Je ne suis pas un photographe de la nature, moi, mais de ma fantaisie », disait Man Ray (1890–1976) qui, pour convaincre Kiki de Montparnasse de poser pour lui, lui avait promis de la sublimer comme l’aurait fait un peintre. Inspirée du Bain turc (1852–1859) et de la Baigneuse Valpinçon (1808) de Jean-Auguste-Dominique Ingres, cette épreuve est l’une des plus célèbres du « fautographe ». Kiki pose nue, la tête légèrement de profil. Sur son dos, Man Ray dessine deux ouïes à l’encre de Chine, transformant ainsi son modèle en violon anthropomorphe. Avant de rejoindre les collection du musée d’Art moderne, ce tirage original a pendant longtemps été la propriété d’André Breton, le chef de file des Surréalistes.

Epreuve gélatino-argentique. Tirage d'époque ayant appartenu à André Breton • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-GP / Image Centre Pompidou / © Man Ray Trust / ADAGP, Paris 2022

Otto Dix, Portrait de la journaliste Sylvia von Harden
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Otto Dix, Portrait de la journaliste Sylvia von Harden, 1926

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Le plus intellectuel

Une femme à la silhouette longiligne est assise à la terrasse d’un café. L’air nonchalant, un monocle vissé à l’œil droit, elle fume une cigarette. Qui est-elle ? Sylvia von Harden, poétesse et journaliste allemande, figure du Berlin des années 1920. Avec sa moue un poil arrogante et sa coupe à la garçonne, elle incarne pour Otto Dix (1891–1969) l’archétype de la « neue Frau », la femme moderne et libre. « Je dois vous peindre ! C’est impératif ! Vous êtes représentative de toute une époque ! » lui dira l’artiste qui s’exécute en 1926. En digne représentant de la Nouvelle Objectivité – mouvement auquel le Centre Pompidou consacre une grande exposition à partir du 11 mai – il livre un portrait sans concession sur un fond rose criard, loin de toute idéalisation.

Huile et tempera sur bois • 121 x 89 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Bridgeman Images / © ADAGP, Paris 2022

Henri Matisse, La Blouse roumaine
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Henri Matisse, La Blouse roumaine, 1940

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Le plus folklorique

Difficile à croire au premier coup d’œil et pourtant : six mois auront été nécessaires à la réalisation de ce chef-d’œuvre signé Matisse ! Le sujet du tableau est moins le modèle, Lydia Delectorskaya, dont les traits sont à peine esquissés, que la blouse aux broderies décoratives. La preuve : elle occupe presque les deux tiers de la composition ! Matisse, qui était fasciné par les tissus au point d’en faire collection, traduit sa fascination pour les motifs graphiques de cette dernière simplifiés à l’extrême. Un coup de maître pour cet immense coloriste du XXe siècle.

huile sur toile • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Succession Henri Matisse / Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat

Marc Chagall, Les Mariés de la Tour Eiffel
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Marc Chagall, Les Mariés de la Tour Eiffel, 1938

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Le plus romantique

Deux jeunes mariés s’envolent dans les airs, emportés par un sympathique coq blanc à crête rouge…. Il s’agit bien sûr de Marc Chagall (1887–1985) et de sa chère Bella, muse et grand amour de l’artiste ! Pas une ombre au tableau, ou presque. Au milieu de ce décor qui évoque autant Paris que la Russie natale du peintre, on peut voir que le quartier Juif où ils ont grandi – à droite – est menacé par les flammes d’un chandelier. À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, Chagall livre une vision d’un bonheur en demi-teinte.

Huile sur toile • 150 x 136,5 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat / © Adagp, Paris 2022

Frida Kahlo, The Frame
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Frida Kahlo, The Frame, 1938

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Le plus cathartique

Sur les 145 œuvres connues de Frida Kahlo (1907–1954), 55 sont des autoportraits. Atteinte de la polio dans son enfance, elle est victime, à 17 ans, d’un terrible accident de bus dont les séquelles l’affecteront toute sa vie. La peinture devient alors l’exutoire de sa souffrance et, contrainte de rester au lit pendant de longues semaines au gré des opérations, elle devient son propre modèle : « Je me peins moi-même parce que je suis si souvent seule et que je suis le sujet que je connais le mieux. » Réalisé en 1938, ce petit autoportrait est fixé à l’aide d’un sous-verre typique de l’artisanat mexicain, initialement destiné à encadrer un miroir ou une image pieuse. Le visage de l’artiste apparaît au milieu d’une profusion de couleurs et de motifs joyeux évoquant les objets précolombiens qui peuplent sa maison, la Casa Azul.

Aluminium fixé sous verre , huile sur bois • 28,5 x 20,7 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Claude Planchet / © D. Rivera F. Kahlo Museums Trust / ADAGP, Paris 2022

Joan Mirò, Bleu I, Bleu II, Bleu III
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Joan Mirò, Bleu I, Bleu II, Bleu III, 4 Mars 1961

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Le plus cosmique

Installé depuis le milieu des années 1950 sur l’île de Majorque, Joan Miró (1893–1983) peut désormais profiter de l’immense atelier dont il a si longtemps rêvé, où il peint des œuvres aux dimensions monumentales. Réunis dans une même salle du Centre Pompidou, ces trois tableaux forment un triptyque qui marque le point d’orgue des recherches de l’artiste. Les toiles, couvertes de bleu, connue pour être la couleur des rêves, sont traversées de signes – des formes minimalistes rouges et noires qui invitent à l’introspection.

Huile sur toile • 270 x 355 cm (Bleu I et Bleu II), 268 x 349 (Bleu III) • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Audrey Laurans / © Successio Miró / ADAGP, Paris 2022

Jean Dubuffet, Le Jardin d’hiver
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Jean Dubuffet, Le Jardin d’hiver, 1968-1970

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Le plus méditatif

Dans ce jardin, pas d’arbre ni de fleur à l’horizon. Pas même un petit carré d’herbe frais ! On reconnait en revanche la « patte » de Jean Dubuffet (1901–1985), qui consacre la fin de sa carrière à d’immenses « peintures monumentées » délimitées par de larges cernes noirs. Avec Jardin d’hiver, il invite le spectateur à pénétrer au sein d’un caisson aux allures de grotte. À l’intérieur, les parois et les sols sont traversés de bosses et autres dénivellations. L’artiste, convaincu que la réalité est « une antique invention adoptée collectivement et dont notre esprit s’est persuadé », remet en question notre perception du monde. Une expérience hautement méditative.

Polyuréthane , résine époxy • 480 x 960 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI / © Adagp, Paris 2022

Yaacov Agam, Aménagement de l’antichambre des appartements privés du palais de l’Élysée pour Georges Pompidou
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Yaacov Agam, Aménagement de l’antichambre des appartements privés du palais de l’Élysée pour Georges Pompidou, 1972-1974

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Le plus étonnant

En 1971, le Président Georges Pompidou confie à l’artiste cinétique Yaacov Agam (1928-) l’aménagement de l’antichambre des appartements privés du Palais de l’Élysée. Œuvre d’art total, l’espace imaginé par l’artiste fait fusionner la peinture et les arts décoratifs. En guise de porte d’entrée, il installe des panneaux de verre colorés coulissants. À l’intérieur, c’est encore une véritable symphonie de couleurs qui se déploie littéralement du sol au plafond ! Au fil de ses déplacements, le visiteur peut voir les différentes teintes des murs (celui du fond en compte 900 !) varier à l’infini, lui donnant ainsi la curieuse impression que tout l’espace ondule sous ses yeux.

470 x 548 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat / © ADAGP, Paris 2022

Joseph Beuys, Plight
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Joseph Beuys, Plight, 1985

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Le plus feutré

Claustrophobes, s’abstenir ! Pour découvrir (et surtout vivre) cette œuvre de Joseph Beuys (1921–1986), il faut d’abord se baisser et passer sous d’épais rideaux de feutre, matériau de prédilection de l’artiste, qui tapisse aussi l’intérieur de l’installation. L’espace a des allures de sanctuaire où le silence est d’or. Un piano à queue fermé, sur lequel est posé un tableau noir avec une portée musicale sans note ainsi qu’un thermomètre est comme échoué au milieu de la pièce… Chez Beuys, le feutre renvoie à une mythologie personnelle : aviateur pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’écrase en Crimée et est sauvé et soigné par des Tatars qui l’enduisent de graisse et l’enroulent d’une couverture en feutre. Dans cet étrange cocon, le visiteur fait ainsi l’expérience de l’isolement mais trouve aussi une certaine forme de réconfort, de protection contre les tumultes du monde.

Installation conçue pour la Galerie Anthony d'Offay à Londres durant l'automne 1985. 284 rouleaux en feutre, piano à queue, 1 tableau, thermomètre médical. • 310 x 890 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM-CCI,Paris • © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian / © ADAGP, Paris, 2022

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